Le programme scolaire Éthique et culture religieuse (ÉCR) tel que présenté par Georges Leroux
CLAUDE BRAUN
Administrateur et éditeur en chef du "Québec humaniste"
Claude Braun a été professeur de neurosciences cognitives à l'UQAM de nombreuses années. Retraité depuis peu, Il a publié nombres de documents de recherches sur le sujet. Il a été également éditeur du "Québec laïque" et est depuis quelques années l'éditeur en chef de notre revue "Québec humaniste" Il a également publié "Québec Athée" en 2010. Téléchargeable gratuitement en utilisant ce lien avec les compliments de l'auteur.
Georges Leroux a participé à la conception du cours d’éthique et de culture religieuse (ÉCR) introduit par le renouveau pédagogique du ministère de l’Éducation du Québec depuis 2001. Il a fait partie d’un groupe d’experts qui conseillaient l’équipe de rédaction du programme ÉCR, a écrit un livre en faveur du cours, a participé à la commission Bouchard Taylor qui a recommandé la promotion énergique de ce programme et a participé à titre d’expert gouvernemental à deux procès pour justifier et défendre l’imposition du programme ÉCR, celui de Drummondville (école publique) et celui de Loyola (école privée).
Mais là où Georges Leroux dépasse le rôle de co-géniteur pour devenir l’incarnation même de ce programme, que les militants humanistes et militants laïques décrient, est dans son œuvre récente intitulée « Différence et liberté : Enjeux actuels de l’éducation au pluralisme », Boréal, 2016. C’est là que pendant 356 pages monsieur Leroux mobilise tous les arguments qui lui passent par la tête, incluant l’évier de cuisine, son robinet et son drain, pour défendre, voire même glorifier ÉCR. Georges Leroux a travaillé trop fort pour ça pour y échapper maintenant : il est monsieur ÉCR. Je prédis qu’il passera à l’histoire ainsi, comme la transsubstantiation du plus spectaculaire avortement curriculaire de l’histoire du Québec.
Présentons d’abord l’homme, et passons ensuite en revue l’oeuvre. Georges Leroux a été élevé dans une famille de la classe moyenne très aisée du quartier Notre-Dame-de-Grâce (NDG) dont le père travaillait dans le monde de la finance. Il fait état d’une grande diversité ethno-culturelle des conjoints de ses propres enfants. Il est professeur de philosophie à l’UQAM. Malgré qu’il se soit déclaré agnostique lors d’une récente entrevue à la première chaîne de Radio Canada, il fut collé aux prêtres catholiques dans son enfance et s’est fié de son propre gré à l’âge adulte aux prêtres catholiques pour la poursuite de ses études, du début à la fin. Plusieurs de ses références actuelles sur la philosophie de l’éducation sont des prêtres catholiques. Il est expert sur Platon et Plotin, les deux philosophes de l’Antiquité grecque avec lesquels s’est le mieux accommodée l’église catholique. Platon a inventé l’idée du camp de concentration, qu’il eut réservé aux athées…
En matière d’intellect, ce que vous lisez détermine ce que vous êtes. Quels sont donc les auteurs que cite le plus souvent M. Leroux dans ce livre ? Ce sont le papiste centre-gauche anti Lumières Charles Taylor, Jocelyn Maclure, disciple de Taylor, Will Kymlika, philosophe centre-gauche du multiculturalisme, Michel Seymour, philosophe libéral centre-gauche, Solange Lefebvre, propagandiste religieuse, Martha Nussbaum, qui s’est convertie au judaïsme au milieu d’une carrière de professeure de philosophie, Amy Guttman, spécialiste de l’éducation multiculturaliste, Hannah Arendt, politologue libérale de centre-gauche, Fernand Dumont, sociologue de la culture, professeur, essayiste, poète, théologien, et philosophe québécois (selon Wikipédia), Jurgen Habermas (eh oui, celui-là ressort un peu de la talle), philosophe néomarxiste de l’école de Francfort. M. Leroux se dit libéral. Il semble qu’il ait trouvé le bon qualificatif.
