Que peut-on dire sur la famille ? Partie 1

par Nov 8, 2014Articles de fond, Québec humaniste0 commentaires

Claude Singer

Claude Singer

Cadre de la Libre pensée française

et également Rédacteur de la revue Pensée Libre.(photo de E. Frerk, avec permission)

Claude Singer a occupé divers postes de responsabilité à la Libre Pensée Française (LPF). Ce professeur de français retraité est présentement rédacteur d’une des revues de la LPF, L’idée libre. Il est s’est fait une spécialité sur la famille des points de vue anthropologique, historique, éthique et politique, comme en témoigne son excellent livre dont la pochette est affichée ci-dessous. Claude, qui habite la région parisienne, visite souvent le Québec. Il a récemment donné deux conférences au Centre humaniste de Montréal et a gentiment accepté de nous livrer ce billet dans son domaine d’expertise.

La question familiale revient régulièrement sur le devant de la scène. Nous sommes tous concernés. Tout le monde a un père et une mère (quelle que soit la manière dont on a été conçu) – et ce depuis l’origine. Si nous sommes là, c’est que nous sommes la manifestation de la suite ininterrompue, jamais brisée, de la perpétuation de l’espèce, depuis l’apparition des premiers hominidés.

Immédiatement se pose une question : la famille est-elle un élément indispensable à la reproduction de l’espèce ? Quels rapports y a-t-il entre mariage et famille ? Pourquoi des familles ? Pourquoi des mariages ? Pourquoi les religions, les États font-ils de la famille un enjeu (règles, sacrements, cérémonies, lois, interdits …), pourquoi la famille ne dépendelle pas uniquement de la sphère privée ? Quel est l’enjeu ?…

Il y a eu récemment ici en France des manifestations parfois violentes lors de la question du « mariage pour tous », manifestations dans lesquelles on a vu pour la première fois depuis des dizaines et des dizaines d’années la hiérarchie catholique descendre directement dans la rue… pour des questions qui – apparemment – posent moins de problèmes dans d’autres pays (il en est de même, d’ailleurs, pour d’autres questions, comme celle du droit à mourir dans la dignité…). D’autant plus qu’il n’était pas question d’imposer un « mariage religieux pour tous ». Il y a des pays qui ont depuis un certain nombre d’années légalisé le mariage (civil) pour tous. Au Québec, par exemple, le mariage pour tous est légal depuis 2004, dans le reste du Canada depuis 2005, mais il existe des pays où l’homosexualité est passible de la peine de mort…

Je m’éloigne du propos ? Pas sûr. On se rend bien compte que poser la question de la famille, de sa composition, de son rôle, de son statut, ouvre la porte à un questionnement beaucoup plus vaste…

Nature et Culture :Famille et Familles

L’origine de la famille voit s’affronter depuis fort longtemps les anthropologues et les sociologues. Pour les premiers, la société est composée d’un agrégat de familles élémentaires, chacune composée d’un père, d’une mère et de leurs enfants. Cela reposerait selon eux, sur un fondement biologique et psychologique : les sexes s’attirent, un instinct les pousse à se reproduire, un autre instinct pousse les mères à élever leurs enfants, etc. La famille serait donc la poutre maîtresse de toute société. De là dériveraient les liens sociaux : ce serait un fait biologique de reconnaître le lien entre parents et enfants, entre enfants de mêmes parents, entre mari et femmes, parents du ou des mêmes enfants. On aurait affaire à une sorte de dogme « vertical », dont la filiation constituerait l’essence. Les lignes de descendance qui sont la conséquence de ces filiations successives établiraient ainsi la continuité dans le temps qui formerait la trame même de la société. La famille serait le lieu central et unique où chaque individu puiserait ses émotions les plus anciennes, constituerait son être physique, psychologique et social. La famille serait donc un pur produit de la « nature », dont le rôle serait d’unir ses trames pour façonner le tissu social.

Pour les sociologues, l’accent est mis sur la trame horizontale : la société s’est développée à partir de l’accroissement progressif des interdictions, l’extension de la prohibition de l’inceste. Chaque famille provient de l’union de deux autres familles. Autrement dit, pour qu’une famille se fonde, il faut que deux familles s’amputent d’un de ses membres. La famille apparaît alors comme un lieu nécessaire, mais nécessairement provisoire : la survie de la société provient, non plus du maintien de la famille, mais de sa perpétuelle constructiondestruction. De là, pour les partisans d’une lecture horizontale, provient toutes organisations sociales. On voit, dès lors, la complexité même du problème. La famille est au croisement de deux données fondamentales de l’histoire de l’humanité, celle de la nature – qui pousse les individus à se reproduire, à élever leurs enfants, etc. – et celle de la culture – qui nécessite l’éclatement des familles, sans lequel aucune société ne serait viable.

