EXTRAITS DE DEUX LETTRES D’HUMANISTES AUX OSTENTATOIRES
Enrico Gambardella
Enrico Gambardella est technicien en électronique. Il a été membre du Conseil
d’Administration de l’Association humaniste du Québec. Il est militant politique de longue date.
Guy Piché et Enrico Gambardella – Tous deux membres de l’Association humaniste du Québec
Si ces renseignements sont politiques ou religieux, il s’agit, non seulement d’affirmation identitaire, mais aussi de publicité. Cette publicité, si elle est ponctuelle, n’est pas une nuisance; si elle s’installe à demeure sur une personne transformée en homme-sandwich, on peut parler à juste titre de promotion redondante. Ces renseignements qui se propagent en la cité sous forme de macarons, de drapeaux, d’épinglettes ou de vêtements comme symboles identitaires, indiquent à quelle enseigne on loge et créent un clivage entre les gens, une barrière qui éteint toute velléité de dialogue, de rapprochement, voire d’intégration.
L’indiscrétion à l’envers est un argument, peut-être mineur, mais tout à fait pertinent contre le port du hidjab; cet argument ne supplantera jamais ceux, très forts, du renoncement de la femme à son pouvoir de séduction ou de sa soumission à des diktats culturels, religieux et familiaux. Entre parenthèses, force est d’admettre qu’en s’habillant à sa façon, cette façon fût-elle contraire aux valeurs des défenseurs d’une société laïque, chacun exerce ses libertés constitutionnelles.
Cependant, dans mes rapports avec autrui, ce qui m’intéresse, c’est leur faculté d’être de bons citoyens, compétents et honnêtes dans nos relations d’affaires, respectueux dans nos interactions sociétales; ne m’intéressent ni leur vie privée, ni leur credo.
Mettre à nu son espace intime, son monde intérieur, par des signes ostentatoires est, à mon point de vue, un acte antisocial. Ces marques ne sont pas l’apanage des Musulmans : les Sikhs, Chrétiens, Juifs, Bouddhistes, Hindouistes et même les athées ont les leurs. Ce sont des démonstrations publicitaires non sollicités, des indiscrétions qui mettent mal à l’aise, des indiscrétions contraires à toute convivialité. Dans ce topo, on ne jette la pierre à personne. On veut simplement sensibiliser les exhibitionnistes à une forme subtile d’invasion de l’espace public à des fins privées, dans la langue des symboles et des signes ostentatoires.
Le port du hidjab, liberté constitutionnelle, certes, mais définitivement indiscrétion à l’envers.
Guy Piché, 29 octobre 2015
Vous dites « Arrêtez de me juger et souriez-moi. C’est comme ça que les choses s’arrangeront ». J’accepte volontiers votre conseil et je vous souris et je suis sûr, moi aussi, que les choses vont s’arranger! D’ailleurs c’est le but de cet entretien.
Vous dites « Je porte le niqab parce que ça fait partie de ma foi, de mes croyances personnelles. C’est important pour moi de ne me montrer qu’à mon mari. C’est mon choix ».
Je suis sûr aussi que c’est votre choix et que vous dites vrai que personne ne vous force à le porter.
Le moment est venu de vous révéler un secret : nous Québécois et surtout Québécoises on a fait une bataille que vous ne pouvez même pas imaginer pour être libres des carcans induits par la religion et, à tort ou à raison et historiquement, on se sent agressés par quelqu’une qui porte le niqab. Pour nous c’est un symbole d’esclavage. Nous nous sentons agressés par le niqab de la même manière que par quelqu’une qui dirait, en criant, que nous Québécois sommes des violeurs de femmes. Nous avons des défauts, certes, mais nous ne sommes pas des violeurs de femmes.
Enrico Gambardella, 2015
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