Les six conférences en français au Congrès IHEU, le 4 août 2012, à Montréal:

par Août 15, 2012activités, Québec humaniste0 commentaires

Rodrigue Tremblay

Rodrigue Tremblay

Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal.

Ex ministre du Parti Québécois, économiste et membre de l’Association humaniste du Québec. Il est l’auteur des livres « Le nouvel empire américain », «  Le Code pour une éthique globale », de même que son dernier publié aux Éditions Fides et intitulé « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 ».

On peut le contacter à l’adresse suivante :rodrigue.tremblay1@gmail.com.

TITRE: “L’Homo digitalis” ou “Pourquoi nous vivons encore dans un monde à demi-civilisé”

RÉSUMÉ DE CONFÉRENCE: Nous vivons présentement une époque trouble. Il semble, en effet, que le contexte moral environnant se détériore au moment même où les problèmes sont de plus en plus globaux. Corruption politique, abus de pouvoir, mépris pour la primauté de la règle de droit, avidité incontrôlée, fraude et tromperie dans le domaine économique, graves crises économiques, inégalités sociales grandissantes, intolérance envers les choix individuels, scandales d’abus sexuels dans des organisations religieuses, mépris pour les problèmes environnementaux chez plusieurs, retour des absolutismes religieux, recours aux guerres d’agression (ou aux guerres préventives) et au terrorisme aveugle, ce sont là autant d’indicateurs que notre civilisation est présentement menacée et qu’elle est en fait une demi-civilisation. La technologie des communications évolue beaucoup plus rapidement que la conscience morale de l’homo digitalis, avec la conséquence que les sentiments d’empathie et de solidarité humaines sont en déclin, remplacés par un nombrilisme et un individualisme conservateurs grandissants.

Devant ce phénomène, qu’est-ce que l’humanisme, en tant que philosophie, peut contribuer au chapitre des idées, des concepts et des principes pour éviter que l’on revienne à une ère d’obscurantisme? Tout particulièrement, quel devrait être le champ d’application de l’empathie humaine en cet âge de mondialisation? —En fait, quels sont les principes humanistes universels de base d’éthique humaine? Pourquoi ne sont-ils pas plus largement acceptés et appliqués? Pourquoi peut-il être démontré qu’ils sont supérieurs à tout code d’éthique à base religieuse? Et, finalement, que devons-nous faire pour créer une civilisation vraiment humaniste?

Louise Mailloux

Louise Mailloux

Louise Mailloux est professeure de philosophie au niveau collégial et a été membre de l’Association humaniste du Québec. Elle est l’auteure de La laïcité ça s’impose! Éd. Du
Renouveau québécois.

TITRE: “La sexualité dans l’islam : une arme politique”

RÉSUMÉ DE CONFÉRENCE: Les religions sont obsédées par le sexe. Il est leur pire ennemi parce qu’il éloigne de Dieu et nous rapproche de la terre. Pas étonnant qu’elles déploient tant d’efforts pour juguler Éros. Alors que dans les épitres de St-Paul et les écrits de St-Augustin, le christianisme prône un net mépris du corps au point d’y faire l’éloge du célibat et de la chasteté, l’islam en revanche présente une vision plus positive de la sexualité, faisant de la jouissance sexuelle un élément indispensable à la bonne entente du couple. C’est du moins ce que certains spécialistes aiment à souligner lorsqu’ils parlent de la sexualité dans l’islam. Or si l’on se réfère au Coran, à la Sunna et à la Charia, les trois sources principales dont les musulmans s’inspirent pour conduire leur vie, nous constatons que les rapports entre les sexes et les comportements prescrits sont rigoureusement codifiés dans leurs moindres détails avec pour seul objectif, le devoir de procréer.

La vie et le sort des femmes musulmanes, le contrôle exercé sur leur corps et leur sexualité seront donc intimement liés à la procréation. Propriété du père, celle du mari dont elle doit garantir et augmenter la lignée, celle aussi de la communauté pour qui elle est une machine à enfanter des musulmans, ces femmes n’auront pas la moindre liberté. Interdiction pour une femme musulmane d’épouser un non-musulman, excision, pureté, voilement, ségrégation sexuelle, mariage précoce et forcé, violence conjugale, chasteté, virginité, répudiation, crime d’honneur, lapidation, polygamie, voilà le destin qui s’offre à elles. Et si le féminisme a permis aux femmes de se réapproprier leur corps et de libérer leur désir, à l’évidence, il n’a pas réussi à pénétrer l’islam.

Cette injonction à procréer et la morale sexuelle tribale qui en découle, exigent une instrumentalisation brutale du corps des femmes dans le but d’assurer un taux élevé de fécondité qui va permettre de maximiser la croissance démographique des musulmans dans le monde. Agrandir la Oumma par le ventre des femmes. Cette stratégie de reproduction réglé au quart de tour n’a rien à voir avec une quelconque ouverture à la sexualité, pas plus qu’avec la religion mais doit plutôt être comprise dans une perspective politique; celle d’un mode efficace et largement insoupçonné de conquête de l’islam.