S’il n’y a pas de sociétés sans familles, il n’y a pas non plus de familles sans société. Ainsi la société serait la résultante d’un équilibre qui permettrait le maintien des liens familiaux, la possibilité de la création de nouvelles familles, dont l’interdiction pour une famille donnée de se perpétuer par elle-même.

De plus, une société, si elle doit se protéger de l’intérieur, comme on vient de le voir, en établissant des interdits (prohibition de l’inceste, extension de la notion d’inceste [1]), doit également, pour assurer sa survie et sa sécurité, se protéger de l’extérieur. Quel meilleur moyen, alors, pour transformer l’étranger – voir l’ennemi – en allié, sinon de contracter mariage, de donner des filles ou des sœurs ?

Les peuples de Mélanésie le proclament : « Le but du mariage, c’est de se procurer des beaux-frères »… dès lors, « on ne prend femme que chez ceux à qui on fait la guerre » [2]… Ce réflexe « primitif » est à la base de la politique matrimoniale des familles nobles et royales de l’occident féodal et monarchique, …. et plus que certainement des autres parties du monde.

La famille apparaît comme nécessairement présente quel que soit le type de société. Mais il n’existe pas de forme unique typique de la famille. Cette forme varie selon les époques, les climats, les situations économiques, historiques, etc. Elles se développent différemment selon les croyances religieuses, l’image que les peuples se font d’eux-mêmes…

Et c’est souvent loin, très loin, de l’idée que nous nous faisons de la notion de famille. Écoutons à nouveau Levy-Strauss : « Il faudrait beaucoup de complaisances pour reconnaître les liens de famille tels que nous-mêmes et d’autres peuples le concevons. L’exemple classique est celui des Nayar, importante population de l’Inde où les enfants appartenaient à la lignée maternelle et où le mari ne jouait guère de rôle, sinon celui de visiteur occasionnel et discret d’une femme, libre par ailleurs d’avoir autant d’amants qu’elle le voulait. En Inde encore, en Assam, en Afrique, on connaît des sociétés où les jeunes gens des deux sexes vivaient pratiquement en promiscuité et ne se mariaient qu’au sortir de cette période de liberté sexuelle ; avec parfois cette restriction que pouvaient seulement convoler ceux qui n’avaient pas été amants, de sorte que dans chaque village, chaque homme épousait une femme qu’il savait avoir été la maîtresse de la plupart de ses voisins.

Il faut aussi citer ces sociétés eskimo et australienne qui pratiquent de manière institutionnelle le prêt de femmes, accompagné d’un déni (plutôt qu’une ignorance réelle) de la paternité physiologique : en ce cas, la famille n’apparaîtrait guère que comme une association économique où l’homme apporte les produits de la chasse, la femme ceux de la collecte et du ramassage… » [3]

Il existe 4000 à 5000 sociétés humaines sur lesquelles, depuis l’Antiquité, on possède des informations plus ou moins fiables. La famille conjugale semble être la plus fréquente, encore présente-t-elle des formes les plus diverses.

Quelques exemples : Il existe des groupes où se pratique la polygamie (et pas seulement dans les sociétés musulmanes). La polyandrie (le fait pour une femme d’avoir plusieurs maris) est en général moins courante. Aux confins du Népal, les Paharis en sont un exemple. Une femme épouse l’aîné de plusieurs frères. Celui-ci représente l’ensemble de la fratrie et tous ont accès sexuellement à l’épouse (il peut d’ailleurs, y avoir également plusieurs femmes, surtout si la première se révèle stérile). Tous les enfants reconnaissent tous les frères comme pères.

Mais il existe d’autres formes possibles de mariage : certaines sociétés marient les vivants et les morts ; d’autres, des individus de même sexe. Au Soudan, par exemple ; jusque dans les années 1935, il existait un mariage entre femmes. Mariage bien réel puisque celle qui épousait donnait une compensation matrimoniale aux parents. Elle avait le contrôle absolu sur cette femme et sur ces enfants (elle confiait l’acte de procréation à un géniteur mâle). Chez d’autres peuples, une femme sans enfant peut acheter une femme avec les biens de son mari défunt, et la faire procréer par un amant. Cette femme et les enfants issus de cette union sont considérés comme femme et enfants du défunt puisqu’achetés avec ses biens.

Dans d’autres sociétés, le père et le géniteur sont distingués ; dans des sociétés polyandres, le père peut être l’aîné des frères, tous les frères, ou le frère aîné de la mère. Il en est de même pour la distinction entre « mater » et genitrix ». Chez les Mossi [4], l’enfant distingue « la mère qui l’a allaité » de « la personne chez qui il a été logé une fois sevré ». Parfois la différence peut aller de « la mère qui m’accoucha », jusqu’à « la mère qui m’éduqua » en passant par « la mère qui me fit grossir »

Dans certaines populations, on croyait (ou feignait de croire, mais le comportement social dépendait de cette croyance) que la grossesse n’était pas le résultat d’une copulation, mais de la bénédiction des ancêtres. On sait que chez les Grecs, et plus généralement dans l’Antiquité et au-delà, on considérait la femme comme un simple réceptacle, un « vase sacré », le principe de vie étant uniquement enfermé dans la semence masculine.

