Richesse de l’Église
La Raison : Bulletin Rationaliste de Libre Critique, 1979, Volume 1, Numéro 3, pp. 10-11.
Le Vatican est le seul « État », le seul gouvernement au monde qui ne publie aucun budget, aucun bilan. Il « possède » seul les banques, qui ne subissent aucun contrôle de la part de leurs actionnaires. Il est ainsi bien difficile d’évaluer son colossal portefeuille. Nous devons par conséquent nous contenter des évaluations faites par des journaux et économistes français, américains et allemands. Ces estimations ne touchent d’ailleurs que le capital financier du Vatican et laissent à notre imagination les chiffres correspondant aux biens matériels comme les églises et autres lieux de culte, les peintures et les bijoux (la tiare pontificale à elle seule est évaluée à plusieurs millions de dollars), les centaines de milliers d’hectares de terrain, etc.
En 1957, le journal économique français, les Échos, estima les seules réserves d’or du Vatican déposées à la Federal Reserve Bank de Washington, à 5,000 milliards de francs. Le Times de l’époque estimait le patrimoine catholique entre 10 et 15 milliards de dollars. Le 27 mars 1965, The Economist (américain) écrivait; « avec un portefeuille de titres représentant une valeur de quelque deux milliards de livres sterling, le pape est le plus important actionnaire au monde. » À la même époque, Paul VI confiait à des cardinaux qu’il ressentait une « sainte angoisse » face aux limites de ses ressources financières [1]. Or les ressources financières sont administrées par différentes organisations bancaires sous la responsabilité du Vatican. Entre autres, on connaît La Banco, di Santo Spiritu, la Banco di Roma, La Societa Immobiliara, la Sogene et l’Instituto per le Opere di Religione. Cette dernière a fait l’objet d’un reportage de la revue américaine Newsweek en septembre 1978. On y apprend que la presse italienne, entre autres l’hebdomadaire financier Il Mundo a accusé le Vatican d’employer « des moyens sans scrupule » pour mener ses affaires. Il est question particulièrement d’évasion fiscale et de spéculation sur la lire italienne. L’Instituto Per le Opere di Religione administre les 52.5 milliards que lui ont confiés 7,000 clients. Enfin l’article rapporte l’affirmation d’un spécialiste des finances du Vatican Don Giovanni Cereti, selon laquelle : « Le Vatican est financièrement dépendant du système capitaliste ». Ainsi va l’Église des pauvres.
- Rapporté par Jean-Jacques Thierry dans Les finances du Vatican, éd. Guy Authier, p.136. Dans ce livre, Thierry cherche surtout à minimiser et à justifier la richesse du Vatican, mais il n’en fournit pas moins une foule d’informations souvent renversantes.
Consultez le nouvelle archive de la revue La Raison: Bulletin de la Libre Pensée (1979-1984, les 28 numéros) sur le site internet de l’Association humaniste du Québec à l’adresse suivante : https://assohum.org/archives- de-la-revue-la-raison/
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