La guerre Israël-Hamas : à qui la faute ?

par Juil 29, 2024Québec humaniste, Réflexions, Religions0 commentaires

Jacques Légaré

Jacques Légaré

Jacques Légaré, est né en 1948. Il détient une maîtrise en histoire byzantino-arabe (1975) et un doctorat en philosophie politique (1993). Il est adepte et défenseur des Lumières, féministe, laïciste, fédéraliste et progressiste.

Vous êtes invités à le joindre sur sa Page Facebook pour de belles discussions : https://www.facebook.com/jacques.legare.39

« Le sang versé ne dort jamais » (Saladin)

« La haine n’est qu’une défaite de l’imagination » (Graham Greene).

1 - La solution : une Fédération Liban-PalestineIsraël-Jordanie Sans un rêve puissant d’une nouveauté salvatrice, à
l’égal du premier sionisme, mais s’y substituant, il n’y aura pas de paix dans cette région pour encore un siècle et plus.
A - La solution :
Un seul État, soit une Fédération formée de 4 pays : Liban, Palestine, Israël, Jordanie. nommée Fédération des pays du Levant.
Autres noms possibles : Terre d’Abraham, Le Levant, État fédéral du Proche-Orient, ou tout autre nom commun aux trois monothéismes.
125914 km2 avec la Jordanie ; 37000. km2 sans la Jordanie ; 738 km nord-sud, de Kobayat à Eila ; 160 km de largeur de Tel Aviv à Aman et à Al Karamah :506 km (bordure irakienne).

4 fois plus petit que la France et un peu plus grand que Terre-Neuve (115220 km2 ).

Initié et imposé par les États-Unis, l’Égypte et le Brésil : la Force constituante d’implantation.

Sans force indiscutée, pas de paix possible. Ce sont eux qui choisiraient les tous nouveaux dirigeants : un Directoire pour l’exécution, sur les 3 territoires, des décisions des 3 mandataires et l’instauration des institutions fédérales prédéfinies. En clair, un kit plaqué
sur la région sinistrée. Sinistrée à tous points de vue. Pourquoi ces 3 pays mandataires constituants qui  devront procéder à la délimitation des territoires des 4  pays, rédiger la constitution fédérale plus celles de chacun des 4 états spécifiquement, et des institutions fédérales ?

Pourquoi ces 3 pays mandataires constituants qui devront procéder à la délimitation des territoires des 4 pays, rédiger la constitution fédérale plus celles de chacun des 4 états spécifiquement, et des institutions fédérales ?

Pour de tels plans, ou comme tout autre de même ampleur et imposés par une telle Force, il faudra qu’elle se comporte comme un Gédéon, un Cromwell, un Washington, un Pierre le Grand, un baron Haussmann, bref avec de la hauteur et de la poigne.

Pas comme un politicien ordinaire qui négocie et n’avance qu’en négociant. Qui avance ses pions selon les sondages ou sa réélection. Il faut avoir la puissance morale, politique et militaire pour s’imposer.

- Les États-Unis : (Apple est 577 fois plus gros que Québecor…) Les seuls qui peuvent. L’éventail militaire américain : 200000 hommes en 800 bases en 177 pays, dont 8 pays arabes, dont les corps de garde diplomatiques et la vente d’armes.
- Le Brésil est une démocratie et une fédération.
- L’Égypte est musulmane dotée d’un grand prestige et d’une force respectable.

En quelques jours pour le choix d’un Directoire de 9 membres (tous humanistes et pacifiques) venant des 4 pays. En quelques semaines pour le découpage du territoire, quelques mois pour des déplacements majeurs et 10 ans de gouvernement par la Force constituante d’implantation.

Ensuite, transfert progressif au gouvernement fédéral des pouvoirs de la Force constituante d’implantation. La rapidité d’exécution, avec un plan détaillé et imposé, est un facteur de force et d’autorité : La constitution de la nouvelle Fédération des Pays du Levant (ou autre nom choisi par référendum) serait de fait une République démocratique, fédérale, multipartite et laïque, avec un État de droit imposant (l’égalité avec des mesures d’accès à l’égalité et sanctions à la clé) excluant toute référence religieuse, communautariste, misogyne ou sectaire. si nécessaire par une ou des organisations onusiennes, dont peut-être des Casques bleus. En soutien logistique d’implantation, en vue de l’efficacité, la viabilité, la stabilité, l’accoutumance progressive aux nouvelles institutions, aux déplacements massifs et à la stabilité du nouvel État.

Une consultation préalable pour la forme (car ils s’opposeront vraisemblablement !) des dirigeants actuels des 4 États pour tenter un feu vert à la construction de cette Fédération. Pour leur participation active, mais non en tant que définisseur de la solution qui serait un piège à discussions menant aux blocages et remises dilatoires.

