Si Jésus n’a pas existé, n’est qu’un mythe, pourquoi le décortiquer ?

Richard Rousseau
Chercheur scientifique spécialisé en physique des rayons X, à la retraite, ayant travaillé plus de 36 ans au laboratoire d’analyse par fluorescence des rayons X (FRX) de la Commission géologique du Canada, à Ottawa. Il y a développé une méthode d’analyse FRX et un logiciel d’application. Il est membre à vie de l’Association humaniste du Québec.
La lecture du dernier livre de Normand Rousseau, Monsieur Jésus [1], provoqua en moi de nombreuses réflexions qui me laissèrent perplexe. Dans ce livre, l’auteur tente de démontrer la nature essentiellement humaine, ou si vous voulez de contester la nature divine d’un personnage fictif, Jésus, à partir de textes fictifs, les Évangiles. C’est bizarre comme démarche. Habituellement, un auteur
d’œuvre littéraire fictive peut se permettre de dire n’importe quoi, de permettre à ses personnages d’accomplir les choses les plus invraisemblables, les plus irréalistes, du moment que ce n’est qu’une œuvre de fiction, tout est permis comme dans tout bon roman. Or, les Évangiles ne sont qu’une œuvre de fiction racontant des histoires invraisemblables de personnages fictifs, comme le démontre si bien Michel Morin dans son livre [2]. Dit autrement, ce récit mythologique met en scène des personnages surhumains et des actions imaginaires symbolisant certains aspects de la réalité. Alors, peu importe que la véritable nature de Jésus soit humaine ou divine, la fiction reste la fiction. Les auteurs d’une mythologie peuvent se permettre toutes les libertés.

Il existe une longue tradition d’intellectuels ne croyant pas à l’existence même du personnage « Jésus ». Le philosophe français Michel Onfray en est un exemple.
Car, à mon avis, la question de la « déification de l’humain » ne se pose même pas sachant très bien que toute divinité est une invention humaine, ce qui implique, dans son essence, que toute divinité est une fiction. De là à créer des dieux à partir d’humains c’est totalement farfelu. Dans le domaine du surnaturel, on peut se permettre de dire n’importe quoi, sachant très bien qu’on ne pourra jamais rien prouver, tout étant une question de foi. D’ailleurs, je me demande si Normand Rousseau ne devient pas le complice des croyants en affirmant des choses qu’ils s’empresseront de contester, tout en tentant du même coup de nous endoctriner par la propagande de leurs croyances et de leurs divinités. Si donc la démonstration de la nature non-divine de Jésus est sans intérêt, je me demande par contre POURQUOI l’humain a ce besoin démesuré d’inventer des divinités. Je réponds à cette question dans un texte distinct.
[1] Normand Rousseau, Monsieur Jésus, Éditeur Fondation littéraire Fleur de Lys, 2016.
[2] Michel Morin, Ne dites pas à ma mère que je suis athée Éditeur Perro, 2015.
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