Compte rendu de lecture de Carlo Rovelli -L’ordre du temps

par Nov 29, 2018Livres, Québec humaniste0 commentaires

Jonathan Elie-Fortier

Jonathan Elie-Fortier

étudiant en Psychologie, UQAM

Aristote disait que l’émerveillement est la source de notre désir de savoir (Métaphysique, I.2.982.). Il est aussi le premier que nous connaissons à se demander ce qu’est le temps. N’est-il pas le même partout ? N’y a-t-il pas une unité de temps absolue ? Demandé autrement, est-ce que le passage d’une seule heure au Québec, ici même dans la ville de Montréal, représente le passage de la même heure en Chine, disons à Shanghai ?
Albert Einstein (1879-1955) nous explique que le concept de « vrai » temps, qui serait le même partout, n’existe pas. C’est-à-dire que pour notre exemple, il y aurait deux temps. Un à Montréal et un autre à Shanghai, les deux variant l’un par rapport à l’autre. Cela signifie une chose étonnante et loin de notre réalité quotidienne; ce n’est pas la même heure qui passe entre ces deux villes. Encore plus étrange, si nous réduisons la distance et prenons en exemple un point situé au sous-sol du stade olympique de Montréal puis un autre au sommet du Mont-Royal, nous observons une différence entre nos deux horloges. La première au sous-sol accumule un certain retard relativement à la seconde positionnée au sommet du Mont. Cela exemplifie une chose stupéfiante : il y a un temps propre à chaque point dans l’espace et cela pour tout l’univers.

Le monde que nous habitons n’est pas continu mais subtilement discret à la manière des tableaux pointillistes du peintre postimpressionniste Georges-Pierre Seurat (1859-1891). Au niveau des petits points qui constituent notre monde, même la distinction entre le présent, passé et futur fluctue et devient indéterminée. Ici, un événement peut arriver à la fois avant et après un autre. La découverte que nous habitons un monde de réseaux sans limite et désordonné d’événements quantiques où le temps ne ressemble en rien à ce que nous croyons voir au quotidien soulève mystères, questions et émerveillement.

Carlo Rovelli débute par un historique sur le temps, puis s’interroge sur les problèmes sémantiques de ce concept, en vient aux avancées de la physique moderne et termine sur l’Être humain. Étant un des pères de la théorie de la gravitation quantique à boucles (Loop Quantum Gravity en anglais), il réussit à expliquer plusieurs concepts de thermodynamique, d’entropie et même de physique quantique importants sans décourager la lecture qui demeure limpide et truffée d’exemples.

*Jonathan Elie-Fortier est doctorant en Informatique cognitive. Il est ami de l’Association humaniste du Québec

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