En lisant la « Différence et liberté… » au complet, à la décharge de M. Leroux, on finit par comprendre qu’il n’est pas seulement le partisan « libéral » qu’il dit qu’il est. Il a des sympathies souverainistes. Il est un enthousiaste de la laïcité (ouverte, bien entendu), un adepte de la déconfessionnalisation, un anti néolibéral, un communautariste, un pro carrés rouges, un moderniste enthousiaste (mais il a une drôle de conception de la modernité). Il se définit comme « humaniste », mais « cosmopolite » et « créatif » …
Maintenant l’œuvre. Le principal irritant général de ce livre est l’incessante répétition qui le traverse. Mr Leroux croit que la principale raison d’être d’ÉCR est de servir de forum d’accueil pour les immigrants. Il le répète de mille et une façons. ÉCR doit donc traiter de religion, journée après journée, année après année, du début de l’école primaire jusqu’à la fin de l’école secondaire, parce que s’il ne le fait pas on va se mettre à s’entretuer, entre pures laines et immigrants et aussi entre immigrants d’une religion et immigrants d’une autre. ÉCR serait donc une potion magique contre la barbarie interethnique et interculturelle qui s’en vient…
En cela, M. Leroux reflète bien l’intention du gouvernement libéral, le vrai concepteur de ce programme qui fait du Québec le pitre éducatif du monde entier. Mais cette intention, il ne la dit qu’obliquement en quelques phrases avec un langage sirupeux et politiquement correct : la diversité est un enrichissement, etc., vive l’immigration ! Selon cette logique, Le Canada devrait rechercher les immigrants qui sont le plus aux antipodes des Canadiens. Pourquoi alors ne pas privilégier les immigrants provenant de pays dont la culture est la plus éloignée de celle des Québécois ? Prenons le Pakistan comme exemple, malgré qu’on pourrait choisir de nombreux autres pays en exemple. Dans ce pays, selon le Pew Institute, 75% de la population est favorable à la mise à mort des apostats. Selon la dernière analyse de l’UNICEF, 66% de la population masculine et 71% de la population féminine ne se rend pas jusqu’à une éducation de niveau secondaire. La langue seconde (quand il y en a une, ce qui est rare) est l’anglais. La culture de corruption et de violence sont parmi les pires au monde. La vraie raison du taux actuel très élevé d’immigration au Québec (70,000/an), M. Leroux n’en dit mot. L’immigration « exotique » gonfle la base électorale du parti libéral et cela est bien commode pour ce parti. Mais surtout, et quel que soit le parti capitaliste au pouvoir, la finalité est d’importer des employés bon marché pour faire tourner l’économie néolibérale. Notre économie, telle qu’elle est structurée maintenant, requiert, sous peine de s’effondrer, une croissance de la population.
On comprend mieux l’état d’esprit du parti libéral du Québec à l’époque de la création du programme ÉCR en constatant trois éléments politiques de l’actualité très récente. Premièrement prenons note du projet de loi du gouvernement Couillard sur les propos haineux (projet de loi 59), projet de loi religiophile et liberticide qui a soulevé un tel tollé qu’il est mort au feuilleton. Deuxièmement, constatons la campagne médiatique et les fonds publics dépensés par le gouvernement Couillard pour créer des institutions de lutte contre la « radicalisation ». L’usage de ce terme à la place de la vraie intention (combattre le terrorisme fanatique) est révélateur. D’une part, la formation politique de M. Couillard est conservatrice dans l’âme et est donc allergique aux soubresauts culturels : elle déteste toutes les sortes de radicalisme et les place toutes dans le même panier. Mais surtout, le gouvernement Couillard a très peur des débordements que sa propre politique économique et d’immigration entrainent au Québec (le débit et la langue, entre autres, se règlent par entente provincialefédérale). Comme M. Couillard ne veut pas avoir l’air de quelqu’un qui aurait quelque réticence à l’égard de la liberté religieuse, il a repris ce terme parapluie que les médias ont avalé comme si de rien était. Finalement, notons que M. Couillard se dit prêt à aller signer la constitution canadienne -incluant le préambule déclarant la « suprématie de Dieu », geste que les gouvernements libéraux précédents se sont tous refusé.
Ce que M. Leroux répète vraiment jusqu’à totale exaspération du lecteur, c’est donc que le Québec est devenu une société à multiples cultures. Aux pages 43 et 44 on trouve 14 répétitions de l’affirmation disant que le Québec est culturellement « pluriel » ou « divers », comme un NDG géant. On trouve un seul bref passage où M. Leroux admet qu’en dehors de quelques grandes villes le tissu social puisse être très homogène au Québec, pas pluriel, pas multi ethnique, pas diversifié du tout, mais il ajoute aussitôt que d’étudier quelques religions pendant 10 ans va dévoiler pour l’élève rien de moins que « le trésor des traditions de l’humanité » (p. 215). Bien que le reste du livre soit moins densément répétitif, l’auteur réitère le mantra de la « pluralité » au moins une centaine de fois dans son livre, probablement plutôt 200. Le titre même du livre comporte cette répétition fixant le style pour la suite … M. Leroux développe même un slogan pour y mettre du punch : toute l’éducation, l’ensemble du projet éducatif public du Québec, écrit-il, est « l’éducation au pluralisme ». Il en fait explicitement un dogme.
