Si Jésus n’a pas existé, n’est qu’un mythe, pourquoi le décortiquer ?

par Déc 17, 2016Articles de fond, Christianisme, Québec humaniste, Religions0 commentaires

Richard Rousseau

Richard Rousseau

Chercheur scientifique spécialisé en physique des rayons X, à la retraite, ayant travaillé plus de 36 ans au laboratoire d’analyse par fluorescence des rayons X (FRX) de la Commission géologique du Canada, à Ottawa. Il y a développé une méthode d’analyse FRX et un logiciel d’application. Il est membre à vie de l’Association humaniste du Québec.

La lecture du dernier livre de Normand Rousseau, Monsieur Jésus [1], provoqua en moi de nombreuses réflexions qui me laissèrent perplexe. Dans ce livre, l’auteur tente de démontrer la nature essentiellement humaine, ou si vous voulez de contester la nature divine d’un personnage fictif, Jésus, à partir de textes fictifs, les Évangiles. C’est bizarre comme démarche. Habituellement, un auteur
d’œuvre littéraire fictive peut se permettre de dire n’importe quoi, de permettre à ses personnages d’accomplir les choses les plus invraisemblables, les plus irréalistes, du moment que ce n’est qu’une œuvre de fiction, tout est permis comme dans tout bon roman. Or, les Évangiles ne sont qu’une œuvre de fiction racontant des histoires invraisemblables de personnages fictifs, comme le démontre si bien Michel Morin dans son livre [2]. Dit autrement, ce récit mythologique met en scène des personnages surhumains et des actions  imaginaires symbolisant certains aspects de la réalité. Alors, peu importe que la véritable nature de Jésus soit humaine ou divine, la fiction reste la fiction. Les auteurs d’une mythologie peuvent se permettre toutes les libertés.

Il existe une longue tradition d’intellectuels ne croyant pas à l’existence même du personnage « Jésus ». Le philosophe français Michel Onfray en est un exemple.

À titre d’exemple, le père Noël peut se permettre de voler dans le ciel avec son traîneau, sans ailes, et distribuer simultanément des cadeaux à tous les enfants de la planète en passant par les cheminées, sans qu’il n’y ait aucune entorse à la réalité puisqu’il est clair que c’est une œuvre de fiction. Le cinéma nous offre également des chefs-d’œuvre de l’imaginaire humain : Tarzan vivant dans la jungle africaine et élevé par des singes fictifs nommés manganis. Darth Vader qui est vaincu par son fils Luke Skywalker pour protéger la galaxie de l’Empire. Batman qui essaie de protéger Gotham city contre le Joker. Superman qui essaie de détruire tous ses ennemis qui veulent lui voler son code génétique pour hériter de sa force. Dans le Seigneur des anneaux, Frodo Bessac hérite de l’Anneau unique, instrument de pouvoir du Seigneur Sombre Sauron qui l’a perdu jadis ; s’il devait le retrouver, son pouvoir deviendrait insurmontable. Frodo décide de quitter son pays en compagnie de trois amis hobbits pour aller jeter, après de nombreuses aventures, l’Anneau dans la lave des Failles du Destin, là où il  fut forgé, et ainsi le détruire. King Kong, un gorille géant, qui se fait tuer au sommet de l’Empire State Building à New York  après avoir essayé de conquérir le cœur d’une jolie femme, Ann Darrow. Etc., etc., etc., la liste est longue. C’est le propre de l’humain d’inventer des histoires imaginaires pour se distraire ou pour toute autre raison. Normand Rousseau, lui, démontre que la déification de l’humain est une autre fiction à partir de bouts de phrase choisis par-ci, par-là dans les Évangiles, des textes fictifs. Ça commence à faire beaucoup de fiction : textes fictifs, divinités fictives, déification fictive… Finalement, sa démonstration reste assez faible, inutile et sans intérêt.

Car, à mon avis, la question de la « déification de l’humain » ne se pose même pas sachant très bien que toute divinité est une invention humaine, ce qui implique, dans son essence, que toute divinité est une fiction. De là à créer des dieux à partir d’humains c’est  totalement farfelu. Dans le domaine du surnaturel, on peut se permettre de dire n’importe quoi, sachant très bien qu’on ne pourra jamais rien prouver, tout étant une question de foi. D’ailleurs, je me demande si Normand Rousseau ne devient pas le complice des  croyants en affirmant des choses qu’ils s’empresseront de contester, tout en tentant du même coup de nous endoctriner par la propagande de leurs  croyances et de leurs divinités. Si donc la démonstration de la nature non-divine de Jésus est sans intérêt, je me demande par contre POURQUOI l’humain a ce besoin démesuré d’inventer des divinités. Je réponds à cette question dans un texte distinct.

[1] Normand Rousseau, Monsieur Jésus, Éditeur Fondation littéraire Fleur de Lys, 2016.
[2] Michel Morin, Ne dites pas à ma mère que je suis athée Éditeur Perro, 2015.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *