La communion, bestialité
La Raison : Bulletin Rationaliste de Libre Critique, 1979, Volume 2, Numéro 1, pp. 2-4.

Alors que vient faire le cannibalisme là-dedans ? Que dirait un maître d’un esclave qui pousserait la soumission et le dévouement jusqu’à vouloir le dévorer ? Lorsque je désire rendre hommage à quelqu’un, lui exprimer ma reconnaissance, lui manifester mon amour, je ne songe pas à l’ingurgiter. Le cannibalisme est-il la plus fine fleur que la civilisation humaine puisse produire ? Est-ce un comportement humain désirable ? Si oui, qu’attendons-nous alors pour nous dévorer les uns les autres ? Tant de prétention intellectuelle, tant de mépris de tout ce qu’est la vie humaine (si belle pourtant et la seule que nous ayons), tant de haine du corps ; pour en arriver à ça ?
On reste surpris devant tant de sauvagerie. La bête sauvage, plus féroce que les humains, se profile derrière l’angélisme chrétien. Le christianisme est loin de préconiser des comportements humains exemplaires, ici comme ailleurs. Je suis prêt à discuter pour ou contre le cannibalisme. Mais ce cannibalisme hypocrite, qui refuse de porter son nom, me répugne. Si j’étais croyant, je trouverais d’autres formes de relations avec mon dieu. Entre autres, la sexualité si horriblement mutilée et martyrisée par les chrétiens depuis toujours… On se demande, par ailleurs, comment les missionnaires expliquent la chose, la communion, aux vrais cannibales, qui, eux, devraient s’y reconnaître et n’avaient pas honte, eux, de pratiquer ce qu’ils prêchaient. On me dira finalement que Jésus est à l’origine de cette cérémonie. Je répondrai tout d’abord qu’il est facile de faire dire aux défunts ce qu’on veut leur faire dire (Marx et Mao, entre autres, en savaient quelque chose) et que l’accent mis sur telle ou telle chose qu’un défunt a pu dire ou faire de son vivant (un être humain dit et fait bien des choses dans sa vie) révèle plus la personnalité ou les obsessions des vivants que celles du défunt. De toute manière, Jésus, s’il a existé, souffrait d’aliénation mentale. Cet homme se disait dieu. Il n’y a pas de drame à ça, les hôpitaux psychiatriques en sont pleins. Les malades mentaux ont leur vie propre et leur propre conception des choses qui n’est pas en soi à mépriser. De là à baser toute une civilisation là-dessus, il y a une marge cependant.
Consultez le nouvelle archive de la revue La Raison: Bulletin de la Libre Pensée (1979-1984, les 28 numéros) sur le site internet de l’Association humaniste du Québec à l’adresse suivante : https://assohum.org/archives- de-la-revue-la-raison/
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