Une fois n’est pas coutume, mais ce jeudi le ciné-club humaniste vous propose un film fait par un chrétien, Matin Scorsese, pour d’autres chrétiens… qui n’ont rien compris et n’y ont vu que blasphème!
Extraits de Paris-Match-le 30 septembre 2018, 30 ans après la sortie sur écrans parisiens de « La Dernière Tentation du Christ »:
«À son arrivée sur les écrans français, le 28 septembre 1988, “La Dernière Tentation du Christ” de Martin Scorsese est déjà précédé d’une sulfureuse réputation. Le film, dont le rôle titre est interprété par Willem Dafoe, montre le fils de Dieu vivant une vie d’homme simple et succombant au péché de chair avec Marie-Madeleine. Comme aux États-Unis, la sortie s’accompagne d’un mouvement de protestation de catholiques jugeant le film -et notamment sa scène finale- blasphématoire.
Des manifestations sont organisées devant les salles, avec tracts, banderoles, graffitis et prières de rue. Les protestations se radicalisent dans les semaines suivantes avec plusieurs attentats à la bombe incendiaire, dans divers cinéma de France. Le plus grave aura lieu à l’Espace Saint Michel, sur la place du même nom à Paris. Dans la nuit du 22 au 23 octobre 1988, un groupe intégriste catholique dépose un engin incendiaire dans une salle attenante (et donc moins surveillée) à celle dans laquelle est projeté “La Dernière Tentation du Christ”. L’attentat fait 14 blessés dont quatre grave. Cinq personnes, dont certains proches de l’église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, seront condamnés en 1990.


La genèse, la production et la diffusion du film ont été particulièrement éprouvantes pour Martin Scorsese, réalisateur pour qui le religieux est au coeur de la filmographie:
– Quand j’ai fini de tourner « La dernière tentation », je me disais que l’Eglise allait me soutenir… Que la vision que je donne de Jésus le rapprochait des gens, que je rafraîchissais le personnage du Christ. Je me disais aussi que ce film allait permettre de parler de mille autres choses qui n’ont rien à voir avec la religion. Des problèmes que tous nous rencontrons dans la vie…

Il a raison. Son film ne traite pas seulement de la vie du Christ. Il parle aussi du pouvoir, de l’argent, du sexe. De la peur d’exister, d’être soi-même, d’aller au bout de son destin. De la lâcheté, de la trahison. Du choix entre bien vivre et s’accomplir. Se prélasser ou se dépasser.
– Je pensais qu’il allait nourrir des discussions passionnantes comme Jésus pouvait en avoir avec les apôtres… Et au lieu de tout ça, le scandale… Le scandale réducteur qui ne retient du film qu’une seule scène, celle du rêve sacrilège où Jésus fornique avec Marie-Madeleine.
Scandale qui efface à coups de manifestations et de tracts la démarche très chrétienne du film de Scorsese. Alors forcément, aujourd’hui, poursuivi par les crucifix et les » Pater Noster », Martin Scorsese est triste et furieux. Il était venu en Europe pour parler avec ceux qui avaient vu le film. On le condamne d’avance et il se heurte à la même intolérance qu’en Amérique. « En Amérique, dit-il, je comprends, c’est le chant du cygne du reaganisme. Mais ici ? »
