Loyla Leroux

Loyla Leroux

Membre du conseil d'administration de l'AHQ

Loyola Leroux a enseigné la philosophie pendant 36 années au Cégep de Saint-Jérôme; baccalauréat en philosophie (UQAM)

Comme mentionné par Michel Virard dans le message du président qui apparait en page couverture de ce bulletin, l’Association humaniste du Québec appuie officiellement Madame Djemila Benhabib dans sa défense contre la poursuite en diffamation qui lui a été intentée par un établissement scolaire privé portant le nom École musulmane de Montréal (EMMS) pour les propos que celle-ci a tenus lors d’une entrevue radiophonique à l’émission « Dutrizac » du 8 février 2013. Les faits qui lui sont reprochés sont de notoriété publique et facilement accessibles pour ceux et celles qui désirent approfondir le sujet.

La proposition d’appuyer madame Benhabib a provoqué de vifs débats au sein même de l’AHQ et la décision finale de l’appuyer dans sa défense est, j’en suis intimement persuadé, la bonne chose à faire et, tous ceux d’entre nous ayant à cœur la défense de la liberté d’expression, devraient l’appuyer.

Le but de cette action en justice est clair. Elle a pour seul but de bâillonner toute critique envers une religion, l’islam, et, plus précisément, envers une école qui, à même nos taxes et nos impôts, s’est donnée pour mission d’enseigner une vision fondamentaliste, rétrograde et dogmatique de l’islam.

Au départ, précisons un point important. Ce n’est pas toute la communauté musulmane qui est visée ici. On peut être en désaccord avec leur religion, mais il est important de rappeler que tous ne sont pas des fanatiques en puissance. Je cite Djemila Benhabib

« Contrairement à ce que l’on croit souvent, les musulmans ne forment pas un bloc monolithique. Ils appartiennent à des classes sociales, des cultures, des nations différentes. L’islam se décline au pluriel et regroupe plusieurs visions antagoniques. Reconnaitre cette diversité, c’est permettre l’expression de cette voix jusque-là inaudible parmi les musulmans, notamment celle des laïques. Il ne peut exister UNE communauté musulmane, mais DES communautés musulmanes, parmi lesquelles on compte une majorité respectueuse des valeurs démocratiques de ce pays. » [1]

Pour avoir vécu sa jeunesse en Algérie, Mme Benhabib a été à même de constater les ravages que peuvent causer la recrudescence d’un fondamentalisme islamique, le même type de fondamentalisme proféré par les « éducateurs » de cette école islamique qui prêchent non seulement la séparation des sexes mais l’infériorisation et la soumission des femmes. Il s’agit d’une distinction importante qu’il ne faut surtout pas ignorer. Durant les sessions « d’étude coranique », il y a fort à parier que cette sourate sera enseignée aux jeunes enfants du primaire :

« Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leur mari), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leur époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand ! » [3 et 4]

Les artisans de la révolution tranquille ont bien été dans des écoles catholiques mais heureusement pour eux et pour nous, ils ont appris tout de même à penser par eux-mêmes et le résultat final est qu’ils ont eu la sagesse de remettre la religion à sa juste place et lui enlever ce pouvoir dominateur qui a fait du Québec une quasi-théocratie pendant les décennies précédant cette même révolution tranquille. De ceux qui fréquenteront cette école islamique, combien de jeunes auront la force de caractère de s’interroger sur la véracité des principes qui leur seront inculqués ?

Je dois vous avouer que je manque de m’étouffer lorsque j’entends dire que « le Coran prêche avant tout la paix et l’amour du prochain ». Bon, pour être honnête je vous accorde que si l’on fait une lecture (très) sélective, on peut trouver de belles phrases dans le Coran, tout comme dans la Bible d’ailleurs. Mais on y trouve aussi des commandements immoraux et cruels. Le problème avec les livres soi-disant saints c’est que l’on peut y justifier tout et son contraire. Le Coran prêche l’amour et la paix ? Vraiment ? Vous n’avez assurément pas lu le même Coran que moi !! Pour votre édification voici quelques morceaux choisis de ce livre « d’amour et de paix »

