Mémoire de Lumières de Michel Lincourt, ou le temps perdu… et retrouvé !

par Août 15, 2013Articles de fond, Livres, Québec humaniste, Qui sommes-nous?0 commentaires

Pierre Cloutier

Pierre Cloutier

Membre de l’équipe de vidéastes de l’Association humaniste du Québec. Il a assuré l’organisation et la transcription de diverses conférences et produit nombre de vidéos de l’Association. Il a également contribué à la revue. Il est membre du Conseil national du Mouvement laïque québécois. Pierre a piloté pendant vingt ans la fonction de traduction dans une multinationale oeuvrant dans la gestion des ressources humaines. Membre agréé de l’OTTIAQ, à la retraite depuis dix ans, il est aujourd’hui traducteur indépendant.

Puisant dans une documentation véritablement encyclopédique, Michel Lincourt a propulsé ses héroïnes, Sophie et Ya Ming, agentes spatio-temporelles issues du XLVe siècle, dans un luxe de péripéties foisonnantes répondant aux conventions du genre.

L’objet de cette cavale éperdue dans l’espace-temps ? Sauver Diderot, car – je vous le donne en mille – un vaisseau spatiotemporel suspect doit émerger à Pyrois-en-Luxembourg le 22 juin 1741 et l’OREILT (Organisation de recherche, d’exploration et d’intervention sur la lumière et le temps) craint l’irruption intempestive et malveillante de malandrins qui perturberaient le continuum spatio-temporel au détriment de Diderot. Le grand homme, encore génie en herbe –scribouillant des pamphlets pour arrondir ses fins de mois et dînant au Café Procope où la flicaille royale le pourchasse déjà de ses attentions – se trouvera très exactement à l’heure et au lieu dits. Toute malencontreuse interférence, tout éventuel kidnapping ou complot perturberait l’évolution des Lumières, privant l’humanité de leur bienfaisante invention de la modernité et gauchissant le cours de l’histoire. Alerte rouge !

Le coupable ? Le génial et débonnaire inventeur Québécois dénommé Saint Ardent qui, dès le XXIe siècle a su résoudre l’énigme du voyage spatiotemporel. Las d’un monde qui s’abolit dans le marasme, le non-droit, les arnaques financières et le fanatisme sectaire, il a voulu remonter aux sources des Lumières pour se refaire la bouche. D’où une pagaille enjouée et truculente qui se déploie sur pas moins de trois volumes avec une verve épique ne facilitant pas toujours au plus amical lecteur le suivi haletant d’aventures en Mémoire de Lumières de Michel Lincourt, ou le temps perdu… et retrouvé ! rebondissements, bien que celui-ci accorde volontiers à une aussi ambitieuse fresque le succès d’estime qu’elle mérite.

Voilà une œuvre bigarrée, dont l’énigmatique intrigue évolue dans un cadre géographique, urbain et architectural très construit, robustement reconstitué. Michel Lincourt n’est pas architecte de profession pour rien et ses cahiers de notes préparatoires, ses cartes d’époque, ses almanachs, témoignent de la minutie passionnée avec laquelle il a élaboré un univers romanesque intensément personnel.

Les héroïnes ferraillent comme des hussards, une langue aimablement verte y ponctue les coups de sang et les coups de gueule et chacun manifeste un large consentement à ses fonctions naturelles comme il se doit entre gens qui savent appeler un chat un chat. La science-fiction y réclame d’autorité ses droits, ce qui élargit les bornes de la vraisemblance, tant et si bien qu’une greffe du cerveau sauve in extremis l’héroïne Sophia qui, sinon, aurait passé la sarbacane à gauche.

Une symbolique des noms répartit les ombres et lumières de ce tableau. Les personnages incarnant les secondes s’appellent Bernard Brillant, Myop Glassmann, De la Clareté et Valentin Soleil-Flambeau… tandis que les malandrins se dénomment d’Hades, Corbeillard et De la Tour Noire. Le valet de De la Clareté, Jacques, ne se montre pas plus fataliste qu’il ne le faut quand surviennent les coups durs ou fourrés et ponctue le récit de retentissantes interlocutions éjaculatoires :« Bitte de nonne de con d’archevêque » etc. etc. vandalisant la sacristie selon les circonstances qui avivent son lyrisme, dans un monde où tout finit par des bisous tandis que se délove la tourbillonnante et lumineuse spirale du temps.

Michel Lincourt, Mémoire de Lumières, Tomes I, II, III, Éditeur Michel Lincourt www.michellincourt.com, Illustration Louise Lincourt, Imprimeur : Le Caïus du livre, 2