Conséquences de l’inexistence des divinités

par Août 23, 2016Articles de fond, Athéisme, humanisme, Québec humaniste, Religions0 commentaires

Richard Rousseau

Richard Rousseau

Chercheur scientifique spécialisé en physique des rayons X, à la retraite, ayant travaillé plus de 36 ans au laboratoire d’analyse par fluorescence des rayons X (FRX) de la Commission géologique du Canada, à Ottawa. Il y a développé une méthode d’analyse FRX et un logiciel d’application. Il est membre à vie de l’Association humaniste du Québec.

Dans un récent article [1], je démontrais que les divinités furent très discrètes depuis l’origine de l’univers jusqu’au Néolithique, il y a environ 12 000 ans. Puis, à partir de cette époque, et partout dans le monde, Proche- et MoyenOrient, Égypte, Inde, Chine, Japon, Mexique, Pérou, etc., l’humain commence à inventer des divinités pour satisfaire un besoin essentiel : sa protection. L’humain passe de la Préhistoire à l’Histoire, de l’âge de pierre à l’agriculture. Avec le développement intellectuel de l’humain, les divinités commencent à apparaître. Bizarre… Seraient-elles réelles ou imaginaires? Peu importe, du moment que l’humain a un besoin à combler, il invente une solution, tout comme n’importe quel autre outil : par exemple, l’arc et les flèches pour la chasse, la charrue pour cultiver la terre, la poterie pour cuisiner, la métallurgie pour les armes, etc.

Si donc les divinités sont des inventions humaines, il en résulte que toutes les religions, qui ne sont qu’un ensemble de règles et rituels à suivre pour les honorer, n’ont aucune crédibilité, ne sont que des fumisteries, tout comme les prétendus livres saints, comme la Torah, la Bible et le Coran, qui ne sont que la compilation de prétendues révélations de ces divinités mythiques. À propos de ces livres, soyons lucides. Comment des divinités fictives peuvent-elles nous révéler les règles à suivre pour les honorer ? Ce n’est pas sérieux. C’est de la pure fantaisie! Certains livres publiés récemment confirment ces allégations, comme ceux de Normand Rousseau [2], Andréa Richard [3] et Michel Morin [4]. Finalement, que reste-t-il aux croyants ? Comment peuvent-ils combler leur besoin essentiel de croire à tout être surnaturel pour réconforter leurs peurs, pour apaiser leurs souffrances en ce bas monde? Comment combler leur soif d’un au-delà glorieux après la mort? Je vais proposer des solutions beaucoup plus efficaces pour satisfaire ces besoins, quoique je doute qu’elles aient le moindre intérêt auprès des croyants. Les anciennes habitudes sont tenaces. Nous verrons.

Les divinités, sont-elles vraiment utiles aux humains

? L’être humain a tendance lorsqu’il souffre, lorsqu’il saute d’épreuve en épreuve, lorsqu’il ne voit pas de solutions à son interminable liste de malheurs, à implorer des divinités pour lui venir en aide. Peu importe que ces divinités soient invisibles, impalpables, silencieuses, qu’elles ne se manifestent jamais, bref dont l’existence soit plus que douteuse, l’humain se dit : « j’en ai besoin, je n’ai pas d’autres solutions, je n’ai rien à perdre, alors je les implore. Un point c’est tout ! » Cette habitude provient d’un lointain souvenir de son enfance, fortement imprégnée dans son subconscient, qui consistait à demander l’aide de ses parents, des géants tout puissants à ses yeux, lorsqu’il subissait une douleur quelconque. Mais est-ce que les divinités sont vraiment la solution à tous les problèmes humains ? Vérifions.

