Andréa Richard
Après dix-huit ans de vie religieuse, active et contemplative, Andréa Richard redevient laïque. Fondatrice, dans les années 1970 de mouvements d’avant-garde pour le renouvellement de l’Église. Elle exerce toujours la profession de conférencière et d’animatrice dans différents milieux, principalement au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et occasionnellement en France et aux États-Unis. Elle est l’auteure de Au-delà de la Religion, best-seller (3 éditions) et l’Essence de la vie, Ed. Septentrion.
Un bien malheureux naufrage
Le jeudi 15 janvier, au Cinéma-Campus de Trois-Rivières, était projeté le film « L’heureux Naufrage ». Film qui, selon le réalisateur Guillaume Tremblay, passera prochainement à Radio-Canada.
L’animation est vraiment appropriée, réussie, significative, bien coordonnée, et de toute beauté!
Le contenu : des participants expriment qu’il y aurait, chez tout le monde, un manque, un vide, une recherche du sens de la vie. Cette vision est à mon avis, subjective, négative, nostalgique d’un passé révolu. Un passé structuré par une religion dogmatique et doctrinale, qui faisait en sorte que le temps soit bien rempli par des prières et par des cérémonies a l’Église, ce qui pouvait apporter une certaine satisfaction, d’autant plus que c’était un gage d’un ciel assuré et sécurisant. On a fait remarquer que c’est le Christianisme qui a apporté des valeurs dans la Société; or le Bouddhiste existait avant Jésus-Christ. Et est-ce à dire, que nous n’aurions par nous-mêmes, des valeurs? Que la société laïque, que les humanistes, les athées et les croyants de toute sorte n’auraient pas, sans le Christianisme, leurs valeurs et leur sens de la vie?
Venant des Baby-boomers interrogés, tels que Denise Bombardier ainsi que les cinéastes Bernard Emond et Denis Arcand, c’est décevant! Je trouve exagéré que l’on dise que c’est tout le monde qui éprouve un manque. Je suis loin d’éprouver un vide, bien au contraire. Je côtoie plusieurs gens qui sont heureux, pleins d’enthousiasme dans un quotidien comprenant travail, famille et activités de toutes sortes. Toutes ces personnes n’éprouvent même pas le besoin de chercher un sens à la vie, car elles sont présentes à elles-mêmes, aux gens, à la nature et aux évènements. Je dirais donc, que ce n’est pas monsieur et madame tout le monde qui ressentent un vide, c’est plutôt une minorité de gens dont la maturité n’est pas encore acquise, pour pouvoir trouver le bonheur en eux-mêmes, et le sens de la vie dans la vie elle-même, pas en dehors!
Pour qu’un individu puisse profiter pleinement de ses sens, un certain degré de présence est requis, prendre le temps d’être, je dirais une qualité de présence à soi-même, aux autres, à la Nature, aux évènements, aux objets à regarder, et plus… Une forte proportion d’individus échappent souvent aux bienfaits des évènements parce qu’ils sont de grands absents. Tout évènement contient en lui-même son propre sens. Par exemple, le sens d’une fête, c’est de festoyer. Pour jouir pleinement de la fête, mes sens doivent être en éveil, sans quoi l’évènement peut me paraitre ennuyeux. On peut passer sa vie à s’ennuyer parce qu’on fuit tout ce qui est et ce, en attendant ce qui n’est pas…
J’ai à m’accomplir moi-même, c’est le véritable sens de la vie.
Il y a de cela quelques années, nos évêques ont lancé qu’il faut chercher un sens à sa vie. On entend et lit si souvent cette phrase, ces dernières années, qu’elle est presque devenue un slogan. Elle laisse supposer que la vie ne possède pas en elle-même son propre sens. Or ce sens, on le cherche, alors que par essence, il existe déjà en soi-même, en puisant dans la vie elle-même. Le sens de la vie dans l’accomplissement de soi.
Le sens de la vie est en quelque sorte, rendre spirituelle la vie laïque. Sachant que le mot « spirituel » vient de « esprit », la spiritualité laïque pourrait se traduire comme l’harmonisation de la chair et de l’esprit au moyen de la sagesse et de l’équilibre. Très justement dit, voilà la philosophie stoïcienne, notamment de Marc Aurèle.
