Le pari de Robert Lamontage : Sommes-nous seuls dans l’Univers ?

par Jan 27, 2016Québec humaniste, sciences0 commentaires

CLAUDE BRAUN

CLAUDE BRAUN

Administrateur et éditeur en chef du "Québec humaniste"

Claude Braun a été professeur de neurosciences cognitives à l'UQAM de nombreuses années. Retraité depuis peu, Il a publié nombres de documents de recherches sur le sujet. Il a été également éditeur du "Québec laïque"  et est depuis quelques années l'éditeur en chef  de notre revue "Québec humaniste" Il a également publié "Québec Athée" en 2010. Téléchargeable gratuitement en utilisant ce lien avec  les compliments de l'auteur.

« Il y a deux types de corps dans le cosmos, les soleils et les terres : les premiers lumineux et en feu, les seconds cristallins et aqueux. Les terres sont en rotation autour des soleils, exactement comme la Terre se déplace autour du Soleil. Ce ne sont que la distance et la luminosité des soleils qui parviennent à rendre invisibles les autres terres, et il existe en réalité un univers infini dans lequel il n’y a pas de sphères de cristal et où les étoiles sont de même nature que notre soleil. » Giordano Bruno (1548-1600)

Robert Lamontagne est professeur de physique à l’Université de Montréal, directeur de l’Observatoire Mégantic, et spécialiste des exoplanètes, en vue surtout de savoir s’il existe de la vie extraterrestre. Ce qui suit est un compte rendu de conférence que Mr Lamontagne a récemment donnée au Cœur des Sciences de l’UQAM.

Nous sommes accoutumés à associer de telles préoccupations aux émissions télévisées de nerds en bodysuits de Spandex sur vaisseaux spatiaux nommés Enterprise, et donc de les reléguer au domaine de la science-fiction populaire. Nous avons aussi été las de savoir que les messages envoyés dans l’espace sont restés lettre morte pendant quatre décennies. On a eu tendance à classer la question de la vie extraterrestre dans le tiroir des questions oiseuses.

Erreur ! Le professeur Lamontagne a dispensé une magistrale conférence publique au Cœur des Sciences de l’UQAM le 15 oct 2015 pour mettre les pendules à l’heure.

Il a expliqué que la recherche scientifique sérieuse sur l’éventualité de vie extraterrestre a atteint une grande maturité. Le pari de Robert Lamontage : Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Claude Braun Il s’agit d’une importante communauté des scientifiques de disciplines diverses : exobiologistes, exophysiciens atomiques et subatomiques, exoastronomes, exochimistes, exogéologues, spécialistes de l’optique, mathématiciens, ingénieurs… Ceuxci sont bien implantés dans les universités, formant une relève enthousiaste. Ils sont financés pour cette recherche spécifique à hauteur de plus d’une centaine de milliards de dollars par les pouvoirs publics. Ils organisent des congrès internationaux. Ils progressent très vite. Ils disposent de promesses de financement à court terme pour un télescope avec un miroir de 30 mètres aux États-Unis et de 39 mètres au Chili, de nouvelles sondes orbitales, des spectromètres spécialisés pour analyser les atmosphères de planètes lointaines…, etc.

On trouve présentement des exoplanètes tous les jours en observant un disque obscur passer devant un soleil n’importe où dans l’univers. On a officiellement identifié environ 3000 de ces planètes à ce jour, mais le rythme de repérage va considérablement s’accélérer dans les quelques années à venir, particulièrement avec la venue imminente d’un télescope orbital en remplacement de Hubble qui sera beaucoup plus performant. Mais cela n’est que la première phase de la démarche pour détecter la vie.

Les équipes spécialisées sont maintenant capables de déterminer la taille et masse des soleils et planètes, la distance entre les deux, et aussi la vitesse d’orbite, et de même pour les lunes de ces planètes, même si c’est plus difficile. Tout ceci permet de déterminer si une planète ou lune est à une température compatible avec la vie telle qu’on la connait, c’est-à-dire entre zéro et environ 100 degrés centigrades. On dénomme cette fenêtre « zone habitable ». On est déjà en mesure d’estimer avec certitude qu’il existe au-delà d’un milliard de planètes en zone habitable dans notre seule galaxie. La troisième phase d’analyse consiste à repérer l’atmosphère des planètes plus « prometteuses ». En effet, il y a un mince halo de lumière autour des planètes pourvues d’une atmosphère parce que l’atmosphère diffracte la lumière de leurs soleils de façon maintenant beaucoup plus compréhensible pour les chercheurs.

Une quatrième phase d’analyse est l’analyse spectroscopique de ces atmosphères. La vie telle qu’on la connait est faite principalement de cinq éléments indispensables : oxygène, nitrogène, hydrogène, carbone et méthane. Des spectroscopes peuvent maintenant déterminer la concentration de chacun de ces éléments dans l’atmosphère de n’importe quelle planète. Or, une concentration d’oxygène semblable à celle de notre planète ne peut exister sans vie, car la nôtre, truffée d’oxygène, vient presque exclusivement de la vie sur notre planète, autrefois des bactéries mais aujourd’hui surtout des plantes vertes, notamment des arbres.

Ultimement, on pourra même déterminer s’il existe sur une planète donnée une forme avancée de vie car le méthane, tel qu’on le trouve concentré dans notre atmosphère, ne provient que de gros animaux, comme les vaches par exemple. Ensuite, on pourra détecter des signes d’industrialisation de la vie extraterrestre en mesurant la concentration d’azote dans l’atmosphère puisque cet élément dans une concentration comme celle de notre planète ne peut provenir que de l’activité industrielle. Finalement, dans 20 ans environ, si le financement est maintenu tel que promis, un télescope avec miroir de 60 mètres sera construit. Ce télescope permettra littéralement de voir les gros animaux et végétations sur des planètes de notre galaxie.

Par ailleurs, on pourra tourner nos oreilles vers les planètes plus prometteuses et analyser la facture du bruit blanc en émergeant. Toute planète produit un bruit blanc, mais le bruit blanc de notre planète est dans une catégorie complètement à part : radio, télé, micro-ondes, sonar, etc. Et on sait maintenant comment repérer ce type de « bruit blanc » dans l’espace de façon très dirigée. On pourra aussi projeter de façon ciblée vers ces planètes, des signaux radio. Toutefois, la réponse pourrait se faire attendre compte tenu des distances…

Robert Lamontagne dédie maintenant le gros de ses énergies à démontrer l’existence de vie extraterrestre dont il est convaincu qu’elle existe. Paraît-il qu’à chaque conférence publique qu’il donne sur le sujet depuis 5 ans, il parie $ 10.00 qu’on aura la réponse définitive en 2020. Il n’a pas manqué de lancer à nouveau le pari. Même si la réponse devait être négative, il sera difficile de ne pas se faire une idée forte à cette date.

Je conclus là où un directeur administratif et collecteur de fonds comme Robert Lamontagne risque peu d’aller… Si vous croyez qu’une entité immatérielle pourvue d’une personnalité quasihumaine a créé l’humain à son image dans un univers/habitat, qu’est-ce que ça prendra pour vous faire changer d’avis ? Est-ce que la découverte de vie extraterrestre aura le moindre impact sur votre croyance ? Je connais la réponse. Vous mettrez comme toujours, à la manière de l’autruche, votre tête dans le sable, en insultant la mémoire de Copernic (héliocentrisme), de Darwin (évolution) de Hubble (big bang) et vous assassinerez, dans votre innocence tremblotante et dans votre prétention monstrueuse, une deuxième fois Giordano Bruno. Car Bruno a saisi ce que signifie l’existence des mondes infinis, si infinis que nombre de planètes comme la nôtre doivent y exister. Pour cette idée il fut brulé sur l’échafaud par l’Église Catholique.

 

 

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