Déclaration commune de la Libre Pensée (France) et de la National Secular Society (Royaume-Uni)
CLAUDE BRAUN
Administrateur et éditeur en chef du "Québec humaniste"
Claude Braun a été professeur de neurosciences cognitives à l'UQAM de nombreuses années. Retraité depuis peu, Il a publié nombres de documents de recherches sur le sujet. Il a été également éditeur du "Québec laïque" et est depuis quelques années l'éditeur en chef de notre revue "Québec humaniste" Il a également publié "Québec Athée" en 2010. Téléchargeable gratuitement en utilisant ce lien avec les compliments de l'auteur.
Crimes des Églises et pédophilie : L’Église doit rendre des comptes devant la Justice des hommes !
Nouvelle semaine, nouveau cardinal condamné. Jeudi 7 mars le plus haut personnage de l’Église catholique en France, l’archevêque de Lyon Philippe Barbarin, a été condamné pour ne pas avoir signalé les abus sexuels répétés commis par des prêtres sur 70 mineurs. Philippe Barbarin a été condamné à 6 mois de prison avec sursis. Il va faire appel, mais a néanmoins indiqué présenter sa démission au Pape. En 2016, les charges avaient été abandonnées par le Procureur, après l’intervention publique du pape François. Les victimes avaient alors engagé des poursuites pénales. La Libre Pensée et la National Secular Society s’étaient élevées contre la décision du procureur d’abandonner les poursuites et contre l’abandon du procès un peu plus tard par le ministère de la Justice. Une audience antérieure a même été abandonnée en raison de l’incapacité de traduire une assignation en espagnol ! Beaucoup de forces se sont liguées pour empêcher que la Justice soit rendue aux victimes. Le résultat de ce procès est une énorme victoire pour les victimes, en particulier parce qu’ils avaient peu d’argent, qu’ils s’attendaient largement à un échec et parce que le Procureur avait requis une relaxe.
Philippe Barbarin était informé des abus au moins depuis 2010, la première plainte remontant à 1991, et avait admis que sa réaction à ces accusations avait été « tardive ». Il avait même attribué cela à un mauvais conseil juridique. Un dignitaire officiel du Vatican lui avait également conseillé « d’éviter… le scandale public », mais – au milieu de toutes les critiques – lui évita d’être jugé en invoquant l’immunité. Tout en reconnaissant que peu de parents étaient au courant des agressions, la défense de Philippe Barbarin a exprimé sa surprise que les victimes aient reproché à l’Église de ne pas avoir brisé le silence, plutôt qu’à leurs parents ou à d’autres adultes qui veillaient sur eux. En clair, les victimes étaient quand même un peu coupables… Une des victimes a analysé le verdict comme « une victoire majeure pour la protection des enfants… un message fort… adressé à l’Église en France, dans le monde et au pape François ». « Cela va grandement encourager les gens à parler ». Les victimes du cardinal Pell, condamné la semaine dernière, ont désormais intenté des poursuites civiles également.
Le combat des victimes a été décrit dans un film qui a été projeté en France, en dépit du fait que le procès de l’accusé présumé n’était pas terminé. Le titre « Grâce à Dieu » est tiré d’une citation de Philippe Barbarin : « La majorité des faits sont prescrits, grâce à Dieu ». Quelle honte !
Les faits ont été établis Les coupables ont été désignés Un dignitaire de l’Église catholique a été condamné parce qu’il a été reconnu coupable Justice doit être rendue pour toutes les victimes des religieux !
Keith Porteous Wood, Président de la National Secular Society et porte-parole de l’Association Internationale de la
Libre Pensée a déclaré : « La condamnation de Barbarin, et la semaine dernière celle de l’ultra-conservateur cardinal Pell en Australie pour 5 cas d’abus sexuels sur des mineurs, marquent un tournant dans la situation et le Pape aggraverait encore l’indignation s’il refusait d’accepter la démission de Barbarin. J’espère que la question sera posée dans ce paysconstitutionnellement laïque qu’est la France : Pourquoi le procureur était si soucieux d’éviter un procès et la condamnation du cardinal Barbarin, alors qu’il y avait tant de preuves évidentes ? Il faut néanmoins rappeler que le procès de Barbarin ne pourrait pas avoir lieu en Grande-Bretagne puisque nous n’avons pas le signalement obligatoire – alors que 80% des pays l’ont d’une manière ou d’une autre (http://mandatenow.org.uk/why-we-exist/). Il est crucial que nous légiférions de manière urgente pour introduire cette obligation de signalement d’abus sexuels présumés ou reconnus sur des enfants, sans exception pour les institutions religieuses. » Considérant que la Commission royale australienne a constaté, qu’en moyenne, il a fallu 33 ans pour que les victimes d’abus fassent une réclamation et que le procès Barbarin et d’autres ont montré aussi que les faits ont pu être révélés des dizaines d’années après que les victimes furent majeures, la National Secular Society (du Royaume-Uni) et la Fédération nationale de la Libre Pensée française estiment que pour les affaires criminelles et civiles pour violences sexuelles, la prescription devrait être de cinquante ans après les présumés actes et/ou à défaut de signalement, 30 ans à compter de la connaissance de l’abus. La Libre Pensée rappelle qu’elle a demandé à être auditionnée par la Mission d’information du Sénat, et qu’elle serait accompagnée par Keith Porteous Wood, rapporteur sur ces problèmes à la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU et, qu’à ce jour, elle n’a reçu encore aucune réponse à cette demande.
Lyon, le 12 mars 2019
…
NDLR Depuis le lancement du présent communiqué, le gouvernement australien a effectivement trouvé le cardinal
George Pell COUPABLE d’abus sexuels sur des mineurs. Ces condamnations de Barbarin et Pell, hauts officiers
de cette église, illustrent qu’il est possible et souhaitable de mettre l’église catholique au pas de la Justice terrestre
lorsqu’elle s’engage dans des crimes définis par les lois nationales ou ententes internationales séculières. On sait
maintenant que l’église catholique a érigé, telle une mafia, un système secret de protection des prêtres pédophiles
et agresseurs sexuels. Cette collusion institutionnelle, secrète, active, hautement organisée et financée à grand coût,
a été érigée par la plus haute direction de l’église catholique avec l’aval de plusieurs papes. Ces papes doivent
maintenant eux aussi être traduits en justice.
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