Quelques réflexions faisant suite à ma lecture du livre de Daniel Baril « Tout ce que la science sait de la religion »

par Juil 9, 2018actualités, Articles de fond, Livres, Québec humaniste, Religions0 commentaires

Michel Belley

Michel Belley

Membre de l'Association humaniste du Québec

Michel Belley a déjà siégé au CA de l’AHQ. Il est actuellement le président des sceptiques du Québec.

Daniel Baril a publié récemment un excellent livre intitulé Tout ce que la science sait de la religion. Ce livre résume bien l’état des recherches sur le phénomène religieux, et plus particulièrement sur les grandes religions monothéistes. Il l’a
aussi résumé dans un article du journal Huffington Post.

Dans les paragraphes qui suivent, j’aimerais en exposer quelques points saillants et partager quelques-unes des réflexions que cette lecture a suscitées chez moi.

Non-complémentarité entre science et religion (Chap. 1)

Dans le premier chapitre, Baril aborde le sujet de la complémentarité ou de la non-complémentarité entre la religion et la science. Il y donne son avis sur le non-chevauchement des magistères (NOMA, pour non-overlapping magisteria). À ceux qui prétendent que la science ne peut rien dire sur la religion, Baril répond que si un ou des êtres intelligents ou invisibles peuvent être en relation avec l’homme, l’effet

de cette relation sur l’homme devrait pouvoir être mesuré. Par exemple, si un dieu existe, il devrait favoriser ceux qui y croient, qui le prient ou qui le servent. Ces croyants devraient être soit en meilleure santé, soit plus heureux, soit plus riches. Et c’est exactement ce genre de phénomène que la science peut étudier, et ce sont les résultats de ces études que Baril a analysés dans son livre.

Quant à l’existence d’un être intelligent invisible qui favoriserait un groupe de croyants, la science va plutôt rejeter par principe cette hypothèse et analyser d’autres possibilités qui pourraient expliquer le phénomène observé. Et c’est bien là qu’il y a incompatibilité entre la croyance religieuse et l’approche scientifique dite matérialiste.

Il y a cependant un point avec lequel je suis partiellement en désaccord avec l’auteur. Baril souligne que les gens religieux sont souvent en désaccord avec la science, et que « plus on est religieux, moins on accepte les données de la science » (p 20). Cela n’est vrai que si l’on prend comme mesure de la religiosité le fondamentalisme face aux textes religieux. Il y a pourtant beaucoup de personnes très croyantes, mais qui vont développer leur propre interprétation de leur religion tout en acceptant une bonne part des théories scientifiques. Par exemple, ils peuvent adhérer à la théorie de l’évolution tout en y ajoutant un dieu qui donne un coup de pouce de temps en temps.

J’ajouterai que bien des nouveaux mouvements religieux incorporent des données scientifiques à leurs croyances, même si elles sont souvent prises hors contexte. La science réussit dans bien des cas à influencer les croyances et pratiques religieuses. Chez certains groupes, cela va même jusqu’à la recherche des « vérités scientifiques » contenues miraculeusement dans les textes sacrés, ce qui serait une preuve de leur origine divine (Ex. : Ijaz musulman).Bien que cette approche soit fortement critiquable, elle démontre quand même une certaine pénétration des théories scientifiques, même si elles sont déformées, dans la pensée de ces croyants.

Les sondages sur les pratiques religieuses (Chap. 2)

Plusieurs sondages ont été réalisés sur les différentes pratiques religieuses, mais ils ont une forte tendance à donner des résultats très contradictoires. Par exemple, on obtient une proportion non négligeable de catholiques athées au Québec, ainsi que des athées qui croient à la survie de l’âme !

L’un des problèmes est la définition des termes athéisme et Dieu(x). On peut donner une définition stricte de l’athéisme comme l’absence de croyance en des êtres surnaturels. Une définition philosophique plus large inclurait aussi l’incroyance face aux phénomènes surnaturels (âme, résurrection, réincarnation, vie après la mort, etc.). Daniel Baril (et l’AHQ) utilise cette seconde définition, tout en s’étonnant que des personnes s’identifiant comme athées puissent croire à la survie après la mort.

