Le Colloque de l’Association humaniste du Québec sur la nature humaine (6/6/2015) a été un franc succès

par Juil 17, 2015activités, actualités, Québec humaniste, sciences0 commentaires

L’aphorisme du jour fut formulé par Daniel Baril qui cita d’abord Dostoïevski au début de son allocution : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis ». Baril cita ensuite, texto, les arguments théologiques des pires terroristes islamistes des derniers mois justifiant à leurs propres consciences leurs meurtres brutaux. Finalement, Baril a conclu sa présentation avec son propre aphorisme : « Si Dieu existe, tout est permis ». Onctueux… Il faillait être là pour en tirer pleine jouissance.

Loyla Leroux

Loyla Leroux

Membre du conseil d'administration de l'AHQ

Loyola Leroux a enseigné la philosophie pendant 36 années au Cégep de Saint-Jérôme; baccalauréat en philosophie (UQAM)

Extrait du discours de Michel Pion, organisateur du colloque

Essentiellement on peut définir l’humanisme moderne comme une éthique qui affirme que chaque individu est responsable et libre de choisir ses propres valeurs ainsi que la direction de sa vie et de vivre en conséquence. Il est aussi responsable de faire en sorte que ses choix reflètent de la considération envers les autres avec le but ultime d’établir une saine relation avec ceux qui l’entourent, ce qui est après tout le fondement de ce qu’on peut qualifier d’une vie bien vécue.

Les humanistes ont des opinions divergentes sur la politique ou la moralité. Mais de telles différences n’affectent en aucune façon deux prémisses fondamentales de l’humanisme. La première prémisse est qu’il n’y aucune intervention d’un pouvoir surnaturel quelconque dans cet univers. Nous sommes seuls responsables de notre vie, de notre monde et du futur que nous lèguerons aux générations futures. La deuxième prémisse est que nous vivons dans un univers entièrement gouverné par des lois naturelles. Par conséquent notre éthique doit être dérivée influencée d’abord et avant tout par la nature et les circonstances de notre expérience humaine. On peut débattre longtemps du pourquoi et du comment, mais de tels débats font partie de l’humanisme dans la mesure où ils rejettent implicitement les efforts d’invoquer une intervention surnaturelle comme source d’autorité pour nous dicter une ligne de conduite et une moralité. Une autre façon de comprendre l’humanisme est de considérer les réponses à ces trois questions fondamentales; De quelles façons pouvons-nous acquérir la connaissance et une compréhension de notre monde ? Qu’est-ce que nous savons du monde et de notre place dans celui-ci ? Comment devrions-nous vivre notre vie ?

Il y a une autre question qui intéresse fortement les humanistes. Qu’est que la science a à dire sur la nature humaine ? À ce sujet, j’aimerais vous citer un auteur américain bien connu et un athée militant, Sam Harris. Dans l’introduction de son livre « The Moral Landscape » il écrit ceci (la traduction est de moi),

« La plupart des gens s’imaginent que la science n’a rien à dire sur les questions de moralité et encore moins proposer des réponses à des dilemmes de cette sorte. Comment pouvons-nous prétendre, de façon scientifique que telle manière de vivre est meilleure qu’une autre? Quelle définition de « meilleur » ou de « morale » devrions-nous utiliser ? Bien que plusieurs scientifiques étudient l’évolution de la moralité, en même temps que la neurobiologie qui la sous-tend, le but de cette recherche est foncièrement de décrire comment et pourquoi les humains pensent et agissent. Personne ne s’attend à ce que la science nous dise comment nous devrions penser et agir. Les controverses qui existent sur nos valeurs et notre morale sont justement cela, des controverses, et sont hors du domaine de la science qui n’est pas censée avoir d’opinion à ce sujet.Je maintiens, par contre, que les questions sur nos valeurs, notre morale et la signification de notre vie, sont essentiellement des questions sur le bien-être de créatures douées de conscience. Ces valeurs, par conséquent, peuvent se traduire en des faits qui peuvent être compris scientifiquement tels nos réactions positives ou négatives au changement social, nos impulsions, les effets de certaines lois et de certaines institutions sur nos relations humaines, la neurophysiologie du bonheur ou de la détresse, etc. Certains de ces faits transcendent les cultures, de la même façon que les faits sur notre santé mentale et physique le font. Le cancer en Nouvelle-Guinée est toujours le cancer, le choléra toujours le choléra et la schizophrénie toujours la schizophrénie et j’ajouterai également que la compassion est partout la même et le bien-être est toujours le bien-être. Si, par exemple, il existe des moyens, incompatibles, mais qui s’équivalent d’élever des enfants heureux, intelligents et créatifs, ces différences deviennent aussi des faits qui dépendent grandement de l’organisation du cerveau humain. En principe, il est possible de définir la façon dont notre culture nous affecte dans le contexte de la neuroscience et de la psychologie.Plus notre compréhension du fonctionnement de notre cerveau augmentera et plus nous serons en mesure de constater qu’il existe des bonnes et des mauvaises réponses aux questions sur les valeurs humaines »

Cela nous ramène à la première question fondamentale que je citais plus haut et qu’un humaniste devrait se poser. De quelles façons pouvons nous acquérir la connaissance et une compréhension de notre monde? La réponse courte est que les humanistes pensent qu’une recherche rationnelle fondée sur des faits demeure le meilleur outil pour acquérir une connaissance crédible du monde qui nous entoure, tout en acceptant que chaque affirmation est potentiellement faillible et provisoire.  

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