Avancez en arrière : le néo-archaïsme du premier ministre Harper à l’avant-plan
Lyne Jubinville
Membre du CA de PDF Québec et membre de l'association humaniste du Québec
L’Association humaniste du Québec aimerait réagir à l’une des initiatives que le gouvernement Harper s’apprête à mettre de l’avant, soit la création d’un BUREAU DE LA LIBERTÉ DES RELIGIONS. Il ne s’agit de rien de nouveau, puisque la menace réelle plane depuis le mois d’avril dernier. En effet, le premier ministre Harper, profitant du weekend de Pâques – temps propice aux augures – précisait alors « qu’il fera de la défense de la liberté de religion partout au monde une « priorité » de la politique étrangère canadienne. » [1]
Au coût de 5 millions de dollars pour débuter, avec un budget d’opération d’un demi-million par an et relevant du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, nous nous demandons bien quel sera l’avantage de ce bureau en ce qui concerne la liberté de religion, puisque cette dernière est, de toute façon, enchâssée dans la Charte canadienne des droits et libertés.
Nous sommes scandalisés d’entendre son ministre des Affaires étrangères, John Baird utiliser hors contexte une vieille citation de Franklin Delanoe Roosevelt qui, à la veille de la Deuxième Guerre mondiale déclarait :
« Toutes les fois où la liberté de religion est mise à mal, c’est par des opposants à la démocratie. « Toutes les fois où la démocratie est réprimée, la liberté de religion disparaît également. « Et toutes les fois où la religion et la démocratie disparaissent, la bonne volonté et la raison dans les affaires internationales cèdent la place à une ambition effrénée et à la force brute. »[2]
L’histoire récente nous a pourtant tellement démontré le contraire…
Et que dire de ces accommodements déraisonnés que l’on nous a déjà trop imposés ? Nous croyons qu’un bureau de la liberté de la religion ne ferait qu’exacerber cette folie de rectitude à outrance au nom de la tolérance envers le « sacré ».
Nous abondons dans le sens du journaliste de La Presse Mario Roy qui écrit que « mêler État et religion dans les relations internationales est une entreprise à haut risque [et qu’] agir objectivement en cette matière est en effet pratiquement impossible […]. »[3].
Nous sommes aussi d’accord avec Alex Neve, président d’Amnistie internationale Canada, qui «ne croit pas en l’approche adoptée par le gouvernement. ».[4] Nous sommes aussi inquiets que lui du fait « [qu’]il y [ait] tant de mystère à ce sujet ».[5]
D’ailleurs, de cette inquiétude émergent pour nous un certain nombre de questions :
-Y aura-t-il des religions « plus défendues » que d’autres ?
-Y aura-t-il une séparation claire entre ce bureau et la politique étrangère proprement dite ?
-Est-ce que ce bureau aura le pouvoir de remettre en question les acquis concernant l’égalité des femmes, quand on connaît le sort que la plupart des religions réservent aux femmes ?
-Est-ce que ce bureau aura le pouvoir de remettre en question les acquis de la communauté homosexuelle ?
-Est-ce que ce bureau aura le pouvoir de remettre en question les acquis concernant l’avortement, en mettant de l’avant de « bonnes » idées comme les droits du fœtus ?
-Est-ce que Faytene Grasseschi (Kryskow) sera embauchée dans ce bureau ?[6]
L’Association humaniste du Québec, tient aussi à exprimer sa plus profonde indignation devant le fait que cette initiative ne laisse aucune place à la population de citoyens canadiens non croyants. Nous sommes vraiment désolés de constater que ces derniers soient laissés pour compte dans cette initiative. Mais, soyez-en certains, nous n’en seront que plus vigilants.
Comme Mario Roy, « [nous ne voyons] pas au juste quels bienfaits pourrait apporter à l’humanité un Bureau canadien de la liberté des religions… »[7] Pour terminer, nous voulons surtout dénoncer le fait qu’un BUREAU DE LA LIBERTÉ DES RELIGIONS se verra forcé de supporter des organisations qui mettent de l’avant des préceptes inscrits dans des textes barbares et fantasmagoriques comme celui-ci :
24 Châtie-nous, Eternel, mais avec équité et non avec colère, pour ne pas nous détruire presque totalement.
25 Déverse ta fureur sur les peuples païens, ceux qui ne te connaissent pas, sur les nations qui ne t’invoquent pas, car ils ont dévoré, oui, dévoré Jacob, jusqu’à l’exterminer et ils ont ravagé le lieu de sa demeure.[8]
[1] http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/national/federales2011/archives/2011/04/20110423-141318.html
[2]http://www.international.gc.ca/media/aff/speeches-discours/2011/2011-034.aspx?lang=fra&view=d
[3] http://www.cyberpresse.ca/debats/editorialistes/mario-roy/201201/03/01-4482583-la-position-du-missionnaire.php?utm_categori einterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_mario-roy_3289_section_POS1
[4] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2012/01/02/001-baird-bureau-liberte-religions.shtml.
[5] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2012/01/02/001-baird-bureau-liberte-religions.shtml)
[6] http://www.radio-canada.ca/regions/ottawa/2011/02/09/005-influence-evangeliques-parlementaires.shtml
[7] http://www.cyberpresse.ca/debats/editorialistes/mario-roy/201201/03/01-4482583-la-position-du-missionnaire.php?utm_categori einterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_mario-roy_3289_section_POS1
[8] Jérémie 10:24-25 La Bible du Semeur (BDS) http://www.biblegateway.com/passage/?search=J%C3%A9r%C3%A9mie+10%3A24-25&version=BDS
0 commentaires