C’est sans compter les croyances panthéistes, qui sont en hausse au Québec (28 % de la population en 2016). Dans les monothéismes, on a une relation de pouvoir entre un dieu créateur et ses créatures, qui lui sont inférieures. Par contre, dans le panthéisme, il n’y a pas d’être supérieur. Les panthéistes croient en une force ou une intelligence cosmique universelle qui englobe tout l’univers, dieux, humains,
animaux et choses inclus. Comme l’humain fait partie de cette intelligence cosmique, on ne peut pas vraiment l’identifier à un dieu. Plusieurs de ces croyants s’identifient donc comme athées (s’ils ne croient pas aux dieux comme dans le bouddhisme et certains courants hindouistes), mais avec souvent une croyance en la survie de l’âme, qui fait partie de l’intelligence cosmique.

Quant aux catholiques athées, Baril explique bien cette particularité. Les Québécois s’identifient comme catholiques parce qu’ils ont été baptisés, ou parce que leurs parents sont catholiques. La croyance en Dieu ne serait pas essentielle… Il rapporte un phénomène similaire
en Russie. La religion procéderait donc de l’identification à un groupe plutôt que de l’adhésion à un ensemble de croyances. J’ajouterai
qu’on a un phénomène similaire avec l’Islam : les incroyants ne peuvent souvent pas déclarer publiquement leur état, ni même lors des sondages, de peur d’être identifiés comme apostats, ce qui est passible de la peine de mort dans le Coran.

Un autre problème avec les sondages, c’est que plusieurs d’entre eux mesurent une diminution de la religiosité organisée, c’est-à-dire une désaffiliation croissante face aux pratiques religieuses publiques (fréquentation des églises, mariages, baptêmes, etc.). Certains en ont conclu que la fin du religieux est proche. Par contre, ces sondages ne mesurent pas les autres formes de croyances qui sont en progression constante. On passe donc des religions organisées aux croyances à la carte, qu’on choisit selon ses préférences. La religiosité se transforme, et ne diminue pas vraiment.

Religion et santé (Chap. 3)

Plusieurs études intéressantes sont résumées par Baril sur la religiosité et la santé. Selon ses conclusions, « c’est le réseau social associé à la communauté de croyants qui constitue le véritable facteur protecteur ».

J’ajouterais cependant une petite réflexion par rapport aux résultats d’une métanalyse qui lie la longévité à la pratique religieuse publique (p 56). Cela ne me surprend nullement, parce que je n’y vois pas de lien de cause à effet, mais plutôt un lien entre ces deux variables (longévité et pratique publique) et la santé. Les croyants malades ne peuvent souvent pas continuer à pratiquer et à se rendre à l’église toutes les semaines, alors que les croyants en bonne santé le peuvent. La pratique publique pourrait donc être une « mesure » de la santé des croyants. Le lien supposé avec le réseau d’aide psychosociale pourrait aussi aider, mais je pense personnellement que la variable majeure pourrait être la capacité de se rendre ou non aux offices.

Religion, morale et guerres (Chap. 4 et 5)

Suivent deux excellents chapitres qui démontrent bien que le sens moral de l’homme n’est pas lié aux religions. Il fait plutôt partie du comportement normal de l’animal social, comme le démontrent bien les études éthologiques. Là où je trouve que le bât blesse, c’est sur la définition de la morale. Ce concept philosophique n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre, et il est tellement contradictoire que je

pense qu’on devrait l’éliminer. Un philosophe comme Auguste Comte dirait probablement aujourd’hui que ce concept n’a plus aucune substance, aucune pertinence, et qu’il est la marque d’un état dépassé de la pensée humaine.

Les études démontrent bien que les comportements altruistes sont généralement posés envers les individus appartenant au groupe social auquel on s’identifie, et il en est de même avec les personnes religieuses. Envers les autres, cela varie dépendamment de la disponibilité des ressources qui permettent la satisfaction des besoins primaires. Quand les ressources sont difficilement disponibles, l’individu ou
son groupe entre alors en compétition avec les autres, et différentes stratégies sont développées pour se les accaparer. On retrouve ainsi des formes de ségrégation chez tous les animaux sociaux. Le primatologue Frans de Waal a décrit ce modèle en détail dans son livre Primates and philosophers ; How morality evolved (2006).

C’est ici que le concept de moralité échoue. Est-il moral de tuer ses ennemis pour protéger sa famille et son clan ? Oui seulement si l’ennemi nous attaque ? Non parce qu’il ne faut pas tuer ? Le patriotisme est-il moral ? Si je suis employeur, puis-je ou dois-je favoriser les membres de ma famille ?