Comme on le voit donc, le concept de famille, de parenté n’est absolument pas un concept naturel, mais culturel. La famille peut même exister en dehors de toute vie commune (par exemple dans l’île de Tory [5], les habitants se marient à l’église, puis chaque époux retourne dans la maison natale. Coutume équivalente dans certaines conditions dans l’ancien Japon)

Le développement de plus en plus universel de la famille nucléaire (père, mère, enfants), n’est rien d’autre que la conséquence de la mondialisation du système économique [6], il ne répond pas à une « loi naturelle voulue par Dieu » comme voudraient nous le faire croire les manifestants anti mariage gai, et par-delà les Églises et en premier lieu la plus centralisée d’entre elles, l’Église catholique romaine.

La famille, la propriété privée et l’État…

Dans toute société, quel que soit le mode de mariage – même le mariage entre femmes ou celui dans lequel le rôle de l’homme est nié – il y a une cérémonie, ou à tout le moins une manifestation juridique ou rituelle qui sanctionne l’union, la différenciant ainsi du concubinage ou de la relation sexuelle occasionnelle. Cette cérémonie institue officiellement le lien social qui unit le couple : les deux individus ne sont plus libres et disponibles (en principe!), l’un et l’autre deviennent interdépendants.

La distribution des rôles n’est évidemment pas égalitaire. Partout ou presque, le rôle prestigieux est attribué à l’homme, et le rôle subalterne à la femme.

En ce sens, il ne faut pas confondre patriarcat et patrilinéaire, matriarcat et matrilinéaire. La patrilinéarité et la matrilinéarité sont la reconnaissance de liens généalogiques. Le patriarcat est une forme d’organisation politique dans laquelle le pouvoir est entre les mains de l’homme le plus âgé de la génération la plus ancienne. En ce sens, le matriarcat n’a jamais guère existé que dans les mythes ou dans l’imagination des premiers ethnologues et historiens de la famille, qui ont confondu filiation (par les femmes) et pouvoir… Même dans les sociétés matrilinéaires, le pouvoir est dans les mains des hommes.

Dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, Engels lie ce déséquilibre en faveur de l’homme, à un changement des rapports économiques : « Le sauvage guerrier et chasseur s’était contenté de la seconde place à la maison, après sa femme ; le pâtre « aux mœurs plus paisibles », se prévalant de sa richesse, se poussa au premier rang et rejeta la femme au second. Et elle ne pouvait pas se plaindre. La division du travail avait réglé le partage de la propriété entre l’homme et la femme (…) les travaux ménagers de la femme ne comptaient plus, maintenant, à côté du travail productif [producteur de biens et de richesses] de l’homme ».

On peut considérer globalement que les règles d’union matrimoniales ont toujours tendu à permettre la marche en avant de la société humaine. C’est ainsi que la transmission de l’héritage en lignage patrilinéaire, en permettant l’accumulation des richesses, a permis, du même coup à la famille de se dresser en puissance face aux formes plus larges de la gens, ou du clan. La famille devint l’unité économique de la société, établissant une ligne de partage entre riches et pauvres (ligne impossible dans le cadre de la gens, par exemple). Le développement de la propriété privée ne pouvait d’ailleurs pas exister et se maintenir, si n’était apparu, dans le même temps :

« une institution qui seulement protégeât les richesses nouvellement acquises par les particuliers contre les traditions communistes de la société gentiliste, qui non seulement sanctifiât la propriété privée si méprisée autrefois et proclamât cette consécration comme le but suprême de toute communauté humaine, mais qui mît aussi, sur les formes nouvelles successivement développées d’acquisition de la propriété, autrement dit d’accroissement toujours plus rapide des richesses, l’estampille de la légalisation par la société en général : une institution qui non seulement perpétuât la naissance de la division de la société en classes, mais aussi le droit de la classe possédante à exploiter celle qui ne possédait rien, et la prépondérance de celle-là sur celle-ci. Et cette institution vint. L’État fut inventé. » [7]

La famille, pilier de la propriété privée, pilier de l’État… Comment s’étonner dès lors qu’elle soit également le pilier de l’institution qui a toujours défendu ces deux principes, à savoir l’Église chrétienne (et historiquement, l’Église catholique romaine, même si les protestants et les autres religions ne sont pas en reste) ?

Et pourtant, comme nous allons le voir, rien dans ses principes fondamentaux ne l’y préparait.

