Andréa Richard
Après dix-huit ans de vie religieuse, active et contemplative, Andréa Richard redevient laïque. Fondatrice, dans les années 1970 de mouvements d’avant-garde pour le renouvellement de l’Église. Elle exerce toujours la profession de conférencière et d’animatrice dans différents milieux, principalement au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et occasionnellement en France et aux États-Unis. Elle est l’auteure de Au-delà de la Religion, best-seller (3 éditions) et l’Essence de la vie, Ed. Septentrion.
(publié dans le Huffington Post Québec )
J’ai écouté Monsieur Georges Leroux, interviewé à Ricochet rencontre par Ludvic Moquin Beaudry le 10 avril 2016, au sujet du cours Éthique et culture religieuse (ÉCR). Il parle de la finalité envisagée lors de l’élaboration de ce cours. Ce cours visait la «reconnaissance de l’autre».
Une étude approfondie du volet religion du cours ÉCR permet de conclure que ce n’est pas la reconnaissance de ce qu’est l’autre qui est donnée, c’est la reconnaissance de la religion de l’autre, qui est présentée comme bonne, comme la vérité, etc… Le cours ne nous parle pas du pays de l’autre, de ses origines, mais de sa religion!
Il faut, dit M. Leroux, garder la tradition et même la continuer. Oui, mais quelle tradition? Celle de la religion? Eh oui! Les tenants du cours ÉCR semblent tenir à ce que les gens perpétuent la religion. C’est la véritable finalité du cours : valoriser le fait d’appartenir à une religion et en être fier.
Je peux concevoir qu’en toute liberté, cela puisse se faire à la maison ou dans les lieux de culte. Mais l’école n’a pas à cautionner, ni à favoriser l’émergence ou le maintien d’une religion ou de religions.
Selon moi, la tradition religieuse non seulement devrait être oubliée, mais elle devrait être «enterrée». La ressusciter, c’est à nouveau donner la possibilité qu’elle s’impose ou, du moins, c’est un encouragement à en continuer la pratique désuète et archaïque. Est-ce cela qu’on ose appeler le progrès? Ne pas confondre tradition et patrimoine.
Monsieur Leroux parle aussi de la finalité numéro 3 : «aligner sur la citoyenneté». Il dit que ce programme ÉCR est une «éducation à la citoyenneté». Pourtant, à mon humble avis, bien au contraire, ce cours, dans son volet religion, invite a ne pas s’intégrer à la citoyenneté, car c’est ta religion qui devient ton identité : juif, catholique, musulman, etc. Monsieur Leroux relève la finalité nunémo 2 : «le bien commun». Cet enseignement fait plutôt en sorte que le bien commun devient divisé en «chacun sa religion»!
Bref, selon moi, ne pas enlever le volet religion de ce cours, c’est faire preuve d’une irresponsabilité déplorable et d’un manque de jugement et discernement.
Je note que M. Leroux parle aussi comme si les enseignants étaient d’accord avec lui. Qui sont ces professeurs qui le soutiennent? J’ai eu personnellement des échos d’enseignants qui ne font pas concert avec ceux de M. Leroux.
Cependant, M. Leroux a versé un peu d’espoir. Il dit lui-même qu’il faut que le cours soit revu parce que ce cours n’est pas parfait. Voilà une raison de plus pour justifier l’abolition du volet religion, plutôt que de soi-disant l’améliorer… Celles et ceux qui veulent faire perdurer de telles traditions ayant fait des milliers de victimes devraient réfléchir et en parler dans leur famille ou fréquenter leurs lieux de culte. L’école se doit d’être laïque.
Andréa Richard
Militante pour la laïcité, conférencière et auteure
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