Capsules de nouvelles humanistes internationales
Dagmar Gontard-Zelinkova
(décédé en 2014) Bien que vivant en Ontario, Dagmar Gontard-Zelinkova est un des plus anciens membres de l ‘Association humaniste du Québec. En parallèle avec Bill Broderick à Belleville, elle a mené une guerre d’usure contre la prière à l’hôtel de ville de sa municipalité de Hastings Highlands, de la municipalité voisine de Bancroft et aussi au Conseil du comté de Hastings qui, hormis les deux déjà citées, regroupe douze autres municipalités
BIOÉTHIQUE NE RIME PAS AVEC RELIGION…
…en Amérique latine…
… l’interdiction de l’avortement est une des hypocrisies qui coûtent le plus de vies parmi les populations féminines les plus jeunes et les plus fragiles. Dans des pays où la puissance de la religiosité populaire autorise l’Église à réaffirmer lors des grandes échéances électorales ses valeurs et ses interdits, où les rapports sexuels sont précoces et l’éducation des corps quasi inexistante, l’avortement clandestin tourne au drame social.
En Amérique latine, seuls Cuba (depuis 1965), Puerto Rico et la ville de Mexico (2007) autorisent l’interruption volontaire de grossesse. Au Nicaragua, alors que l’avortement thérapeutique était légal depuis 1837, l’IVG a été pénalisée sous toutes ses formes en 2006 par le vote des élus sandinistes cherchant à s’attirer les bons offices de la hiérarchie catholique. D’après une enquête de la Fédération internationale du planning familial (2005), environ 5 000 femmes meurent chaque année sur le continent latino-américain en raison d’avortements clandestins. Plus de 500 000 avortements clandestins seraient pratiqués par an en Argentine, et plus du double au Brésil, où chaque année 200000 femmes doivent se faire soigner, victimes de complications.
Alors ? Un petit pays vient de faire entendre sa voix courageuse. Le Sénat uruguayen a approuvé, le 27 décembre 2011, un texte légalisant l’avortement jusqu’à douze semaines de grossesse. Si le texte est approuvé par les députés, et la loi adoptée, l’Uruguay, pays laïque de 3,5 millions d’habitants deviendrait le seul État d’Amérique du Sud à permettre l’interruption volontaire de grossesse sans restriction. (En abrégé, L’Uruguay, plus fort que le tabou, LE MONDE hebdomadaire, 14 janvier, 2012)
Aux États-Unis… …le Center for Inquiry (CFI) remercie le président Barack Obama et Kathleen Sebellius, secrétaire à la Santé et aux Services sociaux des États-Unis, de ne pas avoir cédé à la pression, exercée par des groupes religieux dans le domaine de la santé. En effet, dorénavant, les employeurs confessionnels devront offrir, dans le contrat d’assurance de leurs employés, la couverture gratuite des moyens de contrôle de naissances à leur employés. Le CFI considère ceci comme un important pas en avant dans le domaine de la planification des naissances. Ces nouvelles directives ont rencontré une vive opposition de la part des groupes religieux, en particulier de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis. Cependant, contrairement à ce que prétendent ceux qui protestent, ces nouvelles directives n’entament nullement le libre exercice de la religion. CFI considère ceci comme une victoire et félicite l’administration Obama pour baser les services de santé sur la science et la raison, et non sur la croyance religieuse. (CFI, Brooklyn, N.Y., 22 janvier 2012, en ligne)
…à Londres… …le 16 janvier 2012, les menaces de violence menèrent à l’annulation d’un débat sur la shariah, à l’Université de Londres. Le débat avait été organisé par la société Atheism, Secularism and Humanism, du Queens College. Peu avant le début de l’événement, un homme a fait irruption dans la salle et s’est mis à filmer les personnes présentes, tout en criant : « Écoutez-moi bien ! J’enregistre tout ceci, j’ai vos visages sur mon film et je sais où certains de vous vivent… Si j’entends un seul mot contre le saint prophète Mahomet, je saurai où vous retrouver… » Ce même homme s’est mis ensuite à filmer les personnes dans le foyer, en les menaçant de les pourchasser et de les tuer avec leurs familles. À la sortie de l’édifice, il a rejoint des hommes qui, visiblement, l’attendaient, prêts à lui prêter main forte. Le service de sécurité de l’Université, jugeant qu’il n’était pas en mesure d’assurer la sécurité des étudiants, a décidé d’annuler le débat. L’événement avait été conçu dans le but d’offrir un débat ouvert, tenu dans une université supposée être un rayon lumineux de libre expression. Les menaces proférées étaient un assaut flagrant sur cette liberté, et l’annulation de l’événement a été une grande déception pour tous les étudiants, croyants ou non.