À défaut de leur participation, plutôt attendue, une totale occupation (sauf la Jordanie, qui sera invitée plus tard) par la Force d’implantation. Elle est plus qu’une force d’occupation, d’ailleurs temporaire. Les États-Unis ont, à titre d’expertises réussies, parfaitement rétabli la
démocratie en 1945 sur l’Italie, l’Allemagne et le Japon et l’ex-Yougoslavie. Et en fédéralisme performant tout comme au Brésil.

Est aussi nécessaire la neutralisation de l’Iran, par la menace de destruction de ses installations nucléaires, si elle manœuvre pour saboter l’instauration du nouvel État fédéral.  Si le projet rencontre une résistance armée, la Force d’implantation imposera des sanctions pour écarter les extrémistes et les opposants, y compris les États voisins hostiles.

Le transfert de toutes les forces armées (des États actuels) à la Force d’implantation ; 10 ans plus tard ils seront transférés à l’instance fédérale du nouvel État.
Ou
Toute autre tactique aussi efficace, mais non brutale pour réussir l’implantation.

B - Principes et règles :

Renoncement à la vengeance et à la justice punitive proclamé dans les lieux de culte avant chaque prêche, dans les écoles et massivement dans les médias.

Renoncement au communautarisme et à l’ambition de supériorité entre communautés.

Mise en œuvre d’une Politique d’égalisation des conditions économiques des trois États. Israël : 52170 $/hab. ; Palestine : 3600 $ ; Liban : 4136 $ ; Canada : 51987,94 $

La délimitation des quatre pays relativement égaux en  superficie.

L'égalité : il y a celle des personnes, celle de la distribution du territoire et celle, apparentée, de la parité des uns et des autres dans les institutions. Ici, la parité religieuse est inapplicable. C'est donc, dans ma proposition, le refus de la parité par la dissolution de
la notion d'ethnie, de religion ou de langue, reconnus comme critères inadmissibles. Ils sont citoyens, rien d'autre. Comme en Occident.

Les territoires soumis au redécoupage sont ceux de la Palestine et d’Israël ; ceux du Liban et de la Jordanie n’y sont pas soumis.

Les deux territoires doivent être homogènes, égaux en superficie : ils auront la forme de quadrilatères avec  égale façade à la mer. Tel-Aviv reste israélienne.

En plus, l’égalité du territoire est gage d’objectivité. Suivi de déplacements massifs, obligatoires et compensés, en douceur et avec équité. Aucune contestation du plan préétabli n’est acceptée. La paix est à ce prix.

Une instance fédérale de gestion de l’eau la distribue au prorata de la population. Les déplacements vers les quatre pays, avec compensation, sont obligatoires et fortement compensés.  Les déménagements volontaires sont accordés à ceux qui le veulent, et compensés.
Ils sont gérés par une Commission du territoire. Elle distribue les terres à l’intérieur des États ; elle supervise les déplacements des colons juifs et palestiniens, tous indemnisés. Par un schéma prédéfini et incontestable.

Les Israéliens formeraient 70 % des gradés de l’effectif militaire de l’État fédéral en raison de la technicité plus moderne des Israéliens (18e rang mondial +23 G$/an ; Canada 27e +27 G$). En vue de l’atteinte en 20 ans de 25 % des effectifs pour chacun des 4 pays par le phénomène de l’attrition.

L’instance fédérale est trilingue (arabe, yiddish, hébraïque, anglais), comme Berne ; les 4 pays sont unilingues.

Chacun des États a sa législature. Elle applique la philosophie politique de l’État fédéral.  Une Cour suprême juge de la constitutionnalité de la législation des 4 États. Jérusalem, déclarée ville religieuse et touristique, obtient un statut indépendant comme la ville de
Washington DC.

Une nouvelle capitale fédérale, équidistante des trois pays, devra être fondée, officiellement trilingue (yiddish hébraïque, arabe et anglais), telle « une cité libre ouverte à tous les croyants » (Sadate) avec aussi un statut indépendant comme la ville de Washington DC.

Son emplacement sera périphérique. La reconstruction du temple de Salomon, à côté de la mosquée d’Al-Aqsa. Elle a pour pendant le déplacement des temples d’Abou Simbel et même de la double mosquée-cathédrale de Cordoue que j'ai tous deux visités. La flexibilité est rare
en religion, mais existe quand le bras politique est plus gros que le goupillon. Les intégristes des deux camps sont priés ou forcés d’émigrer dans leur pays respectif. De fortes indemnités de départ pour ceux qui devront ou voudront déménager dans leur pays.

L’interdiction de toute formation politique opposée au nouvel État et à ses principes républicains, égalitaires et laïques.

