Jean Soler: Une radieuse clarté
Michel Virard
Président de l'AHQ
Michel Virard est un des fondateurs de l’AHQ en 2005 avec Bernard Cloutier et Normand Baillargeon. Ingénieur et entrepreneur, il a également été administrateur des Sceptiques du Québec. il est depuis les tout débuts l’une des âmes dirigeantes de l’AHQ.
Cet agrégé de lettres, initialement prof de français, latin et de grec, a été en poste diplomatique pendant longtemps en Israel, en Algérie, en Iran. Il n’a pas perdu son temps. Il a étudié de près l’origine des monothéismes. Après avoir contribué à des ouvrages collectifs comme L’Histoire Universelle des Juifs (1992, Université de Tel-Aviv), il a produit une trilogie remarquable (Aux origines du Dieu unique), qui rend parfaitement compréhensible l’évolution de la religion pratiquée par les Juifs avant Jésus-Christ et surtout, cet accident de l’Histoire, qu’est l’émergence du monothéisme alors que le reste du monde s’est parfaitement contenté de variantes polythéistes. Avec L’Invention du monothéisme (2002), Soler propose une explication originale de l’invention du Dieu Un. Dans La Loi de Moïse (2003) il démontre que l’idée que l’Ancien Testament puisse être le fondement d’une morale universelle est fausse : le Pentateuque s’adresse exclusivement aux Juifs. Dans Vie et mort dans la Bible (2004) Soler met en évidence le rôle symbolique des aliments, des jeûnes, et des sacrifices des Hébreux.
Plus récemment, Soler a publié La Violence monothéiste ce qui, n’en doutez pas, lui a valu quelques solides inimitiés. En comparant les civilisations à dieux multiples (la Chine, la Grèce antique), et celles à dieu unique, Soler met le doigt sur un bobo qui fait encore mal aujourd’hui : il explique pourquoi et comment l’existence d’un dieu unique implique forcément un niveau extraordinaire d’intolérance et de violence. Et que les sociétés prises en otage par les monothéismes ont une propension plus grande au totalitarisme. La même logique implicite s’applique : un Dieu, un Chef et Une doctrine unique au service d’Un seul peuple. Maintenant, Soler nous a fait un cadeau utile. En 2012, il a repris toutes ses grandes idées et en a fait un ouvrage de 120 pages, lumineux. Si vous n’avez pas le temps de lire ses principaux ouvrages, il faut au moins lire Qui est Dieu ? (éditions Fallois, mars 2012).
«Cet agrégé de lettres classiques déconstruit les mythes et légendes juifs, chrétiens et musulmans avec la patience de l’horloger et l’efficacité d’un dynamiteur de montagne.» (Michel Onfray, Le Point n°2073, juin 2012).
Une des idées de Soler est tout à fait conforme au thème de notre prochain rassemblement humaniste à Montréal, les 3, 4 et 5 août. Une des conséquences de l’adoption d’un dieu unique jaloux a été de reléguer à l,arrière plan les divinités féminines, voir de les détruire complètement. Même si l’un des trois monothéismes, le christianisme, a laissé émerger une figure quasi-divine, la Vierge-Marie, il n’en est pas de même pour le Judaïsme et l’Islam qui sont restés extraordinairement misogynes : « Merci Yavhé, de ne pas m’avoir fait naître femme » doivent encore réciter les Juifs orthodoxes chaque matin. Pourtant, la Bible elle-même mentionne explicitement que Yavhé avait une déesse compagne, Ashéra mais elle a disparu quand les Hébreux sont passés de la monolâtrie (adoration privilégiée du dieu principal de leur panthéon) au monothéisme ethnique vers 630 BCE, sous le roi historique Josias. Les conséquences de ce changement touchent toujours la moitié des trois milliards de personnes se réclamant d’un monothéisme abrahamique.
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