Dans des temps immémoriaux, tout pouvait servir de divinités : « les animaux, les fleuves, les montagnes, les forêts, les arbres… et les astres. Ce fut le règne de l’animisme et du totémisme. Ce n’est que par la suite que l’humain s’est tourné vers lui-même pour créer des divinités à son image. L’Égypte nous donne un bon exemple de la transition du totémisme au polythéisme anthropomorphique. Également, la Grèce et l’Empire romain délaissent le totémisme pour créer leurs dieux à l’image humaine. » [2]

Puis, avec le développement de l’écriture, l’une de ces divinités inventées par l’humain commence à se révéler à ceux-ci, à des personnes en particulier nommées « prophètes ». Quelle coïncidence ! Cette divinité parle pour la première fois aux humains, à la naissance de l’écriture, elle leur parle pour qu’ils puissent écrire ses révélations dans des livres qui deviendront plus tard la Torah, la Bible et le Coran. Incroyable ! Un vrai miracle ! Elle réclame même l’unicité, finit le polythéisme, finit la cohabitation avec des moins que rien, et s’appellera soit Yahvé, Dieu ou Allah, selon le lieu et l’époque de son apparition. Cette divinité définit même des règles et rituels à suivre pour l’honorer. Elle est très exigeante. Fini le libertinage sinon il y aura génocides et déluges… C’est le début des religions. Quel monde merveilleux ! L’une des divinités s’est enfin manifestée, l’humain sait exactement comment l’honorer, et comment implorer son aide en cas de besoin. Qu’espérer de plus ? Sauf que…

Sauf que cette divinité s’adresse seulement, dans un premier temps, à des gens illettrés, dont l’existence même est douteuse, dans des régions désertiques du Proche-Orient. [4] Elle leur parle de banalités de leur vie quotidienne, se préoccupe uniquement de viles chicanes entre les humains de l’époque. Elle aurait même révélé à l’un des premiers patriarches de la Bible, Abraham : « À ta descendance, je donnerai la terre que voici. » Une divinité prétendument toute puissante, créatrice de l’univers, qui se préoccupe uniquement d’une parcelle de terrain de notre planète destinée à un petit peuple en particulier, le peuple hébreu. [3] Non, mais, c’est incroyable ! Au lieu de leur parler de l’immensité de l’univers, de galaxies, d’étoiles, d’exoplanètes où la vie pourrait s’être développée [5], des merveilles que la science nous révèle, de l’organisation incroyable de la nature, de l’évolution fantastique de la vie sur Terre, etc., ce qui aurait été normal pour une divinité digne de ce nom, elle préfère parler de tous les préjugés humains : « peine de mort pour raisons religieuses, misogynie, esclavage, sacrifices humains ou d’animaux, génocides religieux et guerres saintes, inquisitions, chasses aux sorcières, charria, etc. Elle impose même la croyance en la divinisation d’un être humain, prétendument son Fils, nommé Jésus, venu sur Terre pour racheter tous les péchés du monde. » [2]

Indéniablement, ces prétendues révélations sont trop humaines pour qu’elles puissent être divines. Les mots qui me viennent à l’esprit en lisant ces paroles sont : loufoque, farfelue, niaiserie, absurde, débile, ridicule, fantaisiste, saugrenue, folie, violence, haine, etc. J’ai peine à me retenir tellement c’est ahurissant, mais restons polis par respect pour les milliards de croyants sur Terre. Contentons-nous de dire que la Bible, qui renferme toutes ces révélations, n’est qu’une œuvre de fiction, un livre mythologique écrit par des mythomanes qui avaient une tendance anormale, même maladive, à inventer des faits, des divinités, et des personnages fictifs. Dans ce cas, cette divinité peut-elle être d’une utilité quelconque aux humains ? Je ne pense pas.

