Pourquoi le l’Association humaniste place-t-elle un renvoi vers un formulaire d’apostasie sur son site web ?

La réaction des groupes religieux à l’apostasie varie énormément d’un  pays à l’autre, d’une culture à l’autre ou d’une époque à l’autre.  L’apostasie islamique peut mener et mène encore parfois aujourd’hui, à la fatwa qui peut consister ni plus ni moins en une condamnation à  mort, ce qui n’est pas très éloigné des pratiques moyenâgeuses de  l’Europe chrétienne où on  écartelait et brûlait les récalcitrants.

Au Québec, il y a à peine quelques décennies, tous les nourrissons  québécois se faisaient passer sous l’eau dans un grand rituel public  de purification et de fixation religieuse : le baptême. Une famille  qui ne faisait pas baptiser son enfant était mal vue, pouvait être ostracisée et honnie. Il existe donc une proportion importante de la  population québécoise qui a été baptisée, incluant une proportion  substantielle de gens qui ne se reconnaissent plus catholiques.

L’apostasie de la religion catholique est l’expression d’une liberté  de conscience. C’est à l’usage de ceux qui souhaitent s’en prévaloir  que l’AHQ met un formulaire d’apostasie à leur disposition.

L’AHQ est tout à fait ouverte à proposer aussi des formulaires  d’apostasie pour d’autres religions que le catholicisme, s’ils existent.  Chaque proposition sera étudiée au cas par cas. »

Qu’est-ce que l’apostasie ?

L’apostasie est essentiellement un geste de nature philosophique ou politique puisque les enregistrements de baptême (baptistères) n’ont aucune valeur légale au Canada. Il existe plusieurs raisons pour apostasier, dont le désir de rompre formellement avec une religion dont on ne se considère plus membre. Quelle que que soit la religion qu’on vous a donnée à votre naissance, vous pouvez en apostasier. Il suffit en principe de le faire savoir par écrit à l’autorité religieuse concernée en lui demandant de rayer votre nom de sa liste de fidèles et de lui demander de vous faire parvenir un reçu pour attester que votre demande à été satisfaite.

Pour les ex-catholiques, voici les adresses des diocèses du Québec dans laquelle vous trouverez celui qui vous concerne afin de lui adresser votre demande :

* Montréal : Archidiocèse de Montréal, 2000 rue Sherbrooke Ouest, Montréal, QC, H3H 1G4

* Québec : Archidiocèse de Québec, 1073 boul. René-Lévesque Ouest, Québec, QC, G1S 4R5

* Trois-Rivières : Diocèse de Trois-Rivières, 347, rue Laviolette, C.P. 1480, Trois-Rivières, QC, G9A 5L6

* Sherbrooke : Archidiocèse de Sherbrooke, 130, rue de la Cathédrale, Sherbrooke, QC, J1H 4M1

* Gatineau-Hull : Archidiocèse de Gatineau-Hull, 180, boul. Mont-Bleu, Hull, QC, J8Z 3J5

* Rimouski : Archidiocèse de Rimouski, 34 de l’Évêché Ouest, C.P. 730, Rimouski, QC, G5L 7C7

* Référence Internet: https://www.cccb.ca/fr/leglise-catholique-au-canada/annuaire-des-dioceses-eparchies-ordinariats/

Note : Il est suggéré de garder une copie de cet acte d’apostasie en le photocopiant, une fois rempli. Le document doit être rempli le plus complètement possible avant d’être envoyé au diocèse ou à la paroisse concernés.

 

Lien vers le formulaire d’apostasie catholique (en format pdf – nécessite Adobe Acrobat Reader)

Information importante

A qui de droit, Service des registres de baptême,

L’Association humaniste du Québec reçoit régulièrement des demandes d’information sur l’apostasie laquelle requière une confirmation que les registres de baptêmes ont bien été modifiés en conséquence. Toutefois les demandeurs ne savent pas toujours où se trouvent ces registres, surtout avec les changements de paroisse, voir de diocèse, qui ont pu survenir depuis leur baptême. Afin de simplifier la vie de tout le monde, nous aimerions leur fournir une réponse aussi simple que possible.:doivent-ils envoyer leur demande d’apostasie à leur paroisse actuelle? A leur paroisse de baptême ?
Au diocèse actuel ?
Au diocèse de baptême
ou encore un autre service ?

