(À la mémoire de mon ami et collègue pendant presque un demi-siècle, Bernard La Rivière)

Quand nos plus grands philosophes et penseurs universitaires (ironique), comme Charles Taylor, Gérard Bouchard, Daniel Weinstock, Jocelyn Maclure, Michel Seymour, Christian Nadeau, soutiennent la création de tribunaux islamiques et la charia en Ontario, est-on en droit de se demander s’ils ont raison ? Où cela nous mènera-t-il dans le futur ? Qu’en est-il de la vie démocratique, si chère à nos yeux de Canadiens, dans les pays musulmans qui appliquent ce code de loi ?

Devons-nous être tolérants envers les religions ? Que nous dit un grand penseur de 1686 sur le sujet ? A-t-il raison ? A-t-il prévu le futur ? Plus de trois siècles plus tard, on peut se demander si sa vision de la nature humaine est toujours pertinente !

Le philosophe John Locke (1632-1704) a écrit la ‘’Lettre sur la tolérance’’ publiée en 1686. Il a vécu la fin des ‘’Guerres de religion’’, qui ont affecté l’Angleterre et la France.

En résumé : Locke nous dit que les intolérants demandent à la majorité de les tolérer tant qu’ils sont minoritaires. Mais dès qu’ils seront majoritaires ils deviendront ou reviendront à leurs coutumes ancestrales, ils seront intolérants avec la nouvelle minorité.

À mon avis – c’est mon opinion – ce texte mérite d’être lu, relu et médité par ceux qui accordent de l’importance à la liberté de penser, à l’esprit critique et à la rationalité.

« Le pouvoir civil est partout le même, en quelque main qu’il se trouve, et un prince chrétien ne saurait donner plus d’autorité à une Église qu’un prince infidèle, c’est-à-dire aucune. Peut-être aussi qu’il ne sera pas mal à propos de remarquer en passant que tous ces zélés défenseurs de la vérité, tous ces ennemis jurés des erreurs et du schisme, ne font presque jamais éclater le zèle ardent qu’ils ont pour la gloire de Dieu que dans les endroits où le magistrat les favorise. Dès qu’ils ont obtenu la permission du gouvernement civil, et qu’ils sont devenus supérieurs à leurs ennemis, il n’y a plus de paix ni de charité chrétienne ; mais ont-ils le dessous, ils ne parlent que de tolérance mutuelle. S’ils n’ont pas la force en main, ni le magistrat de leur côté, ils sont paisibles, et ils endurent patiemment l’idolâtrie, la superstition et l’hérésie, dont le voisinage leur fait tant de peur en d’autres occasions. Ils ne s’amusent point à combattre les erreurs que la cour adopte, quoique la dispute, soutenue par de bonnes raisons, et accompagnée de douceur et de bienveillance, soit l’unique moyen de répandre la vérité. »

Dans le Devoir du 17 mai 2022, on peut voir une annonce étrange sur une demi-page de la Fondation Émergence, dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Le titre : “Chaque seconde écourte des vies. Tribunal islamique, Malaisie, 2018”. Une femme accusée de lesbianisme est condamnée à recevoir six coups de canne, par le

tribunal islamique en Malaisie. »

Que dirait le philosophe John Locke ? Sommes-nous trop tolérants ?

Karl Popper (1902-1994) a enseigné la philosophie des sciences, l’épistémologie et a mis de l’avant le critère de la réfutabilité par l’expérimentation comme base du savoir scientifique. Ce critère aide à identifier et à différencier les sciences des autres domaines du savoir, comme la métaphysique. Il a mis de l’avant l’esprit critique comme meilleur outil contre l’intolérance.

https://www.grenier.qc.ca/nouvelles/27789/chaque-seconde-lintolerance-ecourte-des-vies