La constitution de partis avec charte démocratique. Deux élections : la 1ère sur le choix du programme, la 2e sur le choix des députés. L’absence de vêtements ou de signes distinctifs est de mise hors des lieux de culte. Dans chaque mosquée, synagogue et église, un prône
hebdomadaire obligatoire affirmant et célébrant la prééminence des droits de la personne et de l’obéissance aux lois républicaines.

Dans les écoles, des programmes scolaires à la citoyenneté uniquement rationalistes, libéraux, humanistes et universalistes sont les seuls autorisés en vue de former les étudiants aux valeurs communes. Pour faciliter les déplacements, des mises aux enchères
permanentes des immeubles. Passeport et émigration facilitée (ne pouvant être garantie) aux opposants à la nouvelle constitution.

Enfin, une Commission Mémoire et Réconciliation pour réparer par compassion partagée les cœurs endeuillés et les destins brisés.

C - Conclusion :
Si l’on ne rêve pas du meilleur et si la volonté des plus puissants ne se met pas à la tâche de ce meilleur-là, que d’horreur pour encore 50 ans et jusqu’à l’extermination de l’une par l’autre des trois communautés. La Shoah nucléaire et réciproque.

Vaut mieux l’utopie incertaine que la certitude nucléaire. On pourra même dire aux plus intégristes des deux camps :  Cette Fédération :
1 - Vous donne 3 fois plus de territoire que vous n’en  espériez par l’extermination des peuples autres que le vôtre. Il vous suffit d’accepter d’être des citoyens normaux, comme il y en a dans d’autres pays normaux.
2 - Plus encore, vous pourrez rester dans votre seul pays ethnico-linguistique si vous préférez le confinement rigoriste au grand air universaliste.

3 - Votre religion en sort même protégée parce qu’elle se limitera enfin à ce qu’elle peut contrôler, soit votre intimité métaphysique et vos lieux de culte.

2 - Données géographiques
Comme en Israël actuel + Gaza + Cisjordanie, il y a presque égalité entre juifs 7 millions et musulmans 6,5 millions, il est conséquent que le partage du territoire soit de 50-50. Le Liban ajouté 10552 km2 (5,2 millions). La Jordanie 89342 km2
(10,8 millions). Total : 125914 km2
.
1 - Israël : 20000 km2 (9,6 millions d’habitants dont 21 % d’Arabes israéliens), (6 fois plus petit que Terre-Neuve 115220 km2 , plus petit que l’île de Vancouver 32134 km2 , plus petit que la Gaspésie 30341 km2 ).
2 - Palestine : Bande de Gaza : 365 km2 (Île d’Orléans 192 km2 ; Montréal 483 km2 ) (2,1 millions) (45 km en longueur, +12,5 à 5,5 km en largeur). Cisjordanie : 5655 km2 (3,3 millions) et 400 000 colons juifs, indélogeables par la police. Ils s’entretuent sans cesse. 5,4 millions
(16 %) d’Hébreux. 436 000 colons juifs, dont 190 000 à Jérusalem et 246 000 en Cisjordanie. 3 - Liban : 10 552 km2 (5,2 millions). 60 % musulmans et 40 % chrétiens. 17 communautés religieuses. Il a perdu 13 millions d’habitants à cause de ses guerres et de ses
mauvaises gestions.

Total des trois : 38351 km2 . (3 fois plus petit que Terre-Neuve et 5 fois Anticosti. 4 - Jordanie (89342 km2, 10,8 millions) pourrait s’y joindre, serait un élément stabilisateur : Une monarchie constitutionnelle multipartite et stable, en paix avec ses voisins.
Innovante (78e rang) ; 50 % de la population vit à Amman. 35e meilleure infrastructure au monde ; problème d’eau ; autoritaire autocratique, Islam = religion d’État, 8 % de chrétiens ; nombreux crimes d’honneur ; presse censurée ; 3 ans de prison pour
sacrilège, insulte au roi ou calomnier le gouvernement. Interdit aux femmes musulmanes d’épouser un non musulman.

Réfugiés : 2 millions de Palestiniens et 2 millions de Syriens. La Jordanie appuie le shah, soutient Saddam, soutient l’Égypte de A. El-Sadate.

La constitution de la Jordanie actuelle : (monarchie constitutionnelle multipartite).

3 - Avantage de cet exercice Si impuissants que nous soyons pour appliquer nos solutions respectives, elles sont un remède personnel pour chacun d’entre nous. Un soulagement de notre angoisse et de notre frustration de ne pas pouvoir aider directement et rapidement des gens victimes de malheurs que nous partageons par simple compassion humaine.