Sonja Eggerickx

Sonja Eggerickx

Née en 1947, Sonja Eggerickx est de nationalité Belge. Néerlandophone d’abord et aussi francophone, elle est membre du comité exécutif de IHEU depuis 2002, présidente depuis 2006. Préalablement elle fut présidente d’une organisation belge néerlandophone humaniste et athée (Unie Vrijzinnige Verenigingen ou UVV)
Elle fut professeure d’école secondaire en morale laïque et présidente de l’Association
des professeurs de morlae laïque. Depuis 20 ans elle est inspecteure d’école pour ce sujet. Le 9 mars 2011, Sonja Eggerickx a reçu du vicepremier ministre belge, à l’occasion du centième anniversaire de la fête internationale de la femme, une distinction nationale dans l’enceinte du sénat.

TITRE: “La traite des femmes dans le monde dit civilisé: le problème des prostituées”

RÉSUMÉ DE CONFÉRENCE: Dans notre zèle d’être politiquement corrects nous avons parfois tendance à appeler les prostitués des « ouvriers du sexe », « sex workers ». Je ne doute pas qu’il y ait des femmes qui choisissent de gagner leur vie de cette façon mais la plupart n’ont pas le choix, soit pour des raisons économiques, soit à cause de la traite qui existe toujours et non seulement dans le Tiers Monde. En Europe de l’Ouest par exemple, il y a un trafic de femmes venant de l’Europe de l’Est, de pays qui veulent devenir membres de l’Union Européenne, ou même qui sont déjà membres et où la traite s’organise. L’intégrité du corps de la femme, et donc de la femme tout court, est tout à fait niée. Il y a des ONG locales qui luttent contre ce trafic mais elles travaillent plutôt dans la marge. En plus les gouvernements ont d’autres priorités. Le sort de ces femmes, beaucoup d’entre elles très jeunes, mérite notre attention.

Djemila Benhabib

Djemila Benhabib

Diplômée en science physique, en science politique et en droit international, Djemila Benhabib consacre une partie de son temps à l’écriture. Ses deux livres Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident (2011) et Ma vie à contre-Coran (2009) connaissent un succès fulgurant. Une troisième publication est prévue cet automne qui aura pour thématique le printemps arabe et les femmes. Finaliste pour le prix du Gouverneur général du Canada 2009, elle remporte le prix des Écrivains francophones d’Amérique. Le magazine québécois Châtelaine la classe parmi les cinquante femmes qui ont marqué le Québec les cinquante dernières années et s’est vu attribuer le Prix Femmes de mérite 2010 du YWCA dans la catégorie communications. Née en Ukraine en 1972 d’une mère chypriote grecque et d’un père algérien, Djemila Benhabib a grandi à Oran en Algérie dans une famille de scientifiques, ouverte et cultivée, engagée dans les luttes politiques et sociales. Condamnée à mort par les islamistes, elle se réfugie
en France en 1994 puis s’installe au Québec en 1997.

TITRE: “Les femmes arabes ont-elles un sexe ?”

RÉSUMÉ DE CONFÉRENCE: Pourquoi faire semblant? Pourquoi le nier ? Pourquoi le cacher? Les sociétés arabes sont malades sexuellement. Comment pourrait-il en être autrement alors que pour exister les femmes se résignent à effacer leur corps et à mutiler leur sexualité ? Ce corps par lequel arrivent tous les scandales. Les femmes arabes ont-elles un sexe? La question m’est venue spontanément à l’esprit alors que j’assistais en Tunisie le 18 mai dernier à une conférence intitulée « Psychanalyse et croyance », qui se déroulait à Beït el-Hikma (la maison de la sagesse), un somptueux palais mauresque à Carthage. C’est là que j’ai appris par la bouche de la psychanalyste Nedra Bensmail que de plus en plus de femmes dans son pays ont recours à une chirurgie de reconstruction de l’hymen avant le mariage, si bien que seules 20% d’entre elles seraient des ‘’vraies vierges’’! Voilà, ces paroles sont sorties de sa bouche au naturel, presque comme un bulletin météo! Il faisait doux à Carthage, ce jour là, ni trop chaud, ni trop froid. Les vagues caressaient les rochers. D’élégantes mouettes dansaient dans le ciel. A travers les touffes de bougainvillier qui arpentaient les façades de ses somptueuses villas de style colonial, la vie n’était qu’ondulations.