  • [Mais] certes les infidèles ne croient pas, cela leur est égal, que tu les avertisses ou non : ils ne croiront jamais. Allah a scellé leurs cœurs et leurs oreilles ; et un voile épais leur couvre la vue ; et pour eux il y aura un grand châtiment. [2 : 6-7]
  • Si vous n’y parvenez pas et, à coup sûr, vous n’y parviendrez jamais, parez-vous donc contre le feu qu’alimenteront les hommes et les pierres, lequel est réservé aux infidèles. [2 : 24]
  • Et quand leur vint d’Allah un Livre confirmant celui qu’ils avaient déjà, – alors qu’auparavant ils cherchaient la suprématie sur les mécréants, – quand donc leur vint cela même qu’ils reconnaissaient, ils refusèrent d’y croire. Que la malédiction d’Allah soit sur les mécréants ! [2 : 89]
  • « Et quiconque n’y aura pas cru, alors Je lui concéderai une courte jouissance [ici-bas], puis Je le contraindrai au châtiment du Feu [dans l’au-delà]. Et quelle mauvaise destination ! » [2 : 126]
  • Les mécréants ressemblent à [du bétail] auquel on crie et qui entend seulement appel et voix confus. Sourds, muets, aveugles, ils ne raisonnent point. [2 : 172]
  • Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes, Allah n’aime pas les transgresseurs !
  • Et tuez-les, où que vous les rencontriez ; et chassez-les d’où ils vous ont chassés : l’association est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des mécréants. S’ils cessent, Allah, certes, Pardonne et est Miséricordieux. Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’association et que la religion soit entièrement à Allah seul. S’ils cessent, donc plus d’hostilités, sauf contre les injustes. [2 : 190-193]
  • Et Il a fait descendre le Discernement. Ceux qui ne croient pas aux Révélations d’Allah auront, certes, un dur châtiment ! Et, Allah est Puissant, Détenteur du pouvoir de punir. [3 : 4]
  • Que les croyants ne prennent pas, pour alliés, des infidèles, au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit la religion d’Allah, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d’eux. Allah vous met en garde à l’égard de Lui-même. Et c’est à Allah le retour. [3 : 28]
  • Ceux qui ne croient pas, ni leurs biens ni leurs enfants ne les mettront aucunement à l’abri de la punition d’Allah. Ils seront du combustible pour le Feu. [3 : 10]
  • Ô les croyants ! Si vous obéissez à ceux qui ne croient pas, ils vous feront retourner en arrière. Et vous reviendrez perdants. Mais c’est Allah votre Maître. Il est meilleur des secoureurs. Nous allons jeter l’effroi dans les cœurs des mécréants. Car ils ont associé à Allah (des idoles) sans aucune preuve descendue de Sa part. Le Feu sera leur refuge. Quel mauvais séjour que celui des injustes ! [3 : 149-151]
  • Certains d’entre eux ont cru en lui, d’autres d’entre eux s’en sont écartés. L’Enfer leur suffira comme flamme (pour y brûler). Certes, ceux qui ne croient pas à Nos Versets, (le Coran) nous les brûlerons bientôt dans le Feu. Chaque fois que leurs peaux auront été consumées, nous leur donnerons d’autres peaux en échange afin qu’ils goûtent au châtiment. Allah est certes Puissant et Sage ! [4 : 55-56]

Je pourrais continuer longtemps dans cette veine, mais je pense que vous saisissez où je veux en venir. Je ne sais pas pour vous, mais je n’aimerais pas, mais alors pas du tout, que l’on enseigne à mes enfants en bas âge ce genre de choses. On parle ici d’une école de niveau primaire.

Avant que vous m’accusiez de xénophobie, sachez que, comme la grande majorité des humanistes, je crois à la liberté de conscience. Chacun a le droit de croire ce qu’il veut (même des sornettes de ce genre) et de pratiquer la religion qu’il veut. Ce n’est pas moi qui vais leur enlever ce droit. Le problème ici n’est pas l’islam, mais bien l’islamisme, des idées qui vont à l’encontre de nos valeurs occidentales, issues des Lumières, et que nous réclamons le droit de critiquer comme n’importe quelle autre idée.

Au nom de cette même liberté de conscience dont je me réclame, Mme Benhabib a parfaitement le droit de critiquer les religions incluant les différentes formes d’islamisme qui sont prêchées dans cette « école » sans être poursuivie en justice pour la faire taire. C’est sur la base de ce principe que nous l’appuyons.

[1] Ma vie à contre-Coran. Page 25

 

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