Cette doctrine [celle d’ÉCR] est celle du pluralisme, telle que j’ai tenté de l’exposer, et il n’y en a pas d’autre possible (p. 180)
Leroux propose donc au Québec de régler le problème de l’intégration des immigrants, de la xénophobie, du racisme, en gavant intensément et interminablement tous les élèves du Québec de doctrines, valeurs et cultures qui sont sans conteste les plus … xénophobes et racistes ! Quel diagnosticien et quel thérapeute que ce Dr Leroux ! Dans le programme ÉCR, tel que proposé par M. Leroux, cette contradiction absolue est balayée sous la table. On n’y trouve aucune mention du fait que le christianisme a passé 500 ans à massacrer les musulmans. Aucune mention de la profonde immoralité de la Bible où l’on y pratique impunément et au nom de Dieu les génocides, l’esclavage, les massacres, les sacrifices humains et l’infériorisation de la femme. Mais non ! Le christianisme est le berceau de la charité, voilà tout (p. 199). Aucune mention du fait que le judaïsme, émanant d’une ethnie se définissant formellement par le lien de sang matrilinéaire, définit cette ethnie particulière comme peuple choisi de Dieu et affirme qu’il existe une terre qui lui est promise par Dieu. Plus xénophobe que cela, tu meurs. Dans ÉCR, écrit M. Leroux, le judaïsme incarnera le « pardon » et autres qualificatifs sucrés du même genre (p. 52). La spiritualité amérindienne devient la quintessence de « l’écologisme » moderne (p. 82). M. Leroux néglige de mentionner que certaines tribus comme l’Iroquoise ont vécu fondamentalement de maraudage, c’est-dire de guerres intertribales (vols, viols, massacres). Bref, la stratégie pédagogique de M. Leroux est de fausser l’histoire et mentir aux enfants en édulcorant les époques, les peuples, les religions, et les personnages donnés en exemple tout au long du programme, en utilisant la religion pour façonner un conte de fées qui serait supposé déteindre sur les élèves en les rendant plus tolérants… En plus, la sélection « à la carte ». Politiquement motivée, des religions et des proportions de contenus qui leur seront dévolues, viole les principes les plus élémentaires d’une éducation prétendant s’ouvrir sur la vérité ou sur le monde. M. Leroux s’est fait passer un agenda stupidement politique par le parti au pouvoir, le parti libéral du Québec. S’en est-il seulement rendu compte ? On reste estomaqué de constater une telle vision en tunnel. M. Leroux nous propose que la finalité principale de toute l’éducation pré-collégiale est la convivialité inter-ethnique, pas la maîtrise des connaissances, pas le développement des capacités cognitives, pas la formation de citoyens productifs et émancipés ou de citoyens libres et justes, …
Oui, le Québec d’aujourd’hui comporte une grande diversité culturelle en raison de sa révolution tranquille (déchristianisation) et son immigration récente (islamisation). Oui, nous avons des problèmes d’intégration. Oui, il faudra que le curriculum scolaire québécois s’y adapte, à la mesure du progrès du calibre intellectuel des Québécois, et aussi tant que perdurera notre rythme actuel d’immigration et le type d’immigrant que nous accueillons. Mais n’y a-t-il vraiment que l’aspect religieux à considérer quand on monte un programme d’éducation universel et obligatoire pour l’ensemble de la population ?
Il existe un extraordinaire écart entre ce que M. Leroux prétend être le programme ÉCR et ce que nous savons aujourd’hui de la réalité du programme ÉCR sur le terrain. M. Leroux semble prêt à nous proposer absolument n’importe quoi pour qu’on adhère à son précieux ÉCR. Les contorsions sont à couper le souffle, car il dit à de très nombreuses reprises une chose et son contraire. On va saturer les élèves de chaudrées gigantesques de religion mais…
…l’école publique ne saurait promouvoir les religions en tant que croyances, ni en général, ni dans leurs particularités (p. 206)
Les contenus culturels religieux seraient « archaïques », demande-t-il ? Non, répond-il. Ils font partie de « l’identité » des élèves, ils sont « déterminants » dans la vision du monde des élèves. Ils regorgent donc d’une immense « valeur contemporaine », ou encore mieux «ÉCR, c’est la modernité », ÉCR c’est la « démocratie » ! Attendez un peu que la tête arrête de nous tourner. En imposant de force à l’élève québécois des doctrines bimillénaires développées par des peuples encore à l’époque préscientifique, sexistes, violentes, hyper racistes, on va amener ces élèves à la modernité et à la démocratie et à la vie bonne. Il suffit que ces enseignements ne soient plus confessionnels, et voilà, le tour de magie est complètement joué !
Ce refus de la modernité se caractérise principalement par le recours à l’autorité religieuse (p. 69)
La culture religieuse est en effet essentielle au fonctionnement de la démocratie dans un contexte pluraliste (p. 83)
On ne va traiter, dans le volet culture religieuse que de trois traditions spirituelles (chrétienne, autochtone et judaïque, dit-il, à tort, car M. Leroux ne réalise pas que l’islam est fortement représenté dans la forme actuelle du programme). Les agnostiques, athées et humanistes seront « pleinement respectés », écrit-il ailleurs à plusieurs reprises, alors que les contenus à leur sujet forment un silence radio dans les documents gouvernementaux sur ÉCR ainsi que dans les livres scolaires utilisés par les enseignants (une fraction d’un pour cent du contenu proposé). Il dit qu’il faut respecter les croyances des communautés du Québec en discutant de leur culture, mais à aucun moment M. Leroux ne prend acte du fait que la deuxième communauté cosmogonique au Québec, selon le dernier recensement du Canada, est celle des sans religion, loin devant les protestants, les judaïstes, les musulmans, les amérindiens… Il écrit qu’ÉCR incarne la « démocratie » en respectant les désirs des communautés. Mais peut-il citer un seul chrétien, un seul autochtone, un seul juif, qui ait demandé ou souhaité un programme intensif, universel, obligatoire, interminable de multiculture religieuse à 75% chrétien ? Plutôt, la création de ce programme a consisté à l’enfoncer dans la gorge contre la volonté de tout le monde, sauf celle du parti au pouvoir à l’époque. Et s’il existe bien une catégorie de pensée qui soit l’antithèse de la modernité ou de la démocratie n’est-ce pas justement la doctrine abrahamique, … autoritaire, hiérarchiste, dogmatique, hégémoniste, suprématiste, punitive, immuable, liberticide, archaïque ? Ce n’est pas parce qu’on la maquille en charmantes histoires de garçons et filles religieusement costumés que sa vraie nature cesse pour autant d’exister. Respecter les Amérindiens du Québec, ce n’est pas de leur dire que nous cherchons dans leurs anciennes croyances des solutions aux problèmes écologiques de l’heure, encore moins de les inonder principalement, encore, de la culture religieuse chrétienne qui leur a dérobé leur culture, les a kidnappés pour les enfermer en pensionnat, a justifié leur génocide économique et culturel.