4 - Faussetés et illusions  Le débat actuel s’embourbe dans des faussetés ou des illusions, dont, par exemple : l’antisionisme est un antisémitisme, ou les pauvres opprimés (Palestiniens) ont toujours raison, et l’histoire du territoire donne la Terre aux Juifs ou aux
Palestiniens, ou Abraham est reconnu par les deux peuples, ou les trois religions sont compatibles. Non, car un monothéisme est solipsiste. Ou la terre est indivisible et ne se partage pas. Ou la terre doit être une propriété absolue, indivisible, et non un usage ou un usufruit.
Ou nous avons la 1ère attestation de notre présence sur ce territoire.

Ou la soumission de l’un et son anéantissement sont la seule issue possible.

Ou les Arabes sont unis et les Occidentaux ne sont plus antisémites.

Ou des accords sont possibles à partir du rapport de forces actuel.

Ou les extrémismes sont nos seuls boucliers efficaces. Ou il n’y a de victimes que nous, l’autre camp est le seul agresseur.
Ou Dieu est avec nous et non avec eux. Ou l’islamisme est un totalitarisme, mais le sionisme du Grand Israël nullement.

Ou les pays tiers (États-Unis, Iran, Arabie, Égypte, Russie, Union-Européenne) seront toujours avec nous quoi qu’on fasse et quoi qu’il nous arrive.

Ou la force violente et implacable est notre seul atout vital. Ou le pouvoir et l’autorité publique sont purs, comme  Dieu, donc ils doivent être totalitaires et absolus.
Ou hier, dans l’Empire ottoman, nous étions des communautés. Au 20e et 21e siècles, nous revendiquons être une nation, donc à l’exclusion des autres. (L’exemple post national canadien pourrait leur enseigner une autre voie. En fait, la nation est un passage obligé ; il suffit de la rendre plus souple et plus inclusive qu’elle n’était naguère). Ou l’islamophobie et l’antisémitisme ne sont que haine irrationnelle, sans travers antérieurs qui auraient pu tristement leur donner naissance.

Ou l’éviction massive des femmes, moins en judaïsme (29 femmes sur 120 à la Knesset, 24 %. Au Conseil Palestinien, 5 femmes sur 132, 30 %. En Suède, 47 %. En Iran, 5.5 %. En Algérie, 8 % et en Arabie 20 %. Les partis religieux n’ont aucune femme) qu’en islam, n’a
pas d’influence sur le bellicisme des protagonistes et sur les valeurs motrices des parties.

Ou de la religion à la nation (19e et 20e ) on se libère sans modifier ou écarter sa religion. Si nous ne partons que du seul réel, les impasses adviennent au sens que ces trois points de départ pour comprendre et solutionner ont échoué : Le territoire : multiples occupations successives et actuellement fractionné. L’Histoire : en Histoire, le dernier occupant arrivé impose sa force et son droit.

La Religion : elles se nient, s’excluent et s’anéantissent les unes les autres. Elles ne se tolèrent que si elles ont le pouvoir majoritaire et si elles rançonnent les deux autres affaiblies.

On ne peut donc partir que d’un projet tout neuf avec des principes qui s’imposent à la fois à l’Histoire et aux réalités actuelles.

5 - Les échecs précédents

Outre les 9 guerres et les centaines d’actes terroristes, - Les Accords précédents. (Camp David en septembre 1978, Oslo en 1993 et Camp David II en 2000). Ils ne visaient, dans l’esprit des décideurs finaux, qu’à obtenir plus et en donner le moins possible. Schéma qui ne résiste pas aux évolutions des rapports de force. Ils n’ont été donc que des trêves.

- La faiblesse de ces accords :

Ils sont inductifs, restent dans les grandes lignes, pellettent en avant les détails dans des négos futures, refusent une autorité  supérieure et neutre aux deux antagonistes, refusent une philosophie politique commune et la laïcité, n’écoutent jamais l’ONU et
s’arment à l’extérieur.

6 - Aberrations de cette région sans boussole
- Le Canada perd des immigrants de qualité ;

- l’URSS appuie la création d’un pays qui sera son adversaire dans la région.

- Les États-Unis arment les talibans contre l’URSS.

- Les États-Unis jouent sincèrement la paix, mais restent plombés d’une partisanerie évidente et sans grandeur, leur enlevant donc toute efficacité.

- Netanyahou finance le Hamas.

- La Turquie, membre de l’OTAN, attaque Chypre et Erdogan fait bande à part.

- Les ÉTATS-UNIS bigots nient la cause délétère principale : le communautarisme religieux.
- Les belligérants sont à la recherche d’un Paradis fantasmé, antique juif ou médiéval islamiste, aussi archaïque qu’impossible.