Je pense qu’il faut admettre ce comportement social naturel consistant à 1) protéger ceux auxquels on est associé, 2) ignorer ceux qui ne nous dérangent pas et 3) détester et dévaloriser ceux avec lesquels on est en compétition. Cette façon de favoriser notre groupe social est bien imprégnée en nous, et ce ségrégationnisme peut prendre pour critère de discrimination la famille, l’ethnie, la couleur de peau, le
genre, le groupe de travail, la croyance ou l’association ; en découlent le syndicalisme, le féminisme, l’extrême droite, l’extrême gauche, le fanatisme, etc.

Tout groupe cherche à favoriser ses membres, et cela se fait souvent aux dépens des autres, même si on se plait à l’ignorer. Ce n’est qu’en admettant ce comportement social comme naturel qu’on pourra ensuite espérer améliorer les choses. Tant que les idéalistes verront dans ce comportement un « péché », on aura des discussions interminables. On développe ainsi l’équivalent d’un nouveau péché originel, défini comme le favoritisme envers ceux et celles avec lesquels on a des liens sociaux. Par contre, seules les personnes au pouvoir sont énoncées, puisque ce ségrégationnisme n’est pas décrié, mais plutôt encouragé, chez les groupes minoritaires.

Pour en revenir aux groupes religieux, plusieurs études semblent bien démontrer que la cohésion du groupe augmente le rejet de ceux qui n’en font pas partie. J’ajouterai que le fait de croire appartenir à un groupe élu, ou d’être « moral », augmente l’exclusion de ceux qui ont des croyances différentes, surtout si elles peuvent remettre en cause leur façon de penser. Les témoins de Jéhovah et les mormons polygames, qui rejettent tout non-croyant, au point de couper complètement les liens familiaux avec les apostats, en sont deux excellents exemples.

Cela mène aussi à des contradictions flagrantes. Par exemple, la bien-pensance condamne le racisme, mais voudrait tolérer le religio-centrisme et le rejet social qui l’accompagne. Avec cette bien-pensance et pour des pseudo-raisons de tolérance, on a présentement tendance à minimiser ou à excuser les actes racistes des membres des minorités visibles.

Pour favoriser le vivre-ensemble, je soutiens qu’on doit tenter de diminuer nos tendances naturelles à promouvoir la ségrégation, et cette lutte sociale doit se faire par tous. L’appartenance à un sous-groupe minoritaire ou à une religion quelconque ne devrait pas servir d’excuse pour se détourner de cet objectif humaniste.

La prière et la fondation Templeton (p 59-61)

La fondation John Templeton est une fondation chrétienne qui subventionne certaines recherches scientifiques sur les Grandes Questions Philosophiques reliées à la spiritualité. Ils ont, entre autres, subventionné une étude sur la prière d’intercession pour autrui, dont les résultats négatifs ont été publiés : prier pour une personne qui vient de se faire opérer a ainsi été démontré comme étant inefficace.

Certains croient que ce genre d’études ne sert à rien et qu’elles ne sont que des dépenses inutiles. Je pense plutôt le contraire. Avec le nombre faramineux de croyants à travers le monde, je soutiens qu’on ne doit pas ignorer les croyances, et qu’on doit les tester lorsque c’est possible. Il en a d’ailleurs été de même avec des techniques traditionnelles comme l’acupuncture et la méditation, de même qu’avec certaines herbes médicinales de l’Inde et de la Chine.

Quant à la fondation Templeton, je trouve admirable que des résultats d’études qu’ils ont subventionnées, mais qui vont à l’encontre de leurs croyances, aient pu être publiés. Je pense qu’on doit les féliciter parce qu’ils ont fait preuve d’une ouverture qu’on ne retrouve pas toujours en science, en ne tentant pas de bloquer la publication de ces résultats négatifs. Cela n’aurait probablement pas été le cas avec des études subventionnées par des compagnies pharmaceutiques, qui se gardent un droit de regard sur la publication des résultats…
De plus, cela a pu leur causer du tort au niveau de leur financement : certains croyants ont fort possiblement cessé de les soutenir.

Expériences de mort imminente (EMI, Chap. 6)

Tout comme la fondation Templeton tente de prouver l’existence du divin, certains croyants voient dans les témoignages de personnes « cliniquement mortes » et « revenues » à la vie des preuves de l’existence d’un au- delà et de la survie de l’âme. Plusieurs de ces témoignages rapportés par des tiers n’ont cependant pas pu être confirmés par des entrevues avec les personnes ayant supposément vécu
ces EMI.

