Andréa Richard
Après dix-huit ans de vie religieuse, active et contemplative, Andréa Richard redevient laïque. Fondatrice, dans les années 1970 de mouvements d’avant-garde pour le renouvellement de l’Église. Elle exerce toujours la profession de conférencière et d’animatrice dans différents milieux, principalement au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et occasionnellement en France et aux États-Unis. Elle est l’auteure de Au-delà de la Religion, best-seller (3 éditions) et l’Essence de la vie, Ed. Septentrion.
Aujourd’hui, nous ne pouvons ignorer ce que nous savons de par les découvertes scientifiques, historiques, archéologiques et exégétiques. Des Universités disent non à la charte des valeurs et laïcité, c’est décevant!
Au terme de cinq années d’études et de recherches, Jérôme Prieur et Gérard Mordillat, historiens, auteurs et cinéastes français, sont arrivés à la conclusion que la Bible, y compris les Évangiles, quoique possédant quelques éléments historiques, relève de la «fabrication». On peut en dire autant des Livres Saints des autres religions.
Lorsque j’ai étudié la théologie, j’ai constaté, que 80% des cours étaient des hypothèses, les dogmes sont des inventions, par exemple aux IIIe siècles, Arius, prêtre d’Alexandrie, niait que le Christ était Dieu. Aux IVe et Ve siècles, sous le règne de Julien Bizantin et des évêques, des désaccords profonds existaient en matière dogmatique, christologique, théologique et doctrinale. C’est déjà là une preuve de « l’incertitude des certitudes » ! c’est pourquoi je trouve honteux que des Universités, dont on s’attend à de la science et à un savoir certain, enseignent la théologie, ont des lieux de prières, chapelles et mosquées. Écrire que demander aux Universités d’être neutres, cela ne se fait pas; (Le Devoir, Laïcité, mardi le 3 décembre) c’est stupide et incohérent. Au contraire, cela devrait se faire!
Nous avons pu constater tout au long de la commission Charbonneau, que les gens veulent la transparence, l’honnêteté et la vérité. Si cela est vrai pour la dimension politique et le monde des affaires, il devrait en être de même pour ce qui concerne les religions. C’est pourquoi je me permets de dire que la pratique d’une religion dont on se sent obligés relèvent parfois d’une foi naïve, souvent d’ignorance, et même de fraudes politiques et religieuses.
La base de toutes les religions c’est l’endoctrinement et trois quart de cet endoctrinement est mensonger. Lorsque nous donnons des accommodements aux religions ou que nous les cautionnons, nous devenons complices du faux. De vous, les responsables des Universités, nous attendons autre chose qu’une complicité avec les religions au sein de nos institutions universitaires.
Il faut être conséquent avec nous-mêmes, on ne peut parler de « neutralité », alors que l’accommodement représente en lui-même une reconnaissance de la religion concernée et des obligations qui lui sont inhérentes. Il va de soi que tout accommodement religieux compromet le caractère laïc de l’État et sa neutralité. Donner un accommodement à une religion, autoriser les signes ostentatoires, c’est favoriser cette religion alors qu’on donne priorité à la laïcité et à la neutralité religieuse, c’est dire qu’on se contredit. Il ne faut pas oublier que la Charte des droits et libertés vise la protection de l’individu, et non la protection des croyances. Donner des accommodements religieux favorise la montée de l’intégrisme et du fondamentaliste, c’est là le danger; car c’est par cela que la société est menacée, nous en avons comme preuve les guerres de religions, ceci de tous les temps.
La laïcité unit, les religions divisent. L’Université voudrait-elle demeurer rétrograde alors qu’elle devrait être d’avant-garde?
Andréa Richard, membre de l’Association Humaniste et membre de l’UNEQ.
Très bon commentaire, madame Richard, l’évidence même. Votre article devrait être publié dans les rubriques éditoriales des grands quotidiens, comme Le Devoir.