Voici les arguments qu’ils se renvoient, en soliloques,  pour ne pas s’entendre :
- l’autre est toujours l’agresseur, moi je ne fais que me défendre.
- l’autre n’a aucun droit sauf capituler, céder, se soumettre ou émigrer. Avec une prime de déguerpissement.
- Les deux s’appuient sur le premier arrivé, le droit du conquérant, l’invasion injustifiée de l’autre partie, nous
vous avons acheté ces terres, à vil prix…,
- vous vous êtes expatriés vous-mêmes en quittant l’Europe ou l’Afrique du Nord.
- cette terre fut choisie par l’inaliénable droit d’asile pour les persécutés.
- votre réelle nationalité est celle des pays d’où vous avez émigré en Israël.
- refus ou incapacité de maitriser ou de neutraliser leurs extrémistes.
- en commun, ils ont un immense sentiment d’échec d’avoir raté la modernité ou d’en être exclus, doublé de celui d’être les plus mal aimés du monde.
- et, le pire de tous, Dieu nous a donné cette terre.

7 - Une utopie ?

Cette solution, La Fédération du pays du Levant, est-elle une utopie ? Certains blâment les gens de réflexion d’être sans puissance, mais sans jamais trop blâmer ceux qui ont de la puissance sans avoir d’idée.

Tout citoyen doit réfléchir à plus grand que lui pour ne pas, finalement, rapetisser à plus petit que lui.

Utopie irréalisable ? Utopie signifie non-lieu, donc qui  n’existe pas encore. On ne peut jamais dire d’une utopie qu’elle sera irréalisable, sans l’avoir tentée.
- La constitution américaine de 1787 était une utopie en 1774.
- la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1791 l’était aussi au mariage de Marie-Antoinette en 1770.
- l’AANB impensable l’était en 1837-38.
- Les trois fonctions (exécutif-législatif-judiciaire)
identifiées par Thucydide, Platon et Aristote ne devinrent  trois pouvoirs distincts qu’en 1787. Se promener sur la Lune en costume de bain est une utopie irréalisable, mais penser un nouveau pays pour des régions sinistrées n’est pas irréalisable si ses principes appliqués ont déjà réussi ailleurs :
- la Fédération (27 dans le monde),
- les déplacements dédommagés,
- le partage de l’eau (Soudan-Égypte, les États du Sud-Ouest aux États-Unis),

- une constitution libérale, la laïcité. Au réalisable, il ne manque que la volonté coordonnée des puissants de ce monde.

Le scepticisme demeure, car les pays de ce monde les plus bénis des dieux eurent leurs tristes jours et tristes sires : les États-Unis, ont eu à la fois Thomas Jefferson et Trump, l’Allemagne a eu Goethe et Goebbels, la France a eu Condorcet et Napoléon, la Turquie eut Kemal et Erdogan, etc.

Bref, tout est possible pour le mieux à qui a la chance du meilleur.

Enfin, cette solution n’est pas une utopie au sens qu’elle ne tiendrait pas compte des réalités politiques ; elle les outrepasse et elle tient compte du territoire qu’elle sectionne et repartage en zones homogènes.

Elle a une visée performative, comme les ordres et les injonctions En avant, marche ! Déjà penser une solution nous sort du chaos, et le progrès ou la guérison deviennent envisageables et possibles. Seule la déesse Fortuna décide qui a été réaliste…

Les réalistes, les pragmatiques, soit 9 présidents étatsuniens depuis 1948, et des centaines de diplomates ont échoué, non faute de moyens mais faute d’idées.  Ajoutons les états-majors, les services de renseignements et les cellules terroristes qui, tous, n’ont
fait que des bains de sang. Alors, on aurait pu souhaiter que les réalistes auraient dû rester utopiques.

En plus, ces pragmatiques brouillons ont connu toutes les déconvenues : le constant renversement des Alliances : en 1917, les Anglais étaient pour les Arabes contre les Turcs, mais les Allemands pro-Turcs contre. En 1939-1945, les Allemands sont pour les Arabes. Les
Anglais se tournent contre l’émigration juive, deviennent  pro-Arabes et promettent aux uns et aux autres ce qu’ils  ne feront jamais. Ajoutons les trahisons interarabes et les divisions entre juifs.

Hamas, « le meilleur ennemi d’Israël » se révèle le 6 octobre 2023 être le pire. Dans le monde arabe, presque tous les 20 ans, les régimes changent radicalement. Les Russes appuient la fondation d’Israël, appuient Nasser qui veut le détruire, et se font virer par Sadate. Les États arabes actuels (Arabie, Égypte, Syrie, Égypte, Maghreb, Iran, Turquie, Tunisie) sont des vire-vent, vire poche, à tous les 20 ans. Il faut donc à ce nouveau pays un protecteur solide ; il n’en existe qu’un seul : les Etats-Unis.

