Compte-rendu de lecture de Islam and the roots of tolerance
Loyla Leroux
Membre du conseil d'administration de l'AHQ
Loyola Leroux a enseigné la philosophie pendant 36 années au Cégep de Saint-Jérôme; baccalauréat en philosophie (UQAM)
Dans le coin droit…
Pour tous ceux et celles qui s’intéressent un tant soit peu à l’athéisme le nom de Sam Harris vous est certainement familier. Écrivain à succès (The End of Faith (la fin de la foi), Letter to a Christian Nation (lettre à une nation chrétienne) The Moral Landscape, How Science can Determine Human Values (Le panorama moral, comment la science peut définir les valeurs humaines), spécialistes des neurosciences et défenseur de la science, il a été et continue d’être un participant de plusieurs débats et conférences où il défend l’athéisme comme étant un choix non seulement rationnel, mais aussi moral.
Et dans le coin gauche..
Maajid Hawaz. Ce nom ne dira sans doute rien à la plupart des gens, mais ce musulman modéré a un parcours des plus intéressants. Né en Angleterre, où il vit toujours, Hawaz a personnellement souffert, a de multiples reprises dans sa jeunesse, du racisme institutionnel ambiant de la société anglaise envers les musulmans. Sa révolte contre ce système l’a poussé à rejeter la société dans lequel il vivait et éventuellement se joindre, à l’âge de 16 ans, à une organisation « révolutionnaire » musulmane, Hizb ut-Tahir. Ce groupe fondé à Jérusalem en 1933 fut un premier à prôner la création de « califats » ou si on préfère « d’états islamiques ». Hawaz fut très actif au sein de cette organisation voyageant dans plusieurs pays européens et asiatiques pour créer des groupements locaux associés à Hizb ut-Tahir. Condamné à 5 ans de prison comme prisonnier politique en Égypte, il fut libéré grâce à l’intervention d’Amnistie internationale. Cet événement, a eu un profond impact sur lui et l’a poussé, pour la première fois avoue-t-il, à sérieusement examiner l’idéologie pour laquelle il avait fait montre de tant de zèle. Ce parcours l’a amené à fonder sa propre organisation « Quilliam » [1] la première organisation antiextrémisme musulmane. Pour en savoir plus sur le personnage on peut lire son récit autobiographique « Radical » [2].
Le résultat de la rencontre entre ces intellectuels a donné « Islam and the future of tolerance, a dialogue » et c’est effectivement ce dont il s’agit, un échange de vues entre Harris l’athée et le musulman modéré (oui, une telle chose existe), Nawaz.
Ceux qui s’attendent à un débat féroce entre le célèbre athée et le musulman seront déçus. La conversation reste en tout temps respectueuse et les deux protagonistes font preuve d’un esprit d’ouverture à l’autre qui les honore. Au fait, connaissant les opinions maintes fois répercutées de Harris sur l’Islam, j’ai l’impression que celui-ci s’est retenu pendant l’échange pour ne pas brusquer inutilement son interlocuteur.
La conversation comme telle se divise en plusieurs sujets;
« The roots of extremism » (les racines de l’extrémisme) est un échange très intéressant dans la mesure ou Nawaz est extrêmement bien placé pour en discuter étant donné son passé. Tous ceux qui se posent des questions sur les causes de l’extrémisme chez les jeunes vont trouver la matière à réflexions. ·
« The scope of the problem » (l’étendue du problème) ·
« The power of belief » (la puissance de la croyance) ·
« The betrayal of liberalism » (le libéralisme trahi) ·
« The nature of Islam » (la nature de l’Islam) ici Sam Harris est un peu plus mordant dans ses répliques et questions. ·
« Finding the way forward » (le chemin à venir)
Somme toute, « Islam and the future of tolerance » est une lecture intéressante dans la mesure où ce genre de dialogue est trop rare dans l’espace public où les positions de chacun sont souvent très campées, encore plus avec les récents évènements terroristes que nous avons vécus. Ce livre a le mérite de nous rappeler que tout n’est pas complètement noir et blanc entre les fidèles de Mahomet et le reste du monde, et que oui, il existe des musulmans modérés qui se désolent des actions de certains de leurs semblables.
- . http://www.quilliamfoundation.org/
- http://www.amazon.ca/gp/product/B00MJD7CW0/ref=dpkindle-redirect?ie=UTF8&btkr=1
FEREZ-VOUS CONFIANCE À
CET HOMME POUR
COMBATTRE LE
TERRORISME ISLAMISTE ?
L’Arabie saoudite vient de former une coalition islamique pour lutter contre le terrorisme, annonce-t-elle. La coalition comprendrait 34pays dont l’Égypte, la Turquie, les Émirats arabes Unis, mais aussi des pays d’Afrique et d’Asie. L’Iran, grand rival de Riyad, n’en fait
pas partie.
Mais compte tenu du comportement passé du roi actuel d’Arabie Saoudienne, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, organisant littéralement et finançant le terrorisme islamiste à travers le monde, n’est-il pas plus plausible de penser qu’il se servira de sa nouvelle coalition plutôt pour fomenter encore plus de radicalisme salafiste sunnite, d’ignorance, de brutalité, d’exactions, de torture, de fanatisme, de guerres (comme celle en cours au Yemen) et de terrorisme ?
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