Appel à mettre un terme à 72 ans de menace nucléaire
CLAUDE BRAUN
Administrateur et éditeur en chef du "Québec humaniste"
Claude Braun a été professeur de neurosciences cognitives à l'UQAM de nombreuses années. Retraité depuis peu, Il a publié nombres de documents de recherches sur le sujet. Il a été également éditeur du "Québec laïque" et est depuis quelques années l'éditeur en chef de notre revue "Québec humaniste" Il a également publié "Québec Athée" en 2010. Téléchargeable gratuitement en utilisant ce lien avec les compliments de l'auteur.
Women’s International League for Peace and Freedom (Canadian Section) jillianskeet@gmail.com (trad : CMJB)
À l’occasion du 72e anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, des militants de la paix de différentes régions du Canada réprimandent le gouvernement canadien pour son récent boycottage des négociations des Nations Unies sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires. Le traité a été approuvé par des pays non nucléaires le 7 juillet par un vote de 122 voix contre 1 et une abstention.
« Nous nous sentons comme si nous étions de retour à l’ère récente où le Canada avait le comportement embarrassant d’un dinosaure sur la scène internationale. Malgré un bilan international déficient du Canada en matière de pressions en faveur du désarmement nucléaire aux Nations Unies et à la Conférence de Genève sur le désarmement, questions que notre Bureau international surveille activement, on rappelle que le Canada a été le premier pays à capacité nucléaire à renoncer aux armes nucléaires et à participer activement à chaque négociation de ce genre ».
Sondage après sondage, depuis des décennies, montrent que la grande majorité des Canadiens s’oppose fermement aux armes nucléaires. Il est donc déconcertant de constater que le gouvernement Justin Trudeau, qui clame que « le Canada est de retour », a décidé de laisser tomber le reste du monde relativement à une question d’une importance aussi vitale pour les Canadiens et pour les peuples du monde entier. Les bombes larguées sur Hiroshima et sur Nagasaki en 1945 ont déclenché non seulement une réaction en chaîne nucléaire, mais aussi une réaction de conséquences qui menacent continuellement notre planète, même en l’absence de nouvelle déflagration nucléaire. Les déchets nucléaires provenant de la catastrophe de Fukushima, les accidents et les déversements nucléaires d’Hanford (État de Washington), de Tchernobyl et une myriade d’autres cas continuent de présenter des risques mortels difficiles à contenir au cours des prochains siècles. Pourtant, nous continuons, comme d’habitude, à faire des affaires dans le
domaine de la production d’armes et d’énergie nucléaires et de créer des sous-produits nucléaires mortels, sans disposer de méthode de stockage sécuritaire.
L’ère nucléaire a placé sous les feux des projecteurs le manque de sagesse alarmant de notre espèce [1]. Robert Oppenheimer, surnommé « père de la bombe atomique » pour son rôle dans le développement des bombes larguées sur Hiroshima et sur Nagasaki, a déclaré : « Je suis devenu la mort, le destructeur de mondes » et il a consacré le reste de sa vie à avertir le public des dangers et à essayer de remettre le génie atomique dans la bouteille. Il pourrait probablement être excusé d’avoir mené des recherches
scientifiques dont les conséquences étaient alors inconnues, mais aujourd’hui, nous n’avons pas d’excuse. Le récent Rapport sur la famine nucléaire publié par les Médecins pour la responsabilité sociale et par les Médecins internationaux pour la prévention de la guerre nucléaire indique que les conséquences humanitaires d’une guerre nucléaire, aussi petite, limitée et régionale soit-elle, seraient bien pires que celles que l’on avait imaginées antérieurement. Car d’Hiroshima à Fukushima et au-delà, nous laissons un sillage de destruction.
Dans un esprit d’éducation consistant à maintenir vivantes les leçons marquantes de l’histoire, le maire de Vancouver, Gregor Robertson, a diffusé deux proclamations annonçant que le 6 août 2017 serait le Jour commémoratif d’Hiroshima et le 9 août 2017, le Jour commémoratif de Nagasaki, « pour que l’on se souvienne des dévastations causées à ces villes japonaises en 1945 et pour renouveler notre engagement à éliminer la menace que constituent les armes nucléaires, ici et partout ailleurs ». Le maire de Toronto, John Tory a émis une proclamation semblable. Le maire de Montréal, Denis Coderre, membre des 7400 Maires pour la Paix, organise encore cette année sa cérémonie traditionnelle en souvenir d’Hiroshima (ville jumelle de Montréal) le 5 août 2017, à 19 h 15 dans le jardin japonais,
à proximité de la Cloche de la Paix, cadeau offert par la ville d’Hiroshima. Il exprimera l’engagement éternel à préserver l’amitié et la paix entre les deux villes, à l’heure précise où une cérémonie similaire se déroulera à Hiroshima.
Nous félicitons les villes de Vancouver, de Toronto et de Montréal et demandons au Canada de se joindre à la communauté internationale afin de mettre un terme aux 72 ans de menaces nucléaires mondiales, qui mettent en danger la vie sur notre planète, et ce si les armes conventionnelles n’y viennent pas à bout. »
1. À l’exception du physicien visionnaire Joseph Rotblat, seul des 600 savants à avoir quitté le projet Manhattan (Los Alamos) en objection au largage projeté de bombes sur des populations civiles. Il alertera Albert Einstein et Bertrand Russell pour lancer le célèbre Manifeste adressé aux savants du monde entier « souvenez-vous de votre humanité et oubliez le reste » et fondera les Conférences mondiales Pugwash sur la science et les affaires mondiales (prix Nobel de la Paix, 1995).
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