Certains se disent réalistes quand les réalités vouent à l’échec ceux qui partent d’elles pour s’en échapper. 1978 et 1993 ont tricoté deux Accords avec de la laine mouillée de sang. Leur échec n’était pas prévisible, mais il a démontré que leur point de départ était vicié : concilier  des positions inégales, partager un territoire exclusif et à deux projets constitutionnels inconciliables.

Et l’on ne peut rien tenter avec des traumatisés quasi décérébrés par le fanatisme suicidaire et la terreur séculaire. Ils partagent une même haine à se faire disparaître. Même l’idée islamique du Mufti, reprise par les Frères musulmans, l’Iran et le Hamas de ne pas être
anti-juif mais antisioniste est spécieuse : les juifs sont venus en Israël par sionisme. Être non anti-juif, mais antisioniste est logiquement demander à la quasi-totalité des Juifs (qui se disent sionistes) de quitter la Palestine. Quant au Grand Israël, fantasme biblique, il implique de
chasser de toutes les manières possibles ces Palestiniens-Philistins. Pour David contre Goliath, hier la fronde, aujourd’hui la bombe.

Bref, jamais les concepteurs, ni même les exécutants, mais bien le temps et la durée finissent par donner le poids de l’existence durable à ce qui a été imaginé.

Sa réalisation ne relève pas de sa seule nature de simple projet, mais de la volonté et de l’habileté des dirigeants.

Être réaliste, c’est partir du réel, mais la politique réussie est un réel surmonté, une création qui n’existait nullement avant d’avoir été pensée. Sans être pensée, elle n’aurait pu exister. Nous en sommes tous réduits à cela avec les moyens dérisoires que nous avons.
Le politicien sans solutions surfe et perdure sur le réel  qui cautionne sa fausse prudence toute fixée sur l’élection prochaine ; le politicien avec solutions risque sa carrière, et même sa vie (Sadate, Rabin). C’étaient deux soldats à conscience humaniste.

En fait, connaissant avec effroi les réalités dangereuses ou infernales, il faut en sortir pour réussir une solution.

8 - Difficultés, écueils et blocages

Juifs et Palestiniens sont culturellement enfermés dans le mode sectaire :

Dans le monde : 500 sectes ; 500000 adeptes ; 60000 à 80000 enfants y sont soumis. Et 10 000 religions. Beaucoup d’opium pour beaucoup de cerveaux.

Le drame juif : l’insécurité multimillénaire : on ne peut compter que sur soi. La faille des Juifs (leur existence injustifiée et menacée). Précisément, « La conscience de la faille qui nous permet d’avancer » dont parle en termes bien minimalistes, Delphine Horvilleur, rabbin et
philosophe, nécessite dès lors une demande d’aide extérieure. Que le juif ne souhaite d’ailleurs pas tant les non-juifs leur furent si cruels.

Le drame palestinien respire la même déréliction : l’anéantissement par décret biblique, au mieux la diaspora dispersée, les attend. Ils ont donc besoin d’un Tiers puissant pour se sortir de leur double incapacité. Puissant, au point de lui laisser être le maître d’œuvre de leur sortie, de leur drame commun.

La jalousie antisémite viendrait de la notion de « peuple élu », dont le bouc émissaire ou le transfert qu’est le fantasme de la « finance juive ». Que de Juifs pauvres et pouilleux ont été tabassés sous ce prétexte-là. Le conflit du Proche-Orient n’a pas changé depuis 1917,
sauf sa gravité par :
1 - la croissance de la démographie
2 - celle des armes
3 - celle des pays intervenants (Qatar, Émirats arabes unis, États-Unis, Yémen, Turquie, Union Européenne, Chine, Iran).

Ce conflit a un schéma déjà connu dans l’histoire : une région fracturée en proie à des influences néfastes de puissances extérieures qui la convoitent : les Cités États de la guerre du Péloponnèse, de la Renaissance, la Hanse médiévale (de Londres Novgorod), de l’Amérique
centrale, le Sud-Est asiatique avant 1975.

Les forces de pression extérieures et lointaines : Etats-Unis, URSS, Iran, Péninsule arabique.  Combien de guerres, combien de morts, combien d’attentats ? 23 000 juifs et 200 000 Palestiniens tués depuis 1948.

Dans cette région sévit exactement la même double carence que sur l’ensemble de la planète :

- A - Un déficit en philosophie. La discipline est déconsidérée parce que ses mots, son vocabulaire ont été versés dans la propagande par des inefficaces, des velléitaires, voire des menteurs, qui l’ont vidée de ce qu’elle est : une volonté dans les mots qui
accompagnent l’action. La volonté est la mémoire vive de la philosophie.