Leroux accuse le Québec pré ÉCR de manquer de « littératie religieuse » et s’en inquiète terriblement (p. 80).
L’inculture religieuse [contribue] à l’érosion des savoirs historiques et littéraires. (p. 81)
D’abord, il n’y a pas une inculture religieuse au Québec plus que n’importe où ailleurs au monde. Deuxièmement, l’inculture religieuse ne mène aucunement à l’inculture historique ou littéraire. Troisièmement, il y a mille et une autres dimensions culturelles qui peuvent être étudiés qui sont plus édifiantes que la culture religieuse. Quatrièmement, peut-être M. Leroux ne le sait-il pas, mais le Pew Institute a démontré, test à l’appui, récemment que les athées ont une meilleure « littératie religieuse » que les croyants.
Pour nous apporter la fameuse « littératie » dont nous manquerions horriblement, ÉCR offrirait la discussion libre entre enfants pré-pubères sur une seule culture chasseurceuilleur (amérindienne) et deux cultures agriculturellepastorale (christianisme, judaïsme) transmises oralement (sans écriture) pendant des siècles et dont les textes sacrés sont des amalgames reconstitutifs approximatifs, des bric-àbrac dont la qualité littéraire, justement, se situe entre le film d’horreur catégorie B et Allo Police, du « gin cheap », comme disait Lénine. Et pouff ! Les jeunes Québécois deviendraient « lettrés » en étudiant les croyances les plus délirantes de peuples primitifs.
Ce ne sont que quelques exemples de la « double-pensée » (double-think) orwellienne à laquelle s’adonne M. Leroux dans son livre. Le lecteur en subit les assauts pratiquement à chaque page.
Leroux préconise le respect « absolu » (p. 210) et « infini » (p. 207) des croyances religieuses par les enseignants, et stipule en même temps que la discussion avec les élèves sera constante et « libre » (p. 221). Ailleurs, il mentionne (quoique seulement en passant, très superficiellement) que l’éducation doit respecter les chartes des droits et libertés canadienne et québécoise (p. 167, p. 183 et p. 202). Ainsi, puisque la discussion sera libre on pourra et on va discuter, ad nauseam, d’idées liberticides : d’homophobie, de sexualité réduite à la simple reproduction, d’esclavagisme, de massacres, de sexisme, de racisme, de génocides, d’assassinats, de guerres, de torture, de lapidation, de mutilation d’enfants, d’apocalypses punitives, de damnation éternelle, d’endoctrinement, de patriarcat absolu, d’obligations rituelles intenables, de principes archaïques rendant inacceptable l’exploitation de la biologie pour le bien-être humain (contraception, avortement, cellules souche, transfusions, mort digne). Ou ces sujets seront-ils, eux aussi, tabous ? Ces croyances et ces valeurs révoltantes, qui sont au cœur des religions, légitimisent, et encouragent même, des comportements explicitement interdits par nos chartes. Beaucoup de croyances religieuses correspondent à des actes carrément et simplement illégaux et criminels aux Québec. À l’inverse, elles interdisent ce qui est parfaitement légal, voire même ce qui est explicitement cité comme un droit, au Québec. Et il faudra traiter de tout ça dans le respect ABSOLU et INFINI ?