Conséquences de la croyance au divin

Malheureusement, toutes ces révélations invraisemblables sont encore très populaires de nos jours. Le temps n’a pas réussi à les faire oublier. Les aléas de l’histoire nous ont joué de vilains tours. Les disciples des trois principales religions, les monothéismes, ont été très habiles pour permettre la survie de leurs croyances religieuses. En s’associant à la classe dirigeante, ils avaient plein pouvoir pour éduquer le pauvre peuple ignorant et naïf, victime de leur harcèlement, et contrôler leurs croyances religieuses. De plus, ils ont inventé un concept qui les a énormément aidés à perpétuer leurs convictions : le lavage de cerveau ! Lorsque l’enfant vient au monde, il est athée. Mais les mères, ces théologiennes par excellence, se chargent de l’endoctriner dès le bas âge. Les mères ou les deux parents en profitent pour lui enseigner les rudiments de leur religion, alors qu’il est encore trop jeune pour comprendre ce qu’on lui enseigne. Puis, lorsque l’enfant devient adulte, il se transforme, grâce à un apprentissage très efficace, en un croyant convaincu qui ne se pose aucune question concernant l’irrationnel de ses croyances, car il a la foi! Et voilà, le mal est fait. Ainsi subsistent encore aujourd’hui toutes ces vérités, lesquelles furent révélées par une divinité imaginaire à un petit peuple d’illettré vivant dans le désert, il y a 3200 ans.

De nos jours, toute conviction religieuse sincère et honnête mène la plupart du temps, pour ne pas dire toujours, à l’intolérance (dans le langage populaire, on dit que les gens sont bornés), au dogmatisme ou à l’intégrisme, au fanatisme, et finalement à la violence. Pour combler leurs besoins de spiritualité, les croyants s’éloignent rapidement du rationnel et du gros bon sens. Ils transposent à l’âge adulte, ce vieux réflexe de notre première enfance, qui consistait à pleurer pour attirer l’attention de géants, les parents, pour satisfaire tous leurs besoins fondamentaux : amour, nourriture et chaleur. En somme, le besoin de spiritualité du croyant repose sur un comportement infantile et irrationnel. Et lorsqu’on s’adresse à des êtres surnaturels par la prière, les risques de dérapage sont grands, pour ne pas dire inévitables. Pour ce qui est des religions, elles ne font qu’encourager, promouvoir et supporter toutes ces croyances irrationnelles, ce qui n’améliore pas la situation. [6]

Et les dérapages sont nombreux et bien réels. Je suis bien conscient que les religions ne sont pas la cause de tous les conflits sur Terre. Par exemple, avant que les religions existent, les humains s’entretuaient à qui mieux mieux au Proche- et Moyen-Orient. De nombreuses villes florissantes, comme Babylone et Ur, sont aujourd’hui disparues suite à de nombreuses guerres. Encore aujourd’hui, malgré les religions, on continue à s’entretuer dans la même région, entre autres en Iraq, en Syrie et en Israël. Les dictateurs et les terroristes s’en donnent à cœur joie. Ça semble être le sport national de cette région. Il serait difficile également d’attribuer aux religions tous les morts des deux dernières grandes guerres mondiales, tous les massacres commis par Hitler, Staline, Mao, Pol Pot, etc. Le climat politique, le climat économique, la soif du pouvoir et de l’argent sont des sources majeures de conflit. Mais, peu importe. Les religions sont une source de conflits supplémentaire. On pourrait bien s’en passer. Elles sont responsables de millions de morts lors de guerres saintes sur le continent européen, de massacres, de croisades, de l’inquisition, d’avoir supporté l’esclavage et l’infériorisation de la femme. Lors de la période de colonisation, elles ont importé leurs croyances ridicules et les ont souvent implantées par la force et la guerre. L’histoire est une longue suite de conflits et les religions n’ont rien fait pour améliorer les choses. Au contraire, elles les ont empirées. Mais ce n’est pas tout. Il y a autre chose.