Je conviens que ce n’est pas une tâche plaisante de répondre à cette question, mais nous pensons que fournir à la population une information exacte en cette matière est notre devoir commun.

Cordialement,

Michel Virard,
Président
Association humaniste du Québec

La réponse;

Bonjour,

Désolé pour le retard mis à vous répondre, mais votre message s’est retrouvé parmi les milliers de courriels de notre courrier indésirable (filtre automatisé).

En fait, les requérants doivent savoir dans quelle paroisse ils ont été baptisés et autour de quelle date (avec la date de naissance, habituellement, on se débrouille assez bien).

Par ailleurs, l’intention d’apostasier doit être signifiée d’abord à la Chancellerie du diocèse concerné (non, par exemple, Valleyfield et Mont-Laurier ne sont absolument pas dans le diocèse de Québec, ni même Drummondville). La Chancellerie explique alors la procédure, pas très compliquée mais sérieuse: Avant tout, il nous faut nous assurer que le choix exprimé est bel et bien celui de la personne concernée et non d’une autre et qu’il est fait en toute liberté. Un courriel ne peut pas suffire, n’importe qui – même un conjoint – pouvant alors usurper l’identité de la demanderesse.

Le plus simple, fort des premiers renseignements, est de consulter sur Internet pour trouver la Chancellerie du diocèse concerné.

Merci.

René Tessier
Service des communications
Église catholique de Québec
1073 René-Lévesque Ouest
Québec, Qc G1S 4R5

Example d’une lettre d’apostasie suivie de la réponse

Témoignage d’un apostat

Comme plusieurs Québécois, j’ai été baptisé peu après ma naissance, à un moment de ma vie où ma conscience était plutôt floue et que mon opposition s’exprimait souvent par des cris, des pleurs ou un petit vomi. Sans mon consentement, j’ai donc adhéré à l’Église catholique dans un geste que mes parents posaient par habitude plutôt que par conviction religieuse.

Plusieurs personnes ne savent pas comment faire annuler leur baptême (certains ne savent même pas que ça se fait) et plusieurs autres ont déjà essayé en vain. Pour ma part, ça fait maintenant près de 10 ans que je me suis faits officiellement excommunié, une procédure simple si elle est faite correctement.

Pour moi ce fut avant tout une question morale : je n’adhère pas aux politiques du Parti Conservateur, je n’en suis donc pas membre… Alors pourquoi serais-je membre de l’Église catholique, un mouvement dont presque toutes les positions politiques ou morales sont totalement à l’encontre de mes propres principes?

Mais contrairement aux partis politiques, il ne s’agit pas simplement de déchirer son baptistaire afin de quitter les rangs de l’Église catholique qui vous gardera bien inscrit dans leurs registres, mais n’ayez crainte la procédure est fort simple quand même.

Il s’agit d’écrire une lettre au Diocèse de votre région afin de déclarer solennellement que vous vous apostasiez (ce qui signifie renier la foi). Voici la lettre que j’ai adressée à mon diocèse, avec annotations, afin de vous aider à rédiger la vôtre :

1) Adressez votre lettre au Bureau de la chancellerie de votre diocèse (c’est le département qui a le mandat de traiter ces déclarations) ou sinon, faites comme moi et adressez-la directement à l’Archevêque. Assurez-vous de bien dater votre lettre.

Montréal, le 14 avril 1999

M. le Cardinal Jean-Claude Turcotte
Archevêque de Montréal

Diocèse de Montréal
2000, rue Sherbrooke Ouest
Montréal (QC) H3H 1G4 
(pour les gens de la région de Montréal, c’est effectivement la bonne adresse)

2) Signalez en début de lettre qu’il s’agit d’une déclaration d’apostasie, par exemple :

Objet : Déclaration d’apostasie de la foi et excommunication

Je vous fais part, par la présente, de mon intention d’être clairement identifié comme apostat à vos registres.

3) Rédigez quelques lignes afin d’expliquer votre geste, il est toujours mieux de miser sur des arguments positifs comme la quête de la vérité, l’honnêteté, la moralité, etc. Dites-vous qu’une plume respectueuse aura beaucoup plus d’impact et d’attention qu’une lettre de bêtises. En gros, comme dans tout, le respect commande le respect. Par exemple :

Ma motivation est simple, mais essentielle : l’honnêteté. Ce simple acte administratif apaiserait notre quête de vérité mutuelle. En effet, je ne peux me permettre de faire partie d’une communauté dont je n’accepte ou n’appuie aucune ligne directrice, idéologie et positionnement politique, moral ou social, présent ou passé.