Leroux écrit qu’ÉCR est « stable et que ses finalités sont consensuelles » (p. 326). Dans cet épisode, où sa plume trempa par mégarde et momentanément dans l’encrier de l’euphorie triomphante, il semble oublier que la Cour suprême du Canada l’a débouté, lui, son programme et le gouvernement du Québec, en autorisant les écoles du Québec, spécifiquement en l’occurrence le collège catholique Loyola, à enseigner la religion de manière doctrinale (p. 67). Il en est donc fini d’ÉCR pour les croyants, ils ont le droit d’y échapper ou du moins de le contourner. ÉCR est juridiquement mort-né. Ce qui est agaçant, et suprêmement ironique, pour les humanistes et tous les autres sans religion ou indifférents religieux, c’est qu’ils sont les seuls que la Cour Suprême maintient dans l’obligation de se faire laver le cerveau à raison de centaines d’heures de discussions et de présentations de sujets qui leur semblent insignifiants, inutiles, inintéressants, abrutissants, offensants. Les fanatiques religieux, eux, pourront faire semblant tout en passant leur temps à faire ce qui les intéresse vraiment. M. Leroux semble aussi croire que la vaste majorité des Québécois diraient aujourd’hui qu’ils approuvent le programme ÉCR. N’est-ce pas exactement le contraire ? Après 11 ans d’ÉCR, il est fort à parier que celles qui ont vécu ÉCR en pleine gueule, enfants comme parents, considèrent qu’ÉCR est une sinistre farce. Voyons ce qu’en diront les sondages.
Leroux écrit que le programme ÉCR est « l’achèvement de la déconfessionnalisation » au Québec. On rêve ! C’est une massive « reconfessionnalisation ». Le programme ÉCR et le reste de la réforme qui l’a accompagné a eu pour effet « d’ouvrir » des dizaines de milliers de nouveaux postes dans nos écoles de « conseillers spirituels » et d’enseignants formés dans les facultés de théologie et de soi-disant « sciences religieuses » dans un esprit tout à fait religieux, une véritable invasion. L’Église catholique ne peut que s’en frotter les mains, et d’ailleurs cette dernière a fini par adhérer à ÉCR, à cette manne qui n’était plus attendue, les églises étant vides, les inscriptions passant du cours de catéchèse (toujours en baisse) vers le cours de morale (toujours à la hausse).
Leroux pousse l’outrecuidance jusqu’à prétendre qu’ÉCR est la « construction d’un humanisme pour notre temps » (p. 81, p. 248). Ce n’est pas très respectueux à l’égard de ceux qui se définissent primordialement par l’humanisme, notamment les membres de l’Association humaniste du Québec. La ministre de l’Éducation de l’époque (2005), Mme Michèle Courchesne, leur était hostile, leur disant directement en pleine face en rencontre officielle qu’ « il n’y aurait aucun contenu athée ou humaniste dans ÉCR parce que c’est tabou ». L’humanisme est tabou, on n’en soufflera pas mot dans ÉCR (MC). ÉCR est un humanisme (GL). Cherchez l’erreur.
Leroux prend des vessies pour des lanternes. Tout ce qui lui semble bon, il trouve moyen par des torsions de langage d’en faire une qualité d’ÉCR (citations en vrac : accueil des immigrants, modernité, démocratie, respect, développement humain, complexité, rationalité, esprit critique, universalité, imagination, richesse, humanisme, etc.) et tout ce qui lui semble mauvais caractérise les opposants et récalcitrants (citations en vrac : dogmatisme, autoritarisme, esprit borné, ignorance, simplisme, primitivisme, aveuglement, peur de l’autre, xénophobie, discrimination, rigidité, intolérance, stéréotypie, etc.). M. Leroux écrit qu’il est « facile de cibler les aspects négatifs des religions » (p. 214), mais il semble n’éprouver aucune difficulté à cibler presque exclusivement leurs aspects positifs. Au fond, il fait de la propagande consistant à mépriser gratuitement toute critique de son programme chéri et virer toutes ces critiques en glorifications du même programme. L’humanisme que M. Leroux préconise est très loin de l’humanisme préconisé par ceux qui se définissent principalement comme tels.
…l’hostilité primaire promue par un certain humanisme a pour conséquence un refus de la connaissance, et on ne saurait se ranger derrière cette promotion de l’inculture. (p. 98)
Leroux est agnostique, mais il veut transformer chaque Québécois en anthropologue expert en religions comparées et en béni-oui-oui. Se peut-il qu’il soit un tant soit peu moralement schizophrène ? En tous cas, il affirme à plusieurs reprises apprécier l’état psychique de « perplexité » en matière de jugement moral, état qu’il souhaite qu’on induise chez les élèves en ÉCR (p. 261). On n’en doute assurément pas.
Leroux constate des problèmes graves d’intégration des immigrants en France. Il impute cela à la forme trop extrême, « rigide, fermée, intolérante », pense-t-il, de la laïcité française.
