Rapport de la délégation de jeunes de la Fondation humaniste du Québec concernant le colloque IHEU d’Oxford de 2014 sur la liberté de pensée et d’expression

par Nov 8, 2014Droits humains, Fondation humaniste, Québec humaniste0 commentaires

Laurent Blouin

Laurent Blouin

Laurent Blouin et Bruno Deschênes à Oxford

Nous voulons tout d’abord remercier la Fondation Humaniste du Québec de nous avoir permis de vivre cette expérience et par conséquent bonifier notre implication en tant que « jeunes humanistes québécois ».

Ce rapport a pour but d’informer les humanistes du Québec de la situation internationale de l’humanisme, ayant assisté à de multiples conférences et participé à plusieurs conversations animées au World Humanist Congress 2014 tenu à Oxford, Royaume-Uni, les 8, 9 et 10 août 2014.

Ce congrès fut rempli de rencontres privilégiées et d’échanges d’idées en plus d’être une occasion unique pour nous de visiter les collèges médiévaux d’Oxford. Durant notre séjour dans la ville universitaire, nous avons eu la chance d’écouter Richard Dawkins, Andrew Copson, Samira Ahmed, AC Grayling et plusieurs autres savants humanistes d’ailleurs dans le monde, parler des enjeux humanistes actuels.

L’ensemble des discours des conférenciers et des conversations privées (ou dans un contexte social) du congrès nous ont menés sur deux grandes lignes directrices: L’éducation et l’éveil de conscience (Enlightenment non religieux) chez les jeunes.

Un troisième sujet revenait sur la table régulièrement: l’aide aux pays plus démunis en termes de moyens de communications et de liberté d’expression comme on peut l’entendre dans l’interview que nous avons réalisée avec Andrew Copson [1]. Nous retenons moins cette dernière conclusion, car en plus d’être un pays avec une liberté d’expression quasi totale, nos statuts et missions ne semblent pas nous permettre d’exécuter des actions concrètes hors Québec.

Éducation, éveil, conscience

Tous d’accord sur un point, les délégués du congrès croient que des actions concrètes dans l’éducation sont obligatoires pour une meilleure compréhension de l’option humaniste. Parmi celles-ci, on parle de cours « religieux » (qui auraient pour but d’expliquer les faits historiques causés par les religions), le développement de la pensée critique, la promotion de la responsabilité sociale et la lutte pour empêcher les endoctrinements faciles chez les enfants.

Au Québec, comme les communautés religieuses étrangères sont très présentes, les divergences de croyances sont inévitables. Mais qui croit juste ? Peut-être personne et tout le monde en même temps.

Quoi faire maintenant ? La question n’est pas évidente.

Plusieurs opinent vers le combat de la neutralité comme étant la balance entre les différents idéaux, pendant que d’autres seront de l’avis du « laisser vivre » et donc de ne pas brimer la liberté de croire au croyant, même les plus extrémistes. Encore une fois, ici tout le monde a tort et raison.

Par définition, une croyance est un choix d’ensemble de valeurs ou de faits qu’un individu décide d’accepter et de suivre sans preuve absolue. En application, la croyance est une appartenance psychologique et philosophique, un idéal traditionnel. La croyance est une habitude familiale et communautaire qui favorise l’union des semblables.

On peut alors ici comprendre l’importance du droit de croire qui est justifiable, ou « explicable », tant qu’il tient d’une décision personnelle éclairée et non influencée. Là entre en jeu le rôle crucial de l’éducation et l’empêchement des endoctrinements chez les enfants. Richard Dawkins dit: « Il n’existe pas d’enfant musulman ou d’enfant catholique, seulement des enfants dont les parents sont musulmans ou catholiques ».

Malheureusement, dans une ville cosmopolite comme Montréal, la guerre à la raison dégage une opinion négative des croyances, qui nuit à la cohabitation des différentes communautés. Personne n’a raison, personne n’a tort, mais tout le monde est humain. Voilà ce que nous partageons tous, avec la mort.

Nous sommes tous humains et nous allons tous mourir. Pour ne pas être que dramatique, la mort doit nous rappeler la responsabilité sociale que la vie nous donne.

Pourquoi vivons-nous ? Quel est le rôle de votre vie dans l’existence de votre société ? Ces questions, sans réelles réponses, sont le fondement de toutes les religions et causent depuis des milliers d’années des conflits violents et des affrontements injustifiables, du moins, si on se rappelle que nous devrions être loyaux à notre espèce (homme) au lieu de chercher à la dominer.

Enseigner aux enfants les valeurs humanistes, devrait aider la compréhension de la responsabilité sociale qui nous est personnelle et individuelle dans cette collectivité. Chacun d’entre nous a une responsabilité différente, mais personne ne devrait avoir celle de nuire ou d’empêcher l’homme d’évoluer en paix. Nous irions même jusqu’à dire que tout le monde devrait avoir en tête l’évolution positive de l’homme par rapport à sa situation actuelle. N’êtes-vous pas une partie de l’histoire de l’humanité ? Voilà le courant humaniste d’aujourd’hui. Le devoir de l’homme par rapport à sa société, résumée à sa plus simple expression, l’humanisme. Ne pas nuire, vivre librement et, si vous en êtes capable, contribuer à l’évolution.

Notre deuxième ligne directrice, l’éveil de conscience, touche principalement ceux et celles qui sont déjà éduqués et qui ont le plus de chance de se retrouver dans un affrontement d’idéologies, car anciens ou actuels croyants, ils sont l’essence même de la continuité du « contrôle » religieux.

L’éveil de conscience s’adresse aussi à tous ceux qui ne voient pas de responsabilités sociales dans leur existence, qui croient le changement impossible et à ceux pour qui les accomplissements personnels n’ont aucune importance réelle.

Mondialement, les endroits les plus propices à un « Enlightenment » sont ceux contrôlés par des gouvernements religieux et plus extrémistes comme plusieurs pays d’Afrique et d’Asie. Il y a cependant un défi local à relever, savoir conscientiser les québécois qu’un changement positif est possible, et ce, dans toutes les sphères de l’activité humaine. Une fois cette évolution « positive » rendue possible dans leur tête, peut-être auront-ils une envie de s’investir davantage et d’accroître leur conscience sociale de façon plus concrète autour d’eux.

Conclusion

Nous voudrions donc conseiller à la Fondation et à l’Association humaniste du Québec de prendre une nouvelle direction vers laquelle le combat serait plus positif que négatif.

L’histoire démontre très bien que l’affrontement n’est jamais bénéfique pour tout le monde. Et nous sommes tout le monde. Les deux organismes devraient coopérer à développer un réseau de communication, plus performant, pour aider la compréhension des valeurs humanistes chez ceux qui ne les connaissent pas.

Nous proposons donc d’opter pour des activités ou des événements s’adressant plus au public qu’aux membres, pour tenter d’aider au maximum l’éveil de la conscience humaniste, sans pour autant exiger une implication. D’après nous, ceci aurait un impact plus important, vaste et profond et pourrait faciliter un changement plus efficace à long terme, car nous avons des problèmes scientifiques à résoudre, une quantité infinie d’arts à découvrir, une planète à sauver et surtout une haine omniprésente à remplacer par une volonté d’union et de liberté universelle.

  1. Président de British humanist association

 

 

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