De la tolérance comme abdication à la tolérance critique
Par RAYMOND MASSÉ
Ultime contrefort de la lutte contre les dérives discriminatoires, racistes, ethnocentristes ou sexistes, nouvelle valeur phare des sociétés laïcisées, la tolérance s’est imposée comme fondement moral de la promotion de toutes les diversités. Pourtant la tolérance est menacée. Elle est convoquée à tout vent par les revendications identitaires des minorités et les appels à des accommodements favorisant l’acceptation de pratiques religieuses qui contreviennent à des normes sociales acceptées par la société laïque. Mais elle est aussi bousculée par les nouveaux intolérants qui sévissent sur les réseaux sociaux, dans les communautés complotistes, chez les militants de la culture de l’annulation. Elle est fragilisée par les intolérants bien sûr, qui y voient une menace à la reproduction d’inégalités. Mais l’intolérant ne pervertit pas le sens de la tolérance; il le bafoue en lui niant sa pertinence. C’est plutôt la tolérance elle-même qui retiendra l’attention, ou plus précisément la perversion de sa signification fondamentale de valeur rassembleuse autour d’un vivre-ensemble. A partir des problématiques liés au multiculturalisme, aux communautarismes et à la laïcité de l’État, se posent les questions suivantes. Le militantisme diversitaire et la sacralisation de la différence servent-il les intérêts de la tolérance ? Toute différence commande-t-elle un respect inconditionnel ? Le respect des traditions est-il un principe éthique ? La tolérance peut-elle être ramenée à une simple abdication face à toute réflexion critique ? Quelles sont les conditions et les limites d’une tolérance critique (face à l’inacceptable) et limitée (soucieuse du respect de conditions faisant consensus)? Bref, sommes-nous aujourd’hui face à une perversion du sens profondément humaniste de la tolérance ?
Raymond Massé a été chercheur à la Direction de santé publique de Montréal de 1983 à 1994. Il a, par la suite, fait carrière comme professeur d’anthropologie à l’Université Laval au Québec, jusqu’à sa retraite en 2016. Auteur de plusieurs ouvrages traitant des rapports entre culture, éthique et santé publique, (dont Culture et Santé publique, 1995, Gaëtan Morin éditeur ; Éthique et santé publique, 2003, Presses de l’Université Laval), il a mené des recherches ethnologiques sur plusieurs décennies dans les sociétés créoles postcoloniales des Antilles françaises et anglaises. Les problématiques d’intérêt sont les rapports entre culture, société et santé mentale de même que les enjeux socioculturels du postcolonialisme. Un ouvrage bilan de ces années de recherches antillaises fut publié en 2008 (Détresse créole, PUL). Il s’est intéressé plus récemment aux contributions des sciences sociales à l’éthique et à la morale (Anthropologie de la morale et de l’éthique, 2014, PUL). Ses recherches portent aujourd’hui sur les défis de la tolérance face aux quêtes de reconnaissance dans lesquelles se sont engagées les minorités ethnoculturelles et religieuses des sociétés multiculturalistes.
Où ? Au Centre humaniste du Québec, 1225 boulevard St-Joseph Est, salle 101.
La conférence en salle est payante: 5$ membre, 10$ non-membre.
Directives du gouvernement du Québec: le passeport vaccinal n’est plus obligatoire. En principe, le port du masque ne sera plus requis à la date de la conférence.
Quand ? Le jeudi 26 mai 2022 à partir de 19h (heure avancée de l’Est). Vous devez réserver à reservation@assohum.org(pas d’accent sur «reservation»).Les portes seront ouvertes à 18h 30. Les nouvelles humanistes seront présentées de 19h à 19h15. La conférence proprement dite commencera à 19h15. Comme d’habitude, il y aura une période de question.
La conférence sera enregistrée et mise en ligne plus tard et sera accessible sur notre chaîne Youtube, QcHumaniste.
IMPORTANT : Vous aimeriez venir avec une personne qui n’a pas reçu cette invitation ? Veuillez nous fournir son nom et son adresse courriel pour nous permettre de lui en faire parvenir une. L’événement est à 5 $ pour les membres AHQ et 10 $ pour les non-membres. Vous pouvez devenir membre sur place (25 $ par an) ou par Paypal sur notre site web.
Au plaisir de vous y rencontrer,
Michel Virard, coordinateur ciné-club et conférences
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