On prétend dans plusieurs milieux qu’en rejetant la religion, on a jeté le bébé avec l’eau du bain et l’on croit à tort que ce mouvement de société est la cause de la décadence actuelle des mœurs. Il n’en est rien : c’est à peine si l’on a commencé à remplacer la religion par autre chose. Je pense aux adeptes du Nouvel Âge, du taiji, du bouddhisme, de la méditation transcendantale et de tant d’autres qui ont pris conscience du corps et de ses besoins, de la nécessité d’habiter ce corps et d’en prendre soin à l’aide d’exercices physiques et mentaux. L’initiative, qu’elle soit plus ou moins réussie, est une heureuse amorce du renvoi vers soi-même. Je pense également aux nombreux écrits sur le sujet, et j’ose espérer qu’avec le temps ces pratiques rendront à l’Homme sa vraie dignité et le mettront en présence de l’essence de la vie et de son véritable sens.
La vie a-t-elle un sens? Je réponds oui à cette question et il me parait simple d’affirmer que, fondamentalement, tout ce qui existe a un sens. Cette vie, c’est avant tout en la vivant qu’on en découvre le sens. Pourquoi donc chercher un sens à la vie? Pourquoi, surtout, le chercher ailleurs que dans la vie elle-même?
Il en va de même pour ce qui suit : Je ne confonds nullement le sens-signification de la vie et les fonctions du système nerveux qu’on appelle aussi « les sens ». Les comparer ne serait sans doute pas pertinent. Je propose seulement d’élargir un peu le concept, juste le temps d’y réfléchir et, peut-être, d’y puiser quelques clés. Qu’on y voit qu’un exercice qu’on peut à sa guise exercer. La vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le gout représentent les cinq sens dont la Nature a doté l’homme et qui permettent la perception et l’analyse consciente des phénomènes extérieurs. De nos jours, les sens sont sollicités à l’extrême, ce qui fait de nous des êtres trop « physiques » emportés par le tourbillon des horaires serrés, de la vitesse, de la performance et de la concurrence. Malheureusement, il arrive que des journées soient si bien remplies par cette course folle qu’on peut ressembler davantage à des robots qu’à des individus capables d’intériorisation. Pourtant, les cinq sens pourraient devenir des outils éducatifs pour enseigner l’éveil. Leur utilisation plus « spirituelle » et leur développement pourraient conduire chacun des sens physiques à trouver son équivalent intérieur. Je pense, par exemple, aux sens internes comme la vue-contemplation, l’ouïe-compréhension, l’odorat-senti, le toucher-perception, le gout-appréciation.
L’exploitation de ces sens permettrait la conscientisation. Les gens agissent, la plupart du temps, dans ce que j’appelle le « faire sans être » et j’insiste sur l’importance de cette dimension. Le fait d’être présents à ce qu’on fait pourrait spiritualiser les machines que l’on est en train de devenir. Cette conscience de ses actions représente le sens de la vie qu’on cherche à découvrir. C’est cela la spiritualité : un heureux mariage des cinq sens et de leurs équivalences intérieures.
Si les gestes s’accomplissent à la hâte, dans la précipitation et l’ennui, il est évident qu’ils ne sont qu’une corvée qu’on exécute par obligation. Par contre, en faisant appel aux sens internes, cela peut devenir une activité d’intériorisation très intéressante. Mon état d’esprit peut transformer mes gestes en me les rendant plus agréables. C’est l’état d’esprit qui transforme les actions. Apprendre à aimer ce que l’on fait. J’en conclus qu’en ignorant les sens physiques et leur reflet intérieur, on se condamne à une éternelle quête de sens.
Nous n’avons pas été éduqués dans cette mentalité d’un Savoir-être qui favorise le Savoir-faire. L’attente de grands bonheurs qui ne viennent pas prive l’être humain de tant de petits bonheurs tout proches qu’il ne sait pas reconnaitre. Ravi de la couleur et de la chaleur d’un chandail qu’on aime; jouir d’un objet que l’on regarde cent fois avec le même ravissement; jouir, grâce à cet objet, du souvenir d’un voyage avec l’être aimé; jouir en savourant la lumière dans les yeux de l’amant ou de l’amante, en lisant la détente sur son visage, en y découvrant les marques de l’espièglerie; jouir de tout ce qui survient entre l’être cher et soi-même contribue à renforcer les sentiments d’amour, à les redoubler. « On ne voit bien qu’avec le cœur » disait Saint-Exupéry.