Baril résume l’ensemble des recherches qui ont été effectuées sur ces phénomènes, et il constate que les EMI varient beaucoup d’une personne à l’autre, de même qu’en fonction de la culture environnante et de l’âge du patient. Y aurait-il une variété d’après-vies ?

Baril résume l’ensemble des recherches qui ont été effectuées sur ces phénomènes, et il constate que les EMI varient beaucoup d’une personne à l’autre, de même qu’en fonction de la culture environnante et de l’âge du patient. Y aurait-il une variété d’après-vies ?
Le consensus qui semble s’en dégager, c’est que le cerveau n’est pas mort, même en présence d’un électroencéphalogramme
plat. Des électrodes implantées profondément dans le cerveau permettent de détecter une activité intense avec un relâchement
énorme de neurotransmetteurs. De plus, l’activité cérébrale se rapproche de celle du rêve et, finalement, bien des gens ont eu des expériences similaires sans être proches de la mort ou avec l’ingestion de certaines drogues.

J’aimerais ajouter ici un parallèle avec le syndrome de Charles Bonnet (SCB), qui se manifeste par des hallucinations visuelles chez des personnes âgées psychologiquement normales, mais qui ont une vision détériorée. Leurs visions fantastiques sont assez variées : des formes géométriques, des visages non familiers, souvent déformés, des personnages de dessins animés, des animaux, des paysages, etc. Des études par imagerie fonctionnelle (IRMf) suggèrent que ces hallucinations seraient dues à l’excitation anarchique de certaines zones du cerveau qui ne seraient plus activées ou inhibées normalement par des stimuli visuels. Comme les visions rapportées lors des EMI y ressemblent, on peut se demander si elles ne relèvent pas des mêmes mécanismes.

D’où vient la religion ? (Chap. 7)

Dans son dernier chapitre, Baril tente de répondre à la question que se posent les évolutionnistes : « En quoi le fait de croire en des entités surnaturelles aurait-il apporté un avantage adaptatif ? » (p 144). Il analyse ici deux hypothèses évolutionnistes sur l’origine des religions,
soit celle de l’avantage adaptatif et celle du phénomène émergent. Selon son analyse, basée entre autres sur « la théorie de l’esprit », il en ressort que la religion ne donnerait aucun avantage adaptatif, mais qu’elle serait plutôt « un épiphénomène de l’ensemble de nos dispositions sociales qui nous conduisent à voir la nature comme s’il s’agissait d’un fait social, donc découlant d’une intention » (Huffington Post).

Par contre, même si cette hypothèse explique la tendance à la religiosité chez l’homme ainsi que la transmission culturelle des croyances, cela n’explique pas complètement la grande diversité des croyances ni leur origine. Baril souligne plusieurs facte urs affectant cette religiosité : le besoin de se faire une représentation du monde simple et cohérente, la détection d’agent (nous avons fortement tendance à expliquer les événements sur lesquels nous n’avons aucun contrôle par une intention de la part d’entités surnaturelles), la pensée essentialiste (qui mène à la croyance que l’humain possède une essence propre qui survit à la mort), la pensée intuitive et la morale sociale.

Sans remettre en question ces conclusions, j’aimerais émettre une variante de l’hypothèse du psychiatre Dragoslav Miric, présentée par Baril (p. 151-153), et qui a établi un parallèle entre la croyance religieuse et la schizophrénie. La liste des symptômes de cette maladie,
donnée ci-dessous, s’apparente bien avec celle de certaines convictions religieuses… C’est d’ailleurs la description des croyances de Gabriele Amorth, l’exorciste du Vatican, qui rapportait communiquer avec Satan tous les jours, qui m’a mis sur cette piste.

Schizophrénie et religions

Selon Wikipédia, « la schizophrénie se manifeste par une perte de contact avec la réalité. […] La personne qui en souffre n’a pas conscience de sa maladie, ce qui rend difficile l’acceptation du diagnostic par la personne schizophrène et son respect du traitement. […] Les symptômes les plus fréquents en sont une altération du processus sensoriel (hallucination) et du fonctionnement de la pensée (idées
de référence, délire). La personne avec schizophrénie peut entendre des voix qui la critiquent ou commentent ses actions. Elle peut aussi percevoir des objets ou des entités en réalité absents. Elle peut accorder à des éléments de l’environnement des significations excentriques ou croire qu’ils ciblent sa personne, en dehors de tout lien logique. Typiquement, la personne schizophrène a l’impression d’être contrôlée par une force extérieure, de ne plus être maîtresse de sa pensée ou d’être la cible d’un complot à la finalité mal circonscrite. »