Comme je l’ai déjà écrit [7], le principal objectif de toute religion est d’essayer de nous convaincre qu’une divinité toute puissante a créé l’univers, y compris notre planète Terre et tout ce qui y vit : plantes, animaux, et finalement, nous les humains, et que cette divinité prend soin de nous à tout moment, qu’elle nous protège, qu’elle est tout amour pour nous, les humains. Mais qu’on ne se laisse pas berner. On constate, peu importe que l’on fasse bien ou mal, que cette divinité sent le besoin de nous punir, de nous torturer, jamais de nous récompenser, pour nous rappeler constamment que nous sommes indignes de son amour, nous petits humains indisciplinés. C’est alors que certaines personnes en profitent pour se proclamer prophètes de cette divinité dans le but d’intercéder au nom de l’humanité pour adoucir notre sort, mais à quel prix ! Tous les sacrifices sont demandés, une multitude de prières doivent sans cesse être récitées. Mais rien n’y fait, cette divinité continue à nous torturer malgré tout, toujours encore et encore. Le seul espoir est qu’au moment de notre mort nous aurons suffisamment souffert, accumulé assez d’indulgences plénières, pour nous retrouver dans un paradis céleste à côté de ce monstre dont le seul objectif était de nous faire souffrir de notre vivant. Quelle belle histoire de conte de fées ! Alors les religions, ça sert à quoi ? Ont-elles contribué à améliorer le sort humain, à développer la civilisation, ont-elles apporté quelque chose à l’humanité comme améliorer la nature humaine ou réduire la violence dans le monde ? Est-ce que les religions sont vraiment utiles? Serions-nous capables de nous en passer? Serions-nous plus heureux sans elles ? Comment se sortir de tout ce pétrin ? Essayons de répondre à toutes ces questions.

La spiritualité humaniste

En réponse aux questions précédentes, on constate l’échec des religions à améliorer le sort de l’humanité, à développer la civilisation, à améliorer la nature humaine, à réduire la violence dans le monde ou simplement à contribuer à rendre l’humain heureux de son court passage sur cette petite planète Terre. Avec tous leurs dogmes inflexibles, irrationnels et indémontrables, les religions contribuent davantage à faire souffrir qu’à rendre heureux. Terrible constat pour les croyants. Alors, si la solution « croyance au divin » et ses religions ne donnent pas les résultats espérés, on la remplace par quoi ?

En lieu et place, l’avenir de l’humanité passe par la tolérance, le partage, l’entraide, l’acceptation de l’autre et non par la confrontation et par la guerre qui ne font que détruire l’humain et construire des murs de haine et de destruction entre les gens. Un examen de conscience sérieux s’impose à tous les êtres humains de bonne volonté, croyants comme non-croyants. C’est ensemble que nous pouvons reconstruire les ponts et préparer l’avenir de nos enfants. Il nous faut tous et toutes, encore une fois je le dis, croyants et non-croyants, travailler à la paix et à l’harmonie entre les peuples.

Le rejet des croyances divines et religieuses peut créer un vide de valeurs spirituelles. Comme l’être humain a toujours eu le besoin de croire en quelque chose, il faut lui proposer une spiritualité alternative capable de combler les attentes de tous, croyants et non-croyants. Il faut leur proposer une éthique essentiellement laïque, proposer des règles de vie, un code de conduite entre les hommes, une vision du monde purement humaniste, basée uniquement sur des valeurs humaines qui ne comprennent pas d’éléments surnaturels ou mystiques. Ces valeurs humaines sont inhérentes à la nature humaine, ne sont pas d’origine divine et encore bien moins d’origines religieuses. Elles sont susceptibles d’apporter à l’humain davantage de réconfort, de satisfaction et de raisons d’être que la croyance à des divinités imaginaires.