Le laïcisme ultra républicain a plusieurs partisans au Québec. (p. 100)
Par ailleurs, il pense toutefois que les Français ont une plume à leur chapeau :
La France peut compter sur la richesse de sa tradition littéraire et de son enseignement de l’histoire pour résoudre ces problèmes et c’est dans cette direction que les nouveaux programmes semblent s’orienter présentement. Quelles sont par comparaison les ressources du système québécois ? (p. 106)
Le Québec ne peut donc adopter une laïcité républicaine parce qu’on est des ploucs culturels. La France, elle, connait ses immigrants, les ayant préalablement colonisés. ÉCR comblera cette lacune et pouf ! Notre laïcité ouverte sera plus efficiente. N’est-il pas plus plausible que n’importe quelle démocratie libérale capitaliste aura, et a eu, comme la Suède et la Norvège, pays non colonisateurs, des problèmes d’intégration des immigrants dans la simple mesure de la densité de cette immigration et de l’écart culturel entre les immigrants et les natifs ? On verra bien comment évoluera l’intégration des immigrants au Québec, mais si la tendance se maintient, ce n’est pas ÉCR qui y changera quoi que ce soit, et dans l’ensemble on aura autant de problèmes d’intégration que la France, sinon plus encore. Mais M. Leroux est-il vraiment partisan de la laïcité au Québec, ne serait-ce qu’en principe ? Surement pas lorsqu’il accuse le Mouvement laïque québécois et autres « laïcistes » d’être « peu soucieux de liberté de religion » (p. 165). De telles accusations sont d’extrême mauvaise foi. Alors que le MLQ fait de la liberté de conscience et de religion son unique fondement, et qu’il appuie toute législation affirmant le droit de ne pas être importuné pour ses croyances ou incroyances, M. Leroux voudrait que l’État impose trois religions à tout le monde inlassablement jusqu’à l’écœurement. L’arroseur se pisse lui-même dessus.
Leroux affirme dans son livre qu’il existe des gens qui croient que la religion n’est jamais le principal élément de l’identité sauf chez quelques obsessionnels ou fanatiques. En effet, l’immigrant qui a de la difficulté à s’intégrer passe plus de temps à parler SA langue, à magasiner, cuisiner et manger SA gastronomie, à s’adonner à SES loisirs, à SES sports lorsque jeune, à écouter SA musique, etc., à se préoccuper de SON « look », bien plus qu’il ne pratiquera SA religion, ou qu’il pensera aux choses religieuses. L’immigrant tout frais débarqué s’identifie à ses souvenirs de SA famille, dans SON pays, dans SON village, dans SON environnement comportant sa propre flore et faune et son propre urbanisme. Il a envie d’amis semblables à ceux qu’il avait avant. Il s’identifie aux habitudes, mœurs, façons de vivre le quotidien ordinaire de SES compatriotes, pas particulièrement de ses co-religionnaires (à moins qu’on ne l’enferme de force dans cette identification). Son attachement aux rituels religieux de son passé est bien plus culturel et nostalgique que philosophiquement engagé. Par ailleurs, les éléments non religieux de l’identité des immigrants sont bien plus des véhicules de rencontre, d’amitié et de partage avec les gens du peuple « hôte » que ne l’est la religion. Pourquoi alors tout miser sur la religion pour effectuer l’accueil et l’intégration des immigrants ? C’est plutôt exactement la pire des solutions ! Voici l’unique réponse de Georges Leroux à cette objection à ÉCR dont il fait lui-même état :
La connaissance de l’histoire est indispensable et doit être croisée avec toutes ces questions. On peut se réjouir que le programme ÉCR contribue à les garder ouvertes. (p. 126)
Leroux attache vraiment beaucoup d’importance à la religion dans la vie des gens. Il s’exclut de cela en se disant agnostique, mais il ne semble pas capable d’imaginer que beaucoup d’autres contribuables puissent être agnostiques comme lui, ou intéressés par autre chose que la religion.
L’existence d’écoles privées confessionnelles ne saurait être remise en question. (p. 73)
On peut supposer que M. Leroux doit sans doute être favorable à la loi québécoise finançant à 60% ces écoles privées confessionnelles. Il est très clair qu’il ne traverse pas l’esprit de M. Leroux qu’il serait bon d’offrir aux jeunes via le cursus obligatoire les outils non religieux mais néanmoins nécessaires pour mener la « vie bonne ».
Bien qu’il s’en défende ici et là du bout des lèvres dans son livre, on voit bien que M. Leroux amalgame la religion et l’éthique. On pourrait presque penser que pour lui l’éthique vient de la religion. Que peut-il y avoir de plus offensant pour les athées, les agnostiques, les sans religion, et les indifférents religieux, que de se faire dire, directement ou en oblique, qu’ils sont de facto moralement incompétents ?
… ce n’est qu’à la période moderne qu’on peut parler de morales pleinement dégagées des religions qui leur ont donné naissance. (p. 135)
… ÉCR offre la connaissance des traditions religieuses UNIVERSELLES (p. 108)
[L’équilibre entre la société civile et la foi] … est un des plus riches acquis de la modernité, car il respecte le lien de la morale et de la religion, du bien et du sacré (p. 170)
Ce sont les anciens sophistes, stoïciens, hédonistes et autres, les Protagoras (490-420 AJC), les Zénon (334-262 AJC), les Épicure (341-270 AJC), et tant d’autres anciens qui ont développé la réflexion sur la morale, ainsi que les modernes, sans quelque référence aux dieux. Il y a toujours eu des athées chez les gens qui réfléchissent, depuis Héraclite (544- 480 AJC) et sans doute en cachette bien avant [craignant les persécuteurs religieux], et ce sont eux qui ont contribué le plus au développement de la pensée morale. Les religions prônent des prescriptions autoritaristes n’ayant rien à voir avec le concept très ancien et très séculier d’autonomie morale. Il y a présentement environ un milliard de personnes sur la planète qui ne croient ni à un dieu créateur ni à une âme immatérielle et éternelle. On voit mal en quoi les traditions religieuses peuvent être considérées comme « universelles ». Finalement, il est impossible pour moi de comprendre comment un agnostique peut affirmer que le lien entre le « bien » et le « sacré » puisse être un des plus riches acquis de la modernité car dès lors le Bien doit assurément lui échapper à lui, le pauvre, puisque qu’il ne croit pas au sacré… Ou sinon, est-ce de sa culture religieuse que M. Leroux puise son sens du bien ? Doit-on comprendre que la société scientifique, la société de droit, la démocratie « une personne/un vote », les droits de la personne, tout cela ne fait pas le poids comparé aux valeurs des sociétés datant d’il y a deux mille ans ? Par ailleurs, M. Leroux ne sait-il pas que dans le monde occidental, partout où la chose a été étudiée objectivement, ce sont les athées qui ont moins de dossiers criminels que les croyants ? Ceci ne devrait-il pas lui inspirer une petite gêne, une hésitation à glorifier l’amalgame éthique et religion ?
