Humaniste en forme
Dr. Christian Gélinas
Dans mon article précédent, je vous ai présenté le modèle biopsychosocial de l’humain. J’aime beaucoup ce modèle enseigné aux médecins québécois lors de leur formation en psychiatrie. Ce modèle divise l’humain en trois composantes. Le bio fait référence à la santé physique. Le psycho c’est la santé mentale. Le social fait référence à l’environnement social ou les interactions entre humains. L’aspect le plus important à comprendre de ce modèle c’est que les trois composantes sont interreliées. Un problème social aura des conséquences sur le psycho, puis sur le physique, de ceux qui le subissent. Un problème physique affectera le psycho et le social de la personne. Quand l’association humaniste du Québec se bat pour promouvoir la laïcité ou l’aide médicale à mourir par exemple, c’est pour améliorer la santé sociale (diminuer les conflits entre humains à cause des religions) tout en ayant comme conséquence indirecte d’améliorer la santé psychologique et physique de la population générale.
L’utilisation du mot biopsychosocial est importante pour que notre cerveau garde à l’esprit les trois composantes de l’humain. Je vous encourage à adopter le mot biopsychosocial pour vous rappeler que toutes les actions que vous faites pour améliorer la santé bio, la santé psycho ou la santé sociale des gens qui vous entourent, sans référence au surnaturel et dans le respect des droits et libertés, c’est de l’humanisme.
Bien que les plus grands problèmes de notre époque soient la surpopulation, les changements climatiques, la pollution, la perte de biodiversité, les religions et le non-respect des droits universels de la personne, sujets abordés régulièrement dans cette revue, nous avons à faire face à un ennemi sournois dans notre vie quotidienne : la sédentarité, c’est-à-dire le manque d’exercices physiques, avec ses conséquences sur notre santé biopsychosociale. Je veux revenir sur cet aspect bio de la santé biopsychosociale que j’ai abordé dans mon premier article en vous parlant des recommandations de la Société Canadienne de Physiologie de l’Exercice (SCEP). À la fin de cet article, j’ai mis la fiche des recommandations de cet organisme canadien qui sert de base aux professionnels de la santé. La fiche s’adresse aux adultes de 18 à 65 ans, mais la fiche pour les personnes plus âgées est essentiellement la même. Vous aurez peut-être constaté que les médecins omnipraticiens du Québec encouragent leurs patients à adopter les recommandations de la SCEP et peut-être avez-vous reçu de votre médecin une prescription pour faire plus d’exercices physiques. Vous aurez peut-être constaté que les médecins omnipraticiens se sont associés au « Grand défi Pierre Lavoie » pour encourager les Québécois à être plus actifs physiquement.
Les recommandations de la SCEP sont basées sur les données probantes des sciences, sans référence au surnaturel ou à une vie après la mort. D’ailleurs, vous remarquerez qu’il n’y a pas de révélations divines dans les textes des principales religions qui encouragent les humains à faire de l’exercice physique régulièrement pour leur bonheur. En fait, la pratique des religions est basée sur des activités sédentaires comme la prière, le jeûne, la lecture de textes religieux et les réunions de groupe. Voici donc un indice de plus démontrant que les textes sacrés des principales religions ne sont pas des révélations divines, mais des textes reflétant les ignorances scientifiques et les erreurs philosophiques de leurs auteurs.
Cependant, la promotion de l’exercice physique n’est pas un encouragement à faire du sport de compétition. Je ne fais pas la promotion de la compétition. Je n’encourage pas mes patients à participer à des courses ou des marathons par exemple. L’exercice physique doit rimer avec plaisir. Vous pourriez adopter simplement la marche rapide pratiquée autour de chez vous régulièrement en suivant les recommandations de la SCEP. Bien que j’aime beaucoup la devise du mouvement olympique « Un esprit sain dans un corps sain », pour moi l’olympisme c’est du spectacle et ce n’est pas de la promotion de la santé. Le sport professionnel aussi c’est du spectacle et ce n’est pas de la promotion de la santé. Vous remarquerez d’ailleurs qu’il y a une augmentation de la sédentarité et de l’obésité dans nos sociétés qui est inversement proportionnelle avec le développement des sports professionnels et olympiques. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à l’échelle mondiale, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975. En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes étaient en surpoids. Sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses. Je ne recommande pas à nos dirigeants d’investir de l’argent dans les sports professionnels et olympiques s’ils ont l’espoir d’encourager les gens ordinaires à faire plus d’activités physiques. Les sports professionnels et olympiques n’ont jamais eu autant de visibilité dans nos sociétés et pourtant cela n’a pas eu d’impact sur le niveau d’activité physique dans la population générale. Faut-il interdire à nos gouvernements d’investir dans les sports professionnels et olympiques? Je ne le sais pas. Il est possible que les investissements publics dans ces domaines aient des retombées indirectes positives pour le grand public, en améliorant les équipements et la sécurité, en stimulant la recherche scientifique et l’innovation, en améliorant les connaissances des problèmes de santé reliés aux sports et leurs traitements. Cependant, je préfère de beaucoup que nos dirigeants investissent de l’argent dans tout ce qui peut augmenter l’activité physique des gens ordinaires, par exemple, en augmentant les pistes cyclables, en subventionnant le « Grand défi Pierre Lavoie », en modifiant des quartiers pour favoriser la marche, en augmentant les heures d’activités physiques à l’école, etc.
Les données probantes des sciences démontrent que l’exercice physique pratiqué régulièrement améliore la santé physique des personnes et augmente l’espérance de vie, surtout l’espérance de vie en bonne santé. Elle a aussi des impacts importants sur la santé mentale des individus. Les personnes en bonne santé physique et mentale ont un impact positif sur la société et améliorent la santé sociale. Je vous encourage donc à adopter les recommandations de la SCEP. Bien que personne ne soit un humaniste parfait, selon moi un humaniste devrait s’appliquer autant à mettre en pratique les recommandations de la SCEP qu’à promouvoir la laïcité et les solutions contre les changements climatiques.
Bonne santé biopsychosociale.
Soyez des humanistes en forme.
*Christian Gélinas est membre de l’Association humaniste du Québec
Références:
-Société canadienne de physiologie de l’exercice. 2018. Directives canadiennes en matière d’activité physique à l’intention des adultes âgés de 18 à 64 ans et de 65 ans et plus. https://csepguidelines.ca/fr/
-Le grand défi Pierre Lavoie. https://www.legdpl.com/
-Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Obésité et surpoids. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight
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