Lorsqu’on réfléchit, on a habituellement l’impression de dialoguer avec quelqu’un d’autre dans notre tête. Cela a typiquement été représenté comme un dialogue avec notre petit ange ou notre petit démon intérieur. D’autres y voyaient un dialogue avec leur âme immatérielle. De même, l’inspiration, les nouvelles idées et les « révélations » qui semblent provenir d’ailleurs, d’une Muse ou de dieux, et non pas de notre propre cerveau qui travaille souvent de façon inconsciente. Tout comme le schizophrène, on a parfois l’impression de ne pas être maître de sa propre pensée…

Il semble que le schizophrène voit dans cette conversation avec lui-même autre chose, et qu’il prend son interlocuteur pour une force extérieure qui soit le critique constamment, soit le contrôle. Certains croyants, quant à eux, pourraient avoir le même type de déconnexion d’avec la réalité, la différence étant que la voix avec laquelle ils dialoguent est prise pour Dieu, et que ce dieu n’est pas aussi critique et contrôlant que pour le schizophrène. L’autre différence est que ces croyants peuvent réussir à entraîner les autres dans leurs croyances, alors que le schizophrène se retrouve souvent seul dans son délire. Ce dernier se retrouvera ainsi rejeté socialement, alors que le croyant plus charismatique pourra être perçu comme détenteur de révélations.

Par ailleurs, l’une des études rapportées par Baril « a montré que même les pensées que nous attribuons à Dieu sont en fait des projections de nos propres pensées, un phénomène qui relève […] de l’anthropomorphisme. » Selon les résultats de cette étude, « les convictions personnelles concordent parfaitement avec celles attribuées à Dieu » (p 14).

Il y a bien sûr différents degrés de déconnexion. Les spirites, ceux qui prétendent communiquer avec l’au-delà et qui sont l’objet d’hallucinations diverses, se rapprocheraient davantage des schizophrènes, avec cependant une exception s’ils utilisent des drogues ou d’autres techniques pour altérer leur conscience. Par contre, ce serait eux qui seraient à l’origine de bien des croyances farfelues qui se répandraient ensuite dans la population des croyants. Le biais de confirmation (des croyances) jouerait aussi un rôle chez ces derniers.

Bien que ce mécanisme n’offre aucun avantage adaptatif, contrairement à ce que tentait de démontrer Miric, il expliquerait l’origine des croyances comme un phénomène émergent. Finalement, on pourrait aussi se demander si la différence entre normalité et schizophrénie (ou schizotypie) ne tient souvent qu’à la capacité de vivre dans une société qui accepte ces délires…

Conclusion

J’aimerais vous recommander fortement la lecture de ce livre de Daniel Baril. Les conclusions tirées à partir des différentes études scientifiques qu’il rapporte améliorent nos connaissances dans le domaine du phénomène religieux, et nous permettent de mieux en cerner les conséquences. Malheureusement, on s’aperçoit que la pensée religieuse est là pour rester, et que tous ceux qui pensaient que le religieux allait disparaitre se sont mis le doigt dans l’oeil en ne comprenant pas le fonctionnement de notre cerveau. De plus, bien des gens préfèrent une vision du monde cohérente bien que fictive répondant à leurs grandes questions existentielles plutôt qu’une compréhension
scientifique théorique et fragmentaire avec ces questions irrésolues.

Références

Daniel Baril (2018), Tout ce que la science sait de la religion, Presses de l’université Laval.
Daniel Baril (2018, 27 Avril), Tout ce que la science sait de la religion : un aperçu. Huffington Post, https://quebec.huffingtonpost.ca/daniel-baril/science-religionessai_a_23420454/
Syndrome de Charles Bonnet : Sacks, O. (Fév 2009). What hallucination reveals about our minds. TED2009, https://www.ted.com/talks/oliver_sacks_what_hallucination_reveals_about_our_minds#t-248928
Schizophrénie: Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Schizophr%C3%A9nie
Gabriele Amorth dead: Harry Potter-hating exorcist « spoke to the Devil every day », International Business Times, 19 sept 2016, https://www.ibtimes.co.uk/gabriele-amorth-dead-harry-potter-hating-exorcist-spoke-devil-every-day-1582088

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