Andrew Copson, le porte-parole de la British Humanist Association ( BHA) a apporté le soutien au Queens College ; « Cette récente intimidation est choquante, » a-t-il déclaré. « Libre expression, libre échange d’idées et libre débat sont des marques d’une société ouverte; la violence et les menaces de violence ne devraient jamais permettre de les compromettre, surtout dans nos universités. Nous continuerons à appuyer la société-soeur du Collège et nous espérons qu’une prompte enquête policière élucidera ce regrettable événement. (site du International Humanist and Ethical Union, 31 janvier 2012)
BIEN QUE PAYS LAÏQUES…
…l’Indonésie… …n’admet pas l’athéisme. La Constitution garantit la liberté de culte et reconnaît six confessions religieuses : islam, bouddhisme, hindouisme, catholicisme, protestantisme et confucianisme. Mais l’athéisme n’est pas reconnu. Dire que Dieu – ou Allah – n’existe pas est considéré comme un blasphème, passible de cinq ans de prison. C’est ce que risque Alexander Aan, pour l’avoir écrit sur Facebook.
Pour ce crime de lèse-religion, il a failli se faire lyncher, avant que la police ne le jette en prison. L’opprobre jeté sur le jeune fonctionnaire est emblématique de la radicalisation d’une certaine frange de la population, en particulier à Sumatra. Dans la partie nord de l’île, la loi islamique a été instaurée et une police patrouille les rues, traquant les femmes qui ne porteraient pas le foulard. Ailleurs dans le pays, les descentes de fondamentalistes dans les boîtes de nuit « impures » sont plus rares, mais elles existent, souvent organisées par l’Islamic Society Forum, qui regroupe plusieurs organisations islamiques. Leurs membres veulent que le jeune Alexander Aan soit condamné à mort.
Son cas a cependant suscité des messages de solidarité, des milliers de signatures ont été recueillies sur des pétitions et l’Alliance Internationale de l’athéisme (IAA, basée aux États-Unis) a écrit au président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, l’appelant à laisser en paix le jeune athée. (abrégé du rapport par Presi Mandari, de l’AFP, via site athées/France, 3 février, 2012)
… et l’Inde… …succombe à la pression des groupes religieux extrémistes. Salman Rushdie a renoncé à participer au salon du Livre de Jaipur, capitale de l’Etat indien du Rajasthan.. La polémique concernant sa participation a été lancée par l’université indienne Darul Uloom Deoband, célèbre école coranique, qui a appelé l’Inde à ne pas autoriser l’écrivain à se rendre dans le pays. Des groupes musulmans radicaux à Jaipur ont aussi menacé de manifester contre sa venue.
Interdit en Inde, « Les versets sataniques », publié en 1988, est toujours considéré par de nombreux musulmans dans le monde comme un roman blasphématoire portant atteinte à leur religion. L’auteur, né à Bombay en 1947, fut la cible d’une fatwa lancée en 1989 par l’ayatollah iranien Khomeiny. Mais l’écrivain s’est finalement dit convaincu que le complot présumé avait été inventé pour le tenir éloigné de la manifestation. De nombreux auteurs présents à Jaipur ont exprimé leur solidarité à l’égard de Salman Rushdie. Les écrivains Hari Kunzru et Amitava Kumar ont lu des passages des « Versets. » (L’EXPRESS, fr. 22 janvier, en ligne)
LES HUMANISTES DE COLOMBIE-BRITANNIQUE PRÊTS À ACCUEUILLIR EDDIE TABASH
Membres de plusieurs barreaux – Beverly Hills, Los Angeles, California, American -l’avocat Eddie Tabash appartient à « cette minorité » des Américains – environs 30 millions d’âmes – qui se déclarent non croyants. Très actif au sein du Center For Inquiry, il n’hésite pas à faire passer son message laïque et humaniste lors de ses fréquentes visites sur des campus universitaires, où il affronte les jeunes militants bien organisés. Eddie est aussi membre des Athées Américains et il n’a pas hésité à se présenter au Congrès des États-Unis sous une étiquette ouvertement athée. – sans succès, bien entendu.
Eddie est également bien connu au Canada et ses interventions sur le forum de l’Association humaniste sont toujours appréciées L’une des plus célèbres a été la question posée « To bash or not to bash ? » (Critiquer ou ne pas critiquer, voilà la question.) Il y a écrit, entre autres, « La religion est tellement enracinée dans notre société que ses partisans sont parvenus à imposer dans la culture populaire la notion selon laquelle la religion mérite toujours un traitement de faveur… Notre société ne sera réceptive au message laïque aussi longtemps que la culture populaire considérera la critique de la religion comme une zone interdite. »
La campagne électorale qui, en ce moment, bat son plein aux États-Unis, désole Eddie au plus au degré. À la mi-février, il s’en est ouvert à ses amis Humanistes : « Chers Canadiens, si cet extrémiste religieux (Santorum) devait devenir le président des Etats-Unis, alors acceptez-moi, s’il vous plaît, en tant que réfugié. » La réponse ne s’est pas fait attendre : « Eddie, n’oublie pas que Victoria est la seule capitale de province au Canada qui s’enorgueillît de ses milliers de palmiers », répondit Ron Tomlinson, le très actif membre vétéran de Victoria Secular Humanist Association (VSHA). Et Ron d’ajouter : « La population est par ici à cinquante pour cents athée. »
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