Attablée à une terrasse de la rue Alfy où je n’avais pas mis les pieds depuis dix ans, j’observais une foule bigarrée composée de femmes presque toutes voilées, bien plus que lors de mon précédant voyage. Pourquoi cette recrudescence des voiles? Surtout, ne me dites pas que c’est par « modestie » ou « piété » car je voyais bien que dans ces yeux noirs, ostensiblement soulignés de khôl, protégés par des cils interminables et des sourcils saillants, comme à l’époque des pharaons, tout suggérait le désir et célébrait la féminité. Érotisme? Oh que oui! A côté de toutes celles qui redoublent de coquetterie pour « cacher » sans vraiment « cacher », il y a aussi celles qui sont noyées dans leur niqab ne laissant apparaitre qu’une infime fente au niveau des yeux. Khadiga, explique à un journal égyptien qu’elle se sent fière de porter le niqab, « c’est l’emblème de la liberté conquise, grâce à la révolution. »

Vous voulez mettre un pied dans l’espace public? Eh, bien cachez-vous, voilez-vous, disparaissez sous les étoffes. Vous voulez exister ? Abandonnez vos corps. Sortez de vos chairs. Sinon, restez-dans vos maisons. Le deuil à faire n’est finalement plus celui de la femme mais celui de la féminité. Car une fois la féminité évacuée, le sort de la femme ressemble un peu à celui de l’Histoire écrite telle que suggérée par l’écrivain algérien Boualem Sansal dans Rue Darwin: « (…) L’histoire comme un arbre coupé de sa terre, ébranché, écorcé, rectifié, débarrassé de ses nœuds et rangé dans un coin. C’est une grume lisse qu’on peut emporter aisément ». 

Michèle Singer

Michèle Singer

Michèle Singer est directrice d’école retraitée, membre du bureau de la fédération du Val d’Oise de la Libre Pensée. Elle participe à la revue l’Idée Libre. Elle est secrétaire de l’Association des amis de Maria Deraismes, cette grande féministe libre-penseuse. Michèle Singer milite pour la défense des droits des
femmes sur diverses questions notamment la défense de la santé des femmes et la défense de la gynécologie médicale.

TITRE: “L’Égalité des droits d’abord”

RÉSUMÉ DE CONFÉRENCE: La question de l’égalité de l’homme et de la femme dans notre société sera abordée par un exposé analysant surtout les problèmes politiques, économiques et sociaux selon cet angle de vue : L’égalité des droits d’abord.

Il sera montré combien le rôle des religions, toutes les religions, est prépondérant pour maintenir les discriminations surtout dans ce temps de crise économique que nous traversons. Le combat laïque a donc pour meilleur allié le combat contre l’exploitation: c’est l’égalité en droits qui nous importe le plus, à nous, Libres penseurs de France, comme objectif émancipateur des hommes et des femmes. Comme disait Maria Deraismes : « La femme étant l’un des deux grands facteurs de l’humanité et de la civilisation, tout ne s’étant fait, en bien comme en mal, que par l’action mixte des deux sexes, reconnaissons que nulle loi, nulle institution qui ne portera pas l’empreinte de la dualité humaine ne sera viable ou durable. »

CLAUDE BRAUN

CLAUDE BRAUN

Administrateur et éditeur en chef du "Québec humaniste"

Claude Braun a été professeur de neurosciences cognitives à l'UQAM de nombreuses années. Retraité depuis peu, Il a publié nombres de documents de recherches sur le sujet. Il a été également éditeur du "Québec laïque"  et est depuis quelques années l'éditeur en chef  de notre revue "Québec humaniste" Il a également publié "Québec Athée" en 2010. Téléchargeable gratuitement en utilisant ce lien avec  les compliments de l'auteur.

TITRE: “La condition de la femme et la sécularisation des peuples”

RÉSUMÉ DE CONFÉRENCE: Cette conférence présentera des analyses statistiques de données recueillies par divers organismes comme l’Organisation des Nations Unies sur la majorité des pays du monde pour

déterminer divers liens entre la condition des femmes et la sécularisation des peuples. Il fut une longue époque où les religions révélées ont dominé les peuples du monde entier. Or toutes les grandes religions sont patriarcales dans leurs dogmes et dans leur application, encore aujourd’hui. Il sera expliqué en quoi et pourquoi tel ne fut pas le cas dans la mentalité religieuse des peuples chasseurs-cueilleurs. C’est l’avènement du mode de vie agriculturel, de la domestication des animaux, de l’urbanisation et des guerres à grande échelle qui a favorisé l’avènement du monothéisme patriarcal. Toutefois, il sera démontré que ce n’est pas l’évolution des peuples vers l’égalité hommes-femmes qui fut le moteur principal de la sécularisation. Par ailleurs, les femmes sont plus « religieuses » que les hommes, dans presque tous les pays du monde. Cette différence entre les sexes caractérise même davantage les pays les plus « modernes ». Des pistes de réflexion sur ces deux phénomènes surprenants seront abordées à la fin de la présentation.

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