Leroux ne réfléchit que très brièvement dans son livre à l’origine des religions. Il balaie du revers de la main les explications standard des scientifiques. Il soutient qu’il est bon d’enseigner culturellement la religion, mais il refuse qu’on interprète la religion elle-même d’un point de vue culturel ou scientifique. Pour notre philosophe, ceux qui le font ne sont que des ringards et des ignorants.
Faut-il toujours être armé du marteau ? Fautil, en présentant les fondements historiques et sociologiques des religions, faire ressortir chaque fois que celles-ci sont l’opium du peuple, l’arme des faibles, l’expression d’un ressentiment, la racine de toutes les violences ? Ces approches appartiennent à la critique des religions du 19e siècle. … Ces approches […] évaluent le phénomène religieux avant même de le connaître et de le comprendre (p. 98)
Il en sait des choses ce M. Leroux ! Il a donc lu tout ce que les scientifiques et humanistes séculiers ont écrit sur la religion et il sait que tout cela ne vaut strictement rien, et en plus il suggère que l’explication scientifique du phénomène religieux s’est arrêtée de sa belle mort naturelle au 19e siècle. C’est complètement faux. Alors que la théologie est une philosophie des poussières, désuète, stérile et ridicule, les sciences, elles, nous apprennent constamment des tas de choses importantes sur le phénomène religieux. J’ai lu cette littérature. Voici en gros où nous en sommes. La religion est effectivement l’opium des peuples. Elle a été inventée par les chefs pour asseoir leur pouvoir en les présentant comme omniscients et omnipotents. Elle a été renforcée pour servir l’agenda des chefs consistant à contrôler les populations. Elle a pris la forme abrahamique dans les cultures désertiques guerrières, devenant doctrine de repli (xénophobie judaïste) ou doctrine militaire (l’agenda de l’islam et du christianisme étant de faire des poules pondeuses des femmes et de la chair à canon des hommes au bénéfice de l’empire).
Leroux présente ÉCR comme l’acte final voire même l’apothéose de la déconfessionnalisation au Québec. Il est évident qu’il a une vision bien limitée de ce qui pourrait être fait pour en arriver à une société plus laïque (à commencer par retirer les privilèges fiscaux et subventionnaires gigantesques présentement accordés aux églises par les États fédéral et provincial, des milliards de dollars d’avantages par année). D’abord, il est tout de même étonnant que l’auteur n’ait fait aucune mention de la situation qui prévalait avant ÉCR. Les parents, et les adolescents pouvaient choisir entre un programme de religion confessionnelle ou de formation morale. Bien qu’on ait rechigné sur le manque d’imagination et l’insipidité du programme de morale tel qu’il existait, personne ne demandait qu’on l’abolisse. Les non-catholiques, les croyants comme les incroyants, pouvaient très bien s’en accommoder. On aurait pu améliorer le programme de formation morale, le moderniser, l’enrichir, et tous eurent été contents. Pourquoi, dans un contexte où la formation morale devenait de plus en plus populaire à la mesure du décrochage religieux des Québécois et de l’antipathie des immigrants pour le catholicisme doctrinal, fallait-il abolir les deux afin de se limiter inlassablement à quelques religions ? Comment est-il possible d’écrire un livre sur une réforme majeure du cursus scolaire sans dire un seul mot de l’état des choses qui précédait la réforme ? On ne peut conclure qu’à une occultation du réel, un tour de passe-passe pour masquer la réalité. Il ne fallait pas exposer le lecteur à une solution organique, naturelle, évolutive, démocratique, universelle du problème de l’intégration des immigrants et au décrochage religieux des Québécois. Cette solution c’était tout simplement le cursus scolaire tel qu’il était avant ÉCR. À la rigueur et à la longue, on aurait pu simplement abolir l’enseignement confessionnel (catholique en l’occurrence), rejoignant la grande famille des nations éclairées, nations qui doivent se bidonner à nous regarder foisonner dans les bondieuseries.