4) Continuez en citant les informations nécessaires aux administrateurs du diocèse de vous retrouver parmi leurs registres : la paroisse où vous avez été baptisé, la date de votre baptême (pas celle de votre naissance) et le nom se retrouvant sur votre baptistaire (vous pouvez aussi joindre une photocopie du baptistaire)

J’ai été baptisé dans la paroisse ____, à ____, le jour du mois année, sous le nom de ____.

5) Faites votre déclaration d’apostasie. Encore une fois, les arguments honnêtes et le ton respectueux sont de mise.

N’ayant jamais eu la foi, ni participé volontairement aux rituels, ni eu de volonté consciente et éclairée de faire partie de votre mouvement religieux, je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter sur quelconques registres que l’Église Catholique maintient, en regard de mon nom, une mention identifiant officiellement mon apostasie.

6) Ajoutez cette référence au droit canon. Le droit canon c’est le texte de loi qui régit, en autres, les décisions administratives de l’Église catholique et c’est cette phrase qui est la clé d’une excommunication rapide et efficace. En effet, le droit canon dit que quiconque renie la foi catholique est excommunié automatiquement et que cette excommunication prend effet sur le champ (latae sententiae).

Vous placez donc votre diocèse dans une position où ils doivent vous excommunier sur le champ s’ils veulent respecter leurs propres règles. Je vous suggère de prendre la phrase suivante et de la coller dans votre lettre :

Mon adhérence à l’Église Catholique prend fin par la présente lettre vous signifiant mon apostasie, et ce, en vertu de l’article 1364 du droit canon qui évoque clairement : « L’apostat de la foi, l’hérétique ou le schismatique encourent une excommunication latae sententiae. »

Si vous changez la forme, ne changez surtout pas la citation et assurez-vous d’exprimer clairement votre connaissance de cette procédure en faisant référence à l’article 1364 du droit canon.

7) Finissez en demandant une confirmation écrite de votre excommunication et donnez vos coordonnées (incluant le téléphone).

Je vous demande de conclure cette démarche en me confirmant par écrit cette excommunication tout en y citant la mention qui sera ajoutée à vos registres.

Nom
Adresse postale
téléphone

N’oubliez pas de signer, et un petit mot de politesse ne fait pas de tort non plus :

Dans l’attente de cette confirmation écrite, bien à vous.
SIGNATURE

*Attention, selon un commentaire reçu en mai 2010, le bureau de la Chancellerie demande maintenant que votre lettre signifiant votre apostasie soit également signée par 2 témoins.

Alors voilà, ne reste plus qu’à envoyer votre lettre (je vous suggère le courrier recommandé qui marque le sérieux de votre démarche et assure un suivi) et à attendre la confirmation. Selon les règles dictées par le droit canon, vous serez excommunié en date de votre lettre (de là l’importance de l’inscrire).

Il est probable et même presque certain qu’un prêtre communiquera avec vous. Il vous demandera si vous avez adhéré à une autre religion, si vous avez bien réfléchi à votre décision, si entre-temps vous n’avez pas retrouvé la foi, etc. Il vous indiquera également qu’il ne sera maintenant plus possible pour vous de vous confesser, de communier, de vous faire enterrer dans un cimetière catholique, etc. Comme pour le reste, l’honnêteté, la franchise et le respect font beaucoup de chemin.

Il faut s’attendre à ce que le diocèse laisse écouler une certaine période de temps avant de vous envoyer votre confirmation d’excommunication (moi ça été plus d’un an), au cas où vous changeriez d’idée en cours de procédure. N’hésitez pas à relancer le diocèse, par lettre ou par téléphone.

Le jour où j’ai reçu cette lettre de confirmation, j’ai eu le sentiment que j’avais fait un geste d’une grande honnêteté envers moi-même et envers mon entourage. Un geste symbolique, certes, mais qui marquait officiellement que j’avais pris possession de ma conscience.

Extrait du site web : http://www.mlq.qc.ca/pdf/citelaique/cl_12.pdf