En histoire aussi : voir ailleurs, imiter les succès ailleurs, dont le Land Ordinance 1783 et aussi une Commission Mémoire et Réconciliation en Afrique du Sud. Ils ne le font que pour l’armement.

- B - une absence de construction institutionnelle. À  l’échelle mondiale, c’est la « gouvernance internationale » (Koffi Annan). Au Moyen-Orient, une fédération jamais pensée, encore moins initiée (sauf Nasser avec la Jordanie…). Dans tout accord 78 et 93, ils cherchent la consolidation juridique internationale des acquis et des prises

- C - L’impuissance des gens pacifiques. Existent des juifs, israéliens, palestiniens et musulmans qui travaillent de concert dans les hôpitaux. Ils ne sont pas au gouvernement.

D - Le désordre et la confusion des repères : « Si Israël interdit aux musulmans de proclamer l’adhan (l’appel à la prière), alors je le proclamerai depuis le clocher de mon église » (Anthony Hanania, prêtre chrétien du Patriarcat orthodoxe palestinien). Œcuménisme ?
Solidarité palestinienne ? Peur des représailles du Hamas ?

- E - Des choix idéologiques concurrents ou antagonistes :
- occidentalisation (Kemal Atatürk, Bourguiba Boumediene, Nasser, Shah) ;
- seule modernité économique Pakistan, Émirats arabes unis, Qatar, Péninsule arabique,
- tradition modérée (Maroc, Algérie)
- ou tradition extrémiste (Iran, Arabie sauf récemment). Et avec des retournements dans un sens ou dans l’autre (Le Shah, Khomeiny, Farouk-Nasser, Modi-Al-Sissi, Bourguiba-Kaïs Saïed).

- F - L’antagonisme des alliances et des soutiens : Arafat, désespéré, fut pro-russe, pro-américain, pro-iranien. Le Liban en convulsions perpétuelles.

- G - Les fractionnements tribaux et ethniques, voire familiaux. + Fractionnements nationaux + fractionnement entre musulmans : Umma, Shâm, Qawmiyya, Watan. Sunnites vs Chiites + des groupes terroristes : FPLP de Habache, Al-Qaïda, OLP, Hamas, Hezbollah. Le terrorisme de Begin contre les Anglais. Une marmite entre hyper-ébullition et explosion.  Instabilité chronique qui ne vit presque exclusivement que de rente pétrolière et gazière chez les musulmans  vs l’éclatant succès économique israélien puissamment aidé par l’aide des États-Unis.
Ce ne sont pas des divergences d’opinions entre citoyens ou entre alliés comme en démocratie, mais des fractures armées et violentes entre ennemis et complices de circonstances. Une haine inextinguible + un narcissisme victimaire. 2/3 des Israéliens soutiennent et  prouvent un soldat juif qui a abattu d’une balle dans la tête un Palestinien blessé + Le 7 octobre du Hamas applaudi en Cisjordanie. Même les vétérans américains parlent de crimes de guerre et de génocide par Israël : Ces actions constituent un génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, et VFP (Veterans for peace) souhaite qu’une enquête soit menée.

- H - L’alternance des choix occidentaux : diplomatie, conférences, interventions militaires, bases militaires. Pas de continuité dans la carotte et le bâton. Le jour d’après détruit le jour d’avant.

- I - On peut renvoyer dos à dos les belligérants. Mais s’y limiter serait trahir les enfants victimes dans les deux camps. - I - On peut renvoyer dos à dos les belligérants. Mais s’y limiter serait trahir les enfants victimes dans les deux camps.

J - La solution pacifique des colombes de l’OLP, nombreuses assassinées par Abou Nidal (un même État laïc pour les 2 peuples) n’a pas reçu l’appui effectif ni de l’Occident ni du monde arabe. Que du bout des lèvres, et trop tard (ils auraient dû imposer en 1947 le plan de
paix de l’ONU). Parce que les extrémistes juifs et musulmans n’en voulaient pas.

K - Conférences de paix : plus qu’un dialogue de sourds, des accords de mauvaise foi et aux solutions incomplètes en regard des objectifs contradictoires des deux camps. Elles ont foiré en trêves… ; « régime nazi d’Israël » disent certains ; Animaux du Hamas répond un
général israélien. 10000 enfants tués à Gaza.

- L - Les traités de paix étaient conçus par des praticiens rivaux, à visée unilatérale, ou que pour eux-mêmes. « J’accepte de ne pas te tuer aujourd’hui. Demain, ce n’est plus de mon ressort ». Ainsi, dans les traités, les mots écoles et pédagogie ne figurent pas. Pourtant, la
durabilité de la paix passe par l’éducation des enfants, leur mixité tant du genre que de la religion.