Il y a une autre importante occultation dans le livre de M. Leroux. En même temps que la mise sur pied du programme ÉCR, le Ministère de l’Éducation et des Loisirs (MELS) a mis sur pied un programme de « Formation à la citoyenneté » qu’il a inséré dans les cours d’histoire et il s’agit tout de même d’un bloc de contenu assez lourd. Ce programme est donc important. Car en abolissant le programme de formation morale, le MELS s’est rendu compte que l’éducation québécoise perdait quelque chose de précieux. Tous conviendront que ce contenu curriculaire particulier mérite d’être universel et obligatoire. Un livre qui voudrait faire comprendre au lecteur la révolution (ou dévolution) ÉCR ne devraitil pas mettre la réforme ÉCR en contexte ? Ne devrait-on pas expliquer au lecteur comment est articulé le frère jumeau d’ÉCR ? Qu’est-ce que M. Leroux nous dit à ce sujet ? Son propos se résume à deux ou trois courtes phrases. Il note qu’il existe un cursus de formation citoyenne. Il n’est pas d’accord que ce cursus soit largué aux professeurs d’histoire. Il pense que ce cursus devrait migrer vers ÉCR. Il ne donne aucun avis sur l’importance de la formation citoyenne ni sur les contenus qui y figurent ou qui devraient y figurer. Au fait, il est clair qu’il n’y attache aucune importance et en oublie aussitôt l’existence. Il veut que les enfants québécois baignent dans la culture multi-religieuse comme des cornichons dans leur saumure. Point à la ligne.
S’il y a un sens à parler de culture publique commune, c’est donc vers ce socle qu’il faut diriger tous nos efforts. Les programmes d’ÉCR, de philosophie, et de littérature en constituent les forces principales. (p. 326)
La méthode pédagogique que M. Leroux préconise pour le programme ÉCR se résume à un seul mot : « dialogue ». Le troisième chapitre du livre est entièrement dédié à ce sujet. Ce chapitre m’a dressé les cheveux sur la tête. Car ce à quoi semblent tenir des centaines sinon des milliers d’heures d’éducation publique ce sont des discussions libres des élèves au sujet de trois religions. Il est bien que les élèves apprennent à discuter dans le respect mutuel, incluant de sujets très délicats et polémiques. Cependant cet objectif peut être réalisé en beaucoup moins de temps que celui qui est dévolu au programme ÉCR. À constater l’enthousiasme hyperbolique de M. Leroux pour cette approche pédagogique, et son attachement à cette unique méthode pédagogique, obtenir une éducation au Québec devrait consister à assister à un perpétuel salon de thé.
Tous les penseurs de l’éducation aujourd’hui s’entendent pour reconnaître l’importance du dialogue (p. 185)
C’est lui [le dialogue, CB] qui nous donne accès aux finalités ultimes de l’éducation que sont les finalités kantiennes : devenir une personne rationnelle et respectueuse. (p. 194)
… le dialogue est notre but ultime (p 195)
Le dialogue, comme l’adaptation à la diversité, est une habileté secondaire à valeur neutre. M. Leroux devrait pourtant le savoir. À quoi bon avoir plus de pacotilles dans un dépanneur quand le choix est toujours entre plus d’items toxiques ? Quant au dialogue, c’est l’instrument principal de travail des psychopathes… Le dialogue peut être aussi néfaste que bienfaisant. Dans le contexte éducatif, où on façonne de jeunes esprits malléables, la valeur du dialogue dépend beaucoup des contenus qui seront discutés, c’est-à-dire de quoi l’on parlera. Or, la culture religieuse enseignée dans le respect ABSOLU et INFINI est un contenu néfaste, et le type de dialogue que M. Leroux propose pour l’aborder ne peut qu’empirer la situation.
Quoi faire maintenant ? Nous devons et nous allons faire démanteler sans tarder ce poison qu’est le programme scolaire québécois d’Éthique et culture religieuse. Nous allons le faire en convainquant patiemment et démocratiquement la population que c’est la meilleure chose à faire. Ce ne sera pas si difficile à réaliser. La population du Québec est déjà clairement majoritairement favorable à une laïcisation accrue de l’État selon les sondages. De découdre le discours de M. Leroux n’est qu’une première étape. Pour atteindre notre but nous devons former la plus large coalition possible des opposants à ce programme scolaire et nous entendre sur l’alternative que nous souhaitons. Nous devons promouvoir la formation à la citoyenneté, la seule thématique compatible avec une pleine laïcité, et enterrer toute velléité de former « moralement » ou « religieusement » les élèves des cycles primaire et secondaire au Québec. Pas encore une autre réforme de l’éducation! dira-t-on. Effectivement, ne demandons pas une réforme. Abolissons simplement ÉCR et développons davantage le programme actuel de formation à la citoyenneté. Laissons ce programme aux professeurs d’histoire. Finissons-en avec l’industrie théologique. La formation morale et la formation religieuse enferment le Québec dans un panier de crabes. La moralité et la religion sont des conditionnements qui devraient ne relever, et cela en toute liberté, que des familles, pas des services obligatoires et universels de l’État.
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