Le christianisme primitif : de la condamnation au pragmatisme…

L’historien Georges Duby [8] montre que c’est entre l’an mil et le début du XIIe siècle que s’est mise en place l’institution du mariage en tant que sacrement à caractère indissoluble. L’Église [9] l’a obtenu après un long combat, car, d’une part, elle ne disposait dans les Écritures, d’aucun élément lui permettant d’établir, d’une manière globale, les règles de l’union matrimoniale, et, d’autre part, elle abordait un domaine allant totalement à l’encontre de sa manière de penser (misogynie totale, terreur quasi maladive de tout ce qui touche au sexe, considéré comme ravalant l’homme au rang de la bête, …). De plus, le clergé ne proposait pas un « ordre » pour mettre fin au « désordre », mais un ordre se substituant à d’autres habitudes, d’autres obligations morales.

Le combat fut donc long. Nous n’avons pas la place ici de rappeler toutes les tractations, les conciles, les avancées et reculées et les pressions de toute sorte. Nous allons nous contenter de les brosser à grands traits. Dans l’Église des premiers siècles, le mariage est considéré comme un pis-aller. Témoin L’épître de Paul aux Corinthiens [10]:

« Que chacun continue à vivre dans les conditions où l’a trouvé l’appel de Dieu » (…) « Es-tu lié à une femme ? Ne cherche pas à rompre. N’es-tu pas lié, ne cherche pas de femmes ». Il poursuit : « [les femmes] sont soumises à leu mari comme au Seigneur ; en effet, le mari est le chef de sa femme, comme le Christ est le chef de l’Église »… et il ordonne : « que la femme ne se sépare pas de son mari ; en cas de séparation, qu’elle ne se remarie pas ou bien qu’elle se réconcilie, que le mari ne répudie pas sa femme » [11]

Pour l’Église primitive, la chasteté est le meilleur moyen de se préparer au retour du Christ jugé imminent. Pour Jérôme, un des pères de l’Église, Adam et Ève ne se sont « connus » qu’après la chute. Dans leur univers mental, le monde est une lutte permanente entre l’esprit et la matière. Grégoire, autre père de l’Église classe les hommes en deux catégories : les chastes – les prélats, les ordonnés – qui résistent à l’appel de la chair, et le troupeau des « conjoints ». Au moment de l’orgasme, « la petite mort », le corps domine l’âme et ravale l’homme au rang de la bête : abomination des abominations ! Le mariage est alors considéré comme un pis-aller, un remède au péché pour celui qui n’est pas assez fort pour supporter la chasteté. C’est ce que dit Augustin : l’homme qui se livre à la concupiscence charnelle (de par la faute originelle), peut cependant résister au mal : il y parvient grâce au mariage. La frontière du mal est déplacée : elle n’est plus entre les continents et les conjoints, mais entre les conjoints et les fornicateurs… grand progrès : on pouvait repeupler le paradis en remplaçant les anges déchus par des élus nés du mariage, et… on pouvait contrôler et brider la sensualité humaine – enfin surtout celle prétendument attribuée aux filles d’Ève, par qui tout le malheur était arrivé…

Mais nous étions donc encore loin du sacrement indissoluble … et obligatoire… Nous verrons dans un prochain article comment ils y sont parvenus.

Note. Contrairement à ce qu’affirme Gil Courtemanche en légende de la troisième figure illustrant la « famille du Christ », on sait très bien d’où cela vient. Les chrétiens ont piqué les données d’une religion monothéiste très à la mode à l’époque de l’invention du christianisme, issue du culte de Mithra… le dieu Mithra naissait… un 25 décembre !

NDLR : Le livre de Claude Singer peut être acheté à la librairie de la Libre pensée Française à Paris au 10/12 rue des Fossés St Jacques 75005 Paris ou via l’auteur à singer.claude@orange.fr

Références

  1. Sur le plan légal en France, est, par exemple, considéré comme incestueuse, la relation entre un parent et un enfant adopté (en dehors d’autres questions comme l’abus sur mineur), mais pas entre un géniteur et son enfant non reconnu.
  2. cf. Claude Lévy-Strauss les structures élémentaires de la parenté (1948)
  3. Idem op. Cit.
  4. Afrique de l’Ouest, principalement au Burkina Fasso
  5. située à neuf miles de la côte nord-est du comté de Donegal, en Irlande.
  6. Qui implique – mais pas seulement – le partage des tâches économiques entre les époux, et par conséquent la légitime revendication de l’égalité des droits – notion fort récente et pas tout à fait aboutie, comme on sait.
  7. Engels, idem, op.cit.
  8. Le Chevalier, la femme, le prêtre – Ed. Pluriel.
  9. Lorsqu’on trouvera seulement la mention « l’Église », il s’agira toujours de l’Église catholique romaine
  10. Cor. VII, 17 et 27.
  11. id. VII, 10, 11

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