Il faut donc remplacer la spiritualité proposée jusqu’à ce jour par les religions, celle basée uniquement sur le divin, le mystique, le surnaturel, par une spiritualité basée uniquement sur l’extraordinaire potentiel spirituel de l’être humain, et ce, sans l’aide, sans l’appui moral d’aucune divinité, afin que chaque personne puisse arriver à savourer le maximum de bonheur lors de son court passage sur cette planète Terre [8]. Les divinités sont trop inhumaines, il faut les abandonner. Pour réaliser ce projet ambitieux, il faut plus que des vœux pieux. Pour qu’une solution soit viable, il me semble que le mieux-être de vivre de tous devrait être assuré par un ensemble de valeurs humaines sûres, bien concrètes qui n’impliquent aucune croyance à des divinités imaginaires. Cette solution s’appelle l’humanisme. Comment la définit-on ? Voici.

L’humanisme tel que défini par l’Association humaniste du Québec [9] affirme la valeur, l’égalité, la dignité et l’autonomie des individus et le droit de chaque être humain à la plus grande liberté possible qui soit compatible avec les droits des autres. Elle met l’humain au-dessus de toute idéologie politique ou croyance irrationnelle. Elle est basée uniquement sur des valeurs humaines qui reposent avant tout sur les droits de la personne, le respect de la femme, des enfants et de la famille, la non-violence, la justice et l’entraide humanitaire. Elle fait la promotion de la connaissance véritable et évolutive que nous fournissent les sciences exactes de la nature, pour assurer une meilleure qualité de vie à l’humain. En plus de promouvoir les valeurs humaines, cette nouvelle spiritualité respecte toute forme de vie sur cette planète (les animaux, les forêts, les plantes, etc.) et l’environnement (l’humaniste se préoccupe du réchauffement climatique, de l’effet de serre, de la couche d’ozone, de la pollution, des réserves d’eau potable, etc.). Évidemment, cette nouvelle spiritualité exclut la croyance à un monde surnaturel imaginaire. Cette croyance est devenue anachronique. On peut donc parler d’une véritable spiritualité créant un lien spirituel entre les humains, une indispensable solidarité entre chacun. Cette spiritualité humaniste athée porte sur la « vie de l’esprit », celle qui unit les êtres humains entre eux, et non pas celle qui les unit à une entité divine hypothétique.

André Comte-Sponville disait : « On peut très bien se passer du divin et vivre paisiblement sans religion. Ce constat n’induit ni un manque ni un vide. Il oblige plutôt à redéfinir notre existence en termes de valeurs humaines. Par exemple, il n’est pas nécessaire de croire en Dieu pour penser que l’amour vaut mieux que la haine, que la compassion est préférable à l’indifférence et à l’insensibilité, que la générosité vaut mieux que la cupidité, que la sincérité vaut mieux que le mensonge, qu’il vaut mieux être honnête que tricheur, que le courage vaut mieux que la lâcheté, que la justice vaut mieux que l’injustice, que la liberté vaut mieux que l’esclavage, que la paix vaut mieux que la guerre, etc. Nous n’avons aucun besoin d’un Dieu quelconque pour donner un sens à notre existence, cette tâche nous appartient et il nous revient d’en accepter la responsabilité tout en étant pleinement conscients que cette vie a une finalité, la mort, et que, malgré tout, c’est un immense privilège que d’être en vie. » [10]

Il va de soi que la spiritualité humaniste n’est pas tournée vers le divin, mais exclusivement vers l’humain. Dans un premier temps, elle est centrée sur les besoins fondamentaux de l’individu. Tout être humain a besoin de travail, de pain, d’affection. Il a besoin de se sentir utile et de vivre sa solidarité. La manière de combler ces besoins peut varier en fonction des cultures et des civilisations, mais ces besoins sont partout les mêmes. Cette spiritualité est tournée également vers l’autre, vers celui ou celle avec qui l’individu partage son humanité, où la raison, la science et la solidarité nous aident à mieux vivre notre destinée d’humain. L’humaniste ne fait pas de l’homme un dieu, mais sa principale préoccupation, celui qui peut donner un sens à sa vie en dehors de toute croyance au divin. Il n’y a pas de place pour le surnaturel dans une vision véritablement humaniste. Je pense que seule cette spiritualité humaniste athée, cette solidarité humaine, peut être véritablement universelle et rassembleuse, peut créer une véritable société humanitaire. [8]