Il importe d’apprendre l’art de la jouissance appréciative, que ce soit du simple regard posé sur l’enfant fasciné par une découverte, d’un confortable fauteuil, d’une enrichissante lecture, d’une musique exaltante ou de l’éclatante blancheur de la neige fraichement tombée dans sa cour. Entourés d’une profusion de belles choses, arrive hélas un moment où, on ne voit pas ou plus… On ne peut être heureux de toutes ces beautés que si l’on se rend présent à leur réalité, en utilisant l’un ou l’autre de ses sens : ce que tu ignores t’ignore. Tout est là, disponible, sans que l’on y soit vraiment présents, préoccupés qu’on est par la recherche d’un bonheur éloigné, inaccessible au temps présent. Et pourtant, pour être comblés, il suffit de prendre le temps de pratiquer cet art de la jouissance en regardant, en écoutant, en goutant, en sentant et en touchant.
Chercher un sens à sa vie ressemble à la course insensée d’un chat ou d’un chien après sa queue! La vie est en elle-même pleine de sens : un enfant à aimer, un projet à réaliser, un travail à effectuer, une cause humanitaire à épouser, des capacités à développer, la croissance personnelle à accomplir, la présence à ce qui est, le bonheur individuel et collectif à bâtir… Que souhaiter de plus?
Il n’y a pas si longtemps, des instances d’Église ont prétendu que les jeunes sont « en quête de sens ». L’Église fera-t-elle croire à la jeunesse qu’on ne peut trouver le sens de la vie qu’en et par la religion? Que le sens de la vie, c’est de gagner son ciel? J’ose espérer que l’on ne prendra pas les jeunes en otages sous prétexte de « leur inculquer le sens de la vie » –un faux sens, point n’est besoin de le préciser – en dehors de la réalité humaine et d’un vécu sain et normal.
HEUREUX NAUFRAGE, car libérés d’un passé archaïque, nous saurons nous aligner sur les valeurs familiales et sociétaires celles d’une humanité grandissante de civilité et de dignité, Essence et sens de la vie!
La vie.
Nul n’est besoin de lui donner
Son sens.
En elle-même
Le possède.
Chance en elle-même
Que la vie.
La bien vivre
C’est là tout son sens.
Andréa Richard, membre de l’UNEQ membre de l’AHQ
Trois-Rivières, QC.
01-2015
Bonjour Andréa,
Je suis tellement d’accord avec toi. Ton approche pour donner un sens à LA vie, en prenant conscience de ses actions, en apprenant à « savourer » l’équivalent « spirituel » de nos cinq sens est très originale et excellente. Cependant, il me semble important pour donner un sens à sa vie de bien connaître son « moi intérieur » et de bien l’exploiter en fonction de ses talents. Également, il ne faut pas oublier tout le côté sexualité, qui rajoute un plaisir supplémentaire, oh combien agréable, mais aussi, oh combien essentiel, à nos relations homme femme. Quand je parle de sexualité, je ne parle pas uniquement de relations sexuelles, mais je parle aussi du plaisir du regard de l’autre, du toucher de l’autre (caresse, baiser), du parler avec l’autre, de chaleur humaine, du plaisir de tout ce qui se rajoute à la vie en côtoyant l’autre, de tout ce que l’autre apporte de plus à sa psychologie, ce qui en fin de compte donne lieu à la famille et à la survie de l’espèce. Tout ça, s’appelle le bonheur, sans qu’il soit nécessaire de faire appelle au surnaturel. Que désirer de plus?
Merci Richard pour ton commentaire, bien appréciée!
Oh oui, c’est important de se connaître soi-même pour mieux connaître l’autre objectivement, et pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. Il va de soi que la sexualité fait partie d’un tout, en lequel les sens jouent un rôle fort appréciable!
Je pense que jeune, on devrait aider l’enfant a développer ses talents plutôt que de lui imposer des matières d’enseignements inutiles pour lui ou son futur.
Pour jouir de la vie, prenons le temps d’être!
Andréa R.
Bonjour,
Si vous êtes convaincue de connaitre les réponses aux questions posées dans ce reportage, c’est donc que vous savez ce que signifie « bien vivre ». Cela fait de vous une « sage » digne d’être citée partout comme une source de référence.
Pour ma part, je m’interroge sur votre besoin de critiquer des gens qui ne font pour ainsi dire que faire preuve d’honnêteté intellectuelle en affirmant ne pas savoir vraiment quel est le sens de l’existence.