- M - Jamais non plus les mots religion et philosophie ou modernité, ne furent mentionnés ou développée : pour écarter la 1ère et pour faire porter à la 2e les valeurs les plus hautes de la modernité, au-delà des trois composantes politique, militaire et territoriale. Ainsi, leurs traités restaient dans le registre de la mentalité féodale ou mafieuse. Comme au Moyen Âge, ils cuisinèrent une malbouffe : une viande avariée recouverte d’épices pour tromper le mauvais goût. La part avariée de cette viande, ce sont les armes restées entre leurs mains et les épices étaient les feux de la publicité médiatique.

- N - Pour Israël, le sionisme fabrique un État protecteur pour les Juifs persécutés. En Israël, les Lumières rationalistes et modernes ne dominent pas : en 2017 une majorité de juifs laïques (44 %) ou traditionalistes (36 %) et une minorité de juifs orthodoxes (10 %) ou ultra-orthodoxes (9 %). Les Arabes israéliens (21 % de la population) sont exclus du service militaire. On est « citoyen israélien », mais « de nationalités » juive, arabe, druze ou circassienne. Hamas, c’est Pearl Harbour ou le 11 septembre (Netanyahou).

Le 7 octobre, c’est un pogrom, prélude à une 2e Shoah. « Crime de guerre » (Jordanie). Pour les Palestiniens, la lutte antisioniste est la 10e et dernière croisade occidentale à vaincre comme les autres (8 au Moyen Âge, 9e , la colonisation au 19e , au 20e l’État d’Israël 1917 + 1948. « Nous devons éliminer ce pays » (Ghazi Hamad, du Hamas et Nasser). Israël, État terroriste et génocidaire (Erdogan) régime nazi (Sami Aldeed).

- O - Le fond culturel du conflit : l’islam intégriste contre la modernité et contre l’Occident + l’impossibilité pour le judaïsme intégriste de la moindre concession avec quiconque. Aucun n’accepte les Lumières modernistes  de leur propre pays. Impossibilité de s’élever à la hauteur d’une construction nouvelle.

Misère pour les Juifs : la démographie musulmane est plus forte, mais l’immigration juive est de 25000 par an. Misère pour les musulmans : la Chine et l’Inde un jour vont les avoir sur leur chemin… Ils se sont vengés des occupants occidentaux, pas encore complètement de
leurs anciens maîtres musulmans. Palestiniens trahis : par les Jordaniens, les Égyptiens, les Libanais, les Turcs et par l’Arabie saoudite. Solidarité musulmane ? Indifférence totale du Pakistan et de l’Indonésie. Le Bahreïn, le Qatar et l’Égypte jouent les équilibristes
intéressés entre les deux camps.

7 résolutions de l’ONU, de 1947 à 1991, toutes refusées.

- Se retirer des territoires occupés depuis 1967 y compris Jérusalem-Est (« from territories occupied in the recent conflict » d'après la résolution 242) ;

Régler le problème des réfugiés de manière juste par le droit au retour ou à la compensation (d'après la résolution 194 (III)).

Cette résolution est chaque année approuvée par la plupart des pays du monde (environ 160) et rejetée par les États-Unis, Israël, l'Australie et quelques îles du Pacifique (au total 6 ou 7 pays).

- P - Impossibilité pour les plus puissants (États-Unis, Russie, Israël) d’accepter un cessez-le-feu onusien pour sauver les civils et les otages : 13 pour, et les 4 ci-haut contre (15 novembre 2023)

- Q - Un mépris systématique de la vie par les guerres assumées et non évitées, les attentats, les représailles. 23 000 morts israéliens et 100 000 palestiniens depuis 1948. Non seulement de la vie des autres, mais de la sienne propre. Jamais les Israéliens ou les Palestiniens
n’ont demandé l’asile ailleurs pour sauver leurs enfants. Aucun pays arabe, ou même du monde n’a ouvert ses frontières sans réserve aux Juifs ou aux Palestiniens. 

En clair, génétiquement la guerre israélo-palestinienne  est une guerre fratricide. À cette aune génétique là, toute guerre humaine est fratricide puisque nous descendons tous de Lucy… En conclusion, ces peuples doivent s’unir dans une Fédération. Dans le cas contraire, ils sont condamnés à une inéluctable régression. L’aboutissement funeste en sera des génocides mutuels que l’arme nucléaire à usage facile et disponible leur promet dans l’ombre maléfique promise aux humains sans espoir.

P.S. Vous venez de lire la version abrégée. Si vous souhaitez lire la version complète, c’est avec plaisir que je vous la donnerai. Il suffit de me la demander directement à mon adresse courriel ci-après.

Jacques Légaré, né 1948 

PhD. en philosophie politique 
Maître en histoire byzantino-arabe jlklegare@gmail.com

7 mars 2024

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