Certains diront qu’il n’est pas nécessaire de passer par l’humanisme, qui implique l’athéisme, pour atteindre un véritable épanouissement personnel, pour que l’être humain soit heureux lors de son court passage sur cette petite planète nommée la Terre. Le croyant revendiquera qu’il partage les mêmes valeurs humanistes d’entraide, de solidarité, etc., que le divin et l’humanisme vont de pair. Je pense que c’est faux. L’erreur est d’imaginer des êtres surnaturels pouvant lui venir en aide n’importe quand, tout comme ses parents, lorsqu’il était un jeune enfant. Lorsqu’on s’adresse à des personnages imaginaires ou irréels, les risques de dérapage sont très grands, pour ne pas dire certains. Pour ce qui est des religions, elles ne font qu’encourager, promouvoir et supporter toutes ces croyances irrationnelles, ce qui n’améliore pas la situation. Il existe une meilleure façon de supprimer toutes ses peurs : peur de l’inconnu, peur de la souffrance, peur de la mort. Il y a la connaissance. La connaissance de la médecine pour soigner le corps, la connaissance de l’univers pour que l’humain puisse comprendre dans quel monde il vit et la connaissance de sa psychologie pour qu’il puisse comprendre son comportement. La connaissance rassure. Plus besoin de divinités protectrices. Alors, tout simplement, je les rejette en souscrivant à l’athéisme. [8]

La laïcité, un compromis

Aussi étonnant que cela puisse paraître, même en démontrant que les croyances religieuses se heurtent aux contradictions soulevées par la réalité, le démenti d’une croyance ou d’une prédiction n’implique pas l’abandon automatique de cette croyance à laquelle la personne adhère. En clair, la plupart du temps, les croyances résistent à l’épreuve des faits. Au bout du compte, il serait vain de gaspiller temps et énergie à tenter de prouver, par exemple, que Jésus n’était pas un Homme-Dieu, un Messie, un sauveur de l’humanité, mort sur une croix et ressuscité ou tout simplement qu’il n’a pas existé. D’une part, rien ne pourrait infléchir la conviction des croyants, et d’autre part, les non-croyants sont somme toute assez indifférents à toutes ces croyances. [4]

Essayer de convaincre un croyant qu’il nage dans la fabulation est peine perdue. Peu lui importe que ses prières restent toujours sans réponses. Il se comporte comme l’enfant à qui l’on apprend que le père Noël n’existe pas. Il refuse d’y croire. Il a toujours l’espoir que ses vœux les plus chers seront exaucés un jour. Laissons-le rêver en vain. Fichons-lui la paix. Laissons-le se pendre avec sa propre corde, s’il y tient tant… L’important est de trouver plutôt un moyen de vivre en paix et en harmonie avec eux, nous les non-croyants. Concentrons-nous plutôt sur la marche à suivre résultante de nos réflexions sur les divinités, sur le comment vivre sans elles.

Alors, si l’on ne peut supprimer les religions, que fait-on ? Il existe heureusement plusieurs outils pour tenter de résoudre tout ce fanatisme religieux, entre autres l’humanisme et l’athéisme, mais ils sont tous inopérants s’il en manque un: la laïcité. Pas la laïcité positive, pas la laïcité inclusive, pas la laïcité-je-ne-sais-quoi, la laïcité point final. Elle seule permet, parce qu’elle prône l’universalisme des droits, l’exercice de l’égalité, de la liberté, de la fraternité, de la solidarité envers les femmes. Elle seule permet la pleine liberté de conscience, liberté que nient, plus ou moins ouvertement, toutes les religions, tous les croyants. Seule la laïcité permet, ironiquement, aux croyants et non-croyants, de vivre en paix. Tous ceux qui prétendent défendre les croyants en acceptant le discours totalitaire religieux défendent en fait leurs bourreaux. Les premières victimes du fanatisme religieux, ce sont les croyants eux-mêmes (juifs, chrétiens, musulmans). [6]