Si vous l’avez trouvé, comme vous l’affirmez avec une si belle assurance, vous devriez donc être au-dessus de tous ces « immatures » que vous dénoncez avec bien peu de compassion pour une humaniste et ne pas ressentir le besoin de répondre comme un ancien fumeur qui a décidé de renoncer au tabagisme et qui fulmine contre tous ceux qui fument autour de lui.
Voyez-vous seulement comment votre commentaire porte en lui-même une contradiction flagrante. Vous vous dites « humaniste » et prétendez que la vaste majorité des gens partagent vos convictions « terrestres » et ne se posent pas la question soulevée dans ce reportage. Si vous avez raison, alors forcément vous attribuez à l’être humain et au vivant en général des propriétés divines car alors la « vie » est « votre Dieu ». Que vous tourniez la question dans n’importe quel sens vous n’échapperez pas au dogmatisme tant que votre examen de vous-même ne vous aura pas fait comprendre que, dans les faits, vous avez choisi de croire sans savoir que le sens de la vie c’est la vie elle-même.
Pour paraphraser Krishnamurti, un être humain plein d’assurance est un être humain mort car « le doute est un onguent précieux, il brûle parfois mais il guérit pleinement ». Vous avez eu une vie consacrée à la religion, vous avez douté été trouvé « votre » réponse. Tant mieux pour vous! Mais avant votre prochaine conférence, ayez au moins à l’esprit que chaque fois que vous prenez la parole en public vous courez le risque de verser dans le prosélytisme. Votre credo est par définition tout aussi subjectif que celui du croyant. L’athéisme militant et réactionnaire(pas celui bien argumenté d’un Comte-Sponville qui mérite l’admiration parce qu’il suscite la réflexion au lieu de s’imposer comme une vérité)est la croyance de l’incroyant.
Par ailleurs, vous portez des lunettes beaucoup trop roses à mon avis. Je ne sais pas dans quel monde vous vivez, mais mon observation des évènements planétaires et de ceux dont je suis témoin chaque jour autour de moi et par le truchement des médias ne me permet aucunement d’en arriver aux mêmes conclusions que vous. Il m’apparait évident que tout transpire l’égocentrisme, cette maladie qu’il nous faut combattre. Voilà peut-être où se situe le sens de la vie si vous prêtez une oreille attentive aux nouvelles tendances que vous évoquez au passage. Ne savez-vous pas que le bouddhisme, par exemple, fait de l’ego la cause de toutes les souffrances humaines? Pourtant vous en parlez comme d’une voie d’avenir à bon droit « peut-être » mais sans nuances et en l’opposant à mots couverts au christianisme que vous jugez obsolète.
Ah! Comme les gens sûrs d’eux-mêmes et de leurs réponses existentialistes m’étonnent! Mais à vous en croire, c’est probablement mon immaturité qui en est la cause.
Personnellement, je vois beaucoup de beauté dans l’expression honnête de personnes qui ont compris profondément à l’instar d’un Socrate que nous ne sommes rien face au savoir sur les choses qui comptent vraiment. Pour ma part, je considère que « bien vivre » c’est me soumettre sans relâche à un examen pour chercher ce que cela peut bien vouloir dire. En d’autres termes, comme vous le soulignez en passant, je ne cherche pas au dehors de moi mais, cela dit, je n’exclue rien dans ma quête et certainement pas, comme vous le faites avec une téméraire impudence, les enseignements des grands maitres de sagesse qui ont « vécu » sur cette terre avant moi. La raison me dit, comme Socrate, Pascal et autres Emmmanuel-Schmidt qu’elle n’est pas seule à fournir des réponses. L’intuition, qu’elle qu’en soit l’origine, doit également être écoutée et elle me dit, jusqu’à preuve du contraire, qu’un logos s’est manifesté dans le monde et dans cette vie mondaine. Qu’est-il? Je ne le sais malheureusement pas. Mais c’est le même moteur qui vous fait dire que le sacré, c’est la vie elle-même car, rationnellement et quoi que vous puissiez affirmer, vous n’êtes pas en mesure de dépassez à cet égard le stade de la croyance.
Merci de votre attention,
Christian Lachance
Réponse à Christian Lachance.