Insistons, la laïcité veut dire que nous pouvons cohabiter avec les religieux, nous pouvons vivre ensemble, croyants et non-croyants, dans la paix, la concorde, la compréhension et la reconnaissance mutuelle, selon la conception commune d’une liberté d’expression garantie à chacun, qui sache se concilier avec la liberté d’expression de tous les autres. La laïcité n’est pas l’ennemi de la religion. C’est le principe d’organisation politique qui permet à tous, croyants et non-croyants, d’être à égalité dans la jouissance des mêmes droits. [6]

Sur un plan plus local, j’invite les politiciens à mettre sur pied un projet de Charte de la laïcité [11], où l’État affirme sa neutralité concernant tous les secteurs religieux, où l’État affirme la liberté de chacun à pratiquer et afficher la religion de son choix dans la sphère privée; mais dans la sphère publique, l’État demande à tous ses citoyens, croyants et non croyants, d’afficher leur neutralité (par leur attitude, leur tenue vestimentaire, leur comportement et leurs paroles), sauf évidemment dans les temples, les Églises et les bâtisses du même genre. Cependant, l’État se garde le droit d’intervenir dans ces lieux « sacrés » si les lois sur le terrorisme, la protection de la jeunesse, l’égalité homme femme, la propagande haineuse, etc., ne sont pas respectées.

Le fanatisme religieux et le terrorisme commencent toujours par l’enseignement religieux à de jeunes enfants. Pour endiguer ce fléau, l’État doit interdire l’enseignement des religions dans toutes les écoles publiques ou privées, du primaire au secondaire, subventionnées ou pas, les cégeps et les universités. Dans la sphère publique, on remplace l’enseignement des religions par l’histoire des religions, l’histoire vraie, impartiale, peu importe qu’elle favorise ou pas les religions, par la philosophie adaptée à des enfants, et par un programme de formation à la citoyenneté tel que décrit par Claude Braun [12]. L’enseignement des religions peut se faire uniquement dans la sphère privée à des personnes adultes, capables de faire la part des choses, de faire preuve de discernement, en d’autres termes, d’avoir une pensée critique après avoir été formées dans ce sens. De plus, les adultes n’ont pas le droit d’imposer à leurs enfants leurs propres convictions religieuses par respect pour leur liberté de conscience. On n’enseigne pas à des enfants des concepts religieux très abstraits – comme parler à des personnages fictifs par la prière – qu’ils sont incapables de comprendre, qui risquent de les troubler, et qui pourrait éventuellement en faire de futurs terroristes…

Évidemment, j’aimerais voir la disparition des religions, mais ça n’arrivera pas, du moins pas à court terme; les gens ont besoin de croire en quelque chose, d’où le besoin de faire la promotion de la laïcité, ce qui permet à tous et toutes, croyants et non-croyants, de cohabiter dans la paix et l’harmonie. C’est un moindre mal. Pour les millions de personnes anonymes, toutes les institutions, tous les chefs d’État et de gouvernement, toutes les personnalités politiques, intellectuelles et médiatiques, tous les dignitaires religieux, pour la majorité de nos soutiens, la laïcité va de soi. Pour les autres, nous les encourageons à réfléchir… [6]

Conclusion Aujourd’hui, je n’arrive plus à concilier foi aveugle et réflexion. Toutes croyances divines et religieuses sont en conflit avec mon rationnel et m’empêchent de vivre en harmonie avec moi-même et mon environnement. Je le répète, ce lointain héritage du passé, reposant sur l’ignorance, entre en conflit avec toutes les connaissances actuelles (origine de l’univers, origine de la Terre, origine de la vie, origine de l’homo sapiens). C’est insulter mon intelligence que de me proposer de croire à des croyances aussi irrationnelles

À la lumière de la pensée critique et de la science, je considère comme des fictions infantilisantes les dieux, les démons, la réincarnation, l’âme immortelle et les autres croyances surnaturelles. Je valorise les valeurs humaines, la raison, le savoir et l’avancement matériel, intellectuel et moral de l’humanité. C’est l’humanisme. Ma philosophie est matérialiste : il n’existe aucune âme associée au corps, tout comme l’esprit ou l’intellect est lui aussi matériel, car relevant d’un processus neuronal. Je suis un être moral et en constante évolution, responsable de moi-même, sans l’aide d’aucune divinité, à l’instar de l’humanité dont je fais partie. C’est l’athéisme. De plus, pour le bien-être de l’humanité, je préconise la laïcité et rejette toute influence religieuse dans les institutions publiques.

Comme le dit si bien la chanson « Maintenant je sais » de Jean Gabin : La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses C’est tout c’que j’sais! Mais ça, j’le sais…!

Lorsque le bébé vient au monde, il a les poings fermés, prêt à combattre, pour affronter tous les problèmes auxquels il aura à faire face pendant sa vie. Puis, lorsqu’il meurt, il a les mains ouvertes, car pendant toute sa vie durant, il aura appris à tendre la main pour recevoir et donner de l’aide à son prochain, ce qui est, tout simplement, l’humanisme. Voilà le secret d’une vie heureuse, ici-bas sur Terre, sans espoir d’une vie éternelle. Ce n’est pas nécessaire. [8]

Références

[1] Richard Rousseau, Peut-on croire à l’existence des divinités? Sinon, toutes les religions ne sont que fumisteries!, publié sur le site web atheisme@free.fr à l’adresse suivante : http://atheisme.free.fr/Contributions/ Existence_divinites_1.htm

[2] Normand Rousseau, Monsieur Jésus, Éditeur Fondation littéraire Fleur de Lys, 2016.

[3] Andréa Richard, Au-delà de la religion. Pour une spiritualité laïque en mouvement, Éditeur Septentrion, 2009.

[4] Michel Morin, Ne dites pas à ma mère que je suis athée, Éditeur Perro, 2015.

[5] Nous ne sommes pas seuls! Science & Vie, No 1139, p. 50, août 2012

[6] Richard Rousseau, Le monstre enfanté par les religions, publié sur le site web de l’AHQ, à l’adresse web suivante : …

[7] Richard Rousseau, Les religions, qu’ossa donne ?, publié sur le site web de l’AHQ, à l’adresse web suivante : http:// assohum.org/2013/01/les-religions-quossa-donne/

[8] Richard Rousseau, Athéisme et humanisme, quel bonheur!, publié sur le site web de l’AHQ à l’adresse suivante : http:// assohum.org/2014/06/atheisme-et-humanisme-quel-bonheur/

[9] Association humaniste du Québec, Nos principes, http:// assohum.org/qui-sommes-nous-2/

[10] André Comte-Sponville, L’esprit de l’athéisme, Albin Michel, Le Livre de Poche 3113, 2006.

[11] Normand Rousseau, Charte de la laïcité du Québec, http:// www.laicite.quebec/Documents/Charte_laicite_NR06-1.pdf

[12] Claude Braun, Pourquoi avons-nous besoin, au Québec, d’un programme universel et obligatoire de formation à la citoyenneté plutôt que notre actuel programme d’éthique et culture religieuse ?, Bulletin Québec humaniste, Vol. 11, No. 1, p. 14-19, Printemps 2016. http://assohum.org/Media/QH/ QHVol11nu1.pdf

[13] Encyclopédie Internet Wikipédia, Ganesh, une divinité hindoue, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ganesh

[14] Pat Duffy Hutcheon, L’humanisme moderne – Une définition, http://www.fondhum.org/lhumanisme/lhumanisme-moderneune-definition

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