Il me semble que votre réaction appelle quelques remarques. Accuser les humanistes athées de « dogmatisme » c’est aller vite en besogne: le premier principe de notre charte est précisément, outre le rejet du surnaturel sans évidences, le rejet de tout dogmatisme. C’est une conséquence inévitable de notre choix épistémologique qui est la connaissance par la méthode scientifique. Cette dernière n’est pas, pour nous, réservée seulement à des disciplines académiques et il ne nous est pas permis, sous prétexte de « foi », de lui substituer autre chose lorsque cela fait notre affaire.
Vous reprochez aux humanistes «une téméraire imprudence» à savoir celle «d’exclure les enseignements des grands maitres de sagesse qui ont vécu» avant nous. Vous nous jugez bien mal et sans savoir: de fait nous nous réclamons d’idées fort anciennes émises souvent par des «maitres» mais nous n’utilisons à peu près jamais ce mot car il suppose une hiérarchie et une soumission à «l’autorité» qui nous sont étrangères. Si vous voulez en savoir plus, notre cours « humaniste 101 » est en ligne. Ça vous évitera de vous égarer sur la nature de l’humanisme moderne dont nous nous réclamons.
Il est possible que vous confondiez les athées humanistes avec d’autres variétés d’athées. Et oui, comme pour les Chrétiens, il existe des différences fondamentales entre les variétés d’athéisme et cela a des conséquences profondes. Nous ne sommes ni des libertins, ni des apôtres du scientisme mais pour explorer ces différences, je vous propose de lire Tzvetan Torodov (le Jardin imparfait) et figurez-vous que, contrairement à ce que vous affirmez sans savoir, André Comte-Sponville est un des auteurs que nous recommandons (http://assohum.org/references/auteurs-humanistes-francophones/).
Dans son article, Andréa Richard prend le contre-pied de l’orientation du réalisateur du film et je comprends très bien qu’elle soit choquée de ce parti-pris. Si je faisais un film sur le Catholicisme «en général» et que je prenne comme uniques témoins ceux qui ont été maltraités par des prêtres de l’Église romaine, vous trouveriez certainement, et avec raison, à redire. Il est de bon ton dans les milieux cléricaux de dénigrer l’humanisme athée et de lui trouver des verrues dont celle, majeure, d’être une sorte d’idéologie du désespoir. Or la réalité ne se prête pas si facilement à ce jugement malveillant. Nous avons produit un recueil de témoignages montrant que l’abandon de la religion n’était aucunement une sentence de désespoir, ni même de mélancolie (Daniel Baril et Normand Baillargeon, «Heureux sans Dieu»). L’abandon de la religion se vit pour nombre d’entre nous comme une libération, de la même nature que le passage de l’enfance à l’état d’adulte. Ces deux types de passages s’accompagnent souvent aussi de regrets (la protection, la direction des figures parentales ne seront plus là en permanence) mais aussi d’un sentiment de plénitude, d’indépendance, de valorisation de cette autonomie assumée et aussi, au moins pour certains, d’un regain d’intérêt pour une vie sociale remplie avec autre chose que des prières à une divinité sourde et aveugle.
Sommes-nous des «prosélytes» de l’athéisme ? Dans un monde encore totalement imbibé de religiosité, le simple fait d’exister publiquement comme athée est en soi une affirmation choquante pour nombre de croyants qui aimeraient bien que nous cachions notre athéisme comme une maladie honteuse. Désolé, ne comptez pas sur nous. Ce que certains croyants appellent prosélytisme athée est autre chose: il s’agit pour nous de défendre les acquis scientifiques qui dérangent ces derniers. Par exemple, il n’est pas question de laisser les créationnistes définir l’éducation scientifique de nos enfants. C’est pourtant à cela qu’ils se consacrent et donc, oui, nous irons sur la place publique défendre la théorie de l’évolution. J’imagine que cela sera classé comme du prosélytisme…
Mais cela nous éloigne de l’humanisme qui est notre raison d’être. Bernard Cloutier, co-fondateur de l’AHQ, avait émis une idée centrale, toute contenue dans cette formule: «Empathie et tolérance». Sans la capacité d’empathie, il n’y a pas d’humanisme possible. Sans la tolérance, nous ne pouvons vivre ensemble. En moyenne, les humanistes connaissent les religions mieux que les dévots eux-mêmes (c’est une constante dans toutes les enquêtes sur ce sujet) et ils connaissent très bien les ressorts psychologiques et sociaux qui les suscitent. Ils ne s’attendent pas à un avenir strictement «sans religion» pour notre espèce. Ils espèrent néanmoins que leur influence décroitra suffisamment pour ne pas mettre en danger la survie de notre espèce par des décisions basées sur des croyances et non des preuves. Cela signifie aussi que, s’il le faut, nous combattrons l’intolérable.
Michel Virard
avril 2015
Bonjour Andrea
Je vais essayer d’être bref et concis.Je trouve malheureux que dans vos belles paroles,vous ne parlez que de choses merveilleuses et positives naturellement. Personnellement,je crois qu’il est grand temps de parler de la misère humaine au présent.Individuellement parlant pour débuter.bien sur la famille pour continuer et la société « of course »
Je crois que si l’on veut « Jouir » de la vie et de tous ses sens,c’est impossible si on n’enlève pas les couches du passé .Tout le monde veut ou est Positif c’est une norme une valeur.
Il y a tant d’hypocrisie ou de fuite en avant que l’on passe à côté de l’essentiel et ce n’est pas nécessairement la faute au. commun des mortels…
La société a besoin d’un Grand Pardon et d’une Grande Thérapie basée bien sur sur de vraies valeurs humaines intresequement ancrées en nous.
Merci de me donner l’occasion de m’exprimer XOX! Clermont
Bonsoir Monsieur Cyr,
Je suis bien consciente que le mal malheureusement existe et je suis loin d’en être insensible. J’en parle aussi dans d’autres écrits et dans mes livres. Il me semble que parler du positif et du beau peut soulager ceux qui n’entendent que le contraire, les nouvelles en sont pleines, tellement que certaines personnes en dépriment. Leur donner la fraicheur du positif (les deux existent) ne peut que les encourager, voir même les inspirer. On ne peut tout évoquer dans un seul article. Vous auriez voulu que j’évoque la misère humaine, en ce texte, ce n’était pas mon but, et pourquoi serions-nous tenus de toujours en parler, chaque auteur a son timing pour le faire.
Andréa Richard
Vous avez lu la bible par vous-même? L’Ecclésiaste notamment.
Vous savez que pour les protestants votre article laisse paraître davantage une critique du catholicisme (tel que vécu culturellement et historiquement au Québec) et non du christianisme?
Vous savez que le sens véritable du mot église est similaire à celui de sanga chez le bouddhisme soit une communauté de disciples ou de personnes ayant foi.
Je trouve que vous semblez décrire davantage de l’hédonisme.
Quel est le sens du festoiement quand il devient frivole et superficiel?
Quel plaisirs aurais-je à par mes sens au travail si je travail au Macdonald ou dans un abattoir? À un moment c’est de la routine et du conditionnement dans un état d’esprit propre à chaque individu satisfait ou non de sa situation. Le plaisir peut survenir par l’intellect qui peut nous mener à comprendre le système économique absurde dans lequel on vit mais cela n’est finalement qu’une compréhension qui ne reste que pour nous-mêmes.
Pourquoi trouverais-je un sens dans le plaisir des sens, à l’attachement aux sensations agréables? C’est toujours passager et éphémère et quand il n’y a pas choses agréable à mon esprit il y a souffrance et davantage car tout cela est subjectif si bien que, tant bien vous me voyez d’un air grave, tant bien vous vous dites que je ne profite pas des « petits plaisirs » (subjectifs), alors que ce n’est qu’un question de savoir ce qui plaît aux sens de l’un et de l’autre. Et le cycle des malentendus relationnels s’auto-entretien ainsi.
Récemment je me suis dit que je ne peux prouver l’existence de Dieu de mon vivant par moi-même seulement par ce que la science apporte comme connaissances et ni même ne saurait expliquer l’Univers de mon vivant, ni même trouver compréhension et justice qui me conviennent et qui existerait parmi les gens.
Je me suis dit que peut-être pour savoir si Dieu existe il fallait aller au-delà de la raison, du rationnel car de toute évidence jamais de mon vivant sous le soleil je ne pourrais l’expliquer. Donc je me suis dit que la foi seule ,une foi sincère , allait me mener à faire l’expérience de Dieu. Et tout comme on me disait que la méditation que le bouddha enseigna faisait d’un chrétien un meilleur chrétien, je pense que Dieu fait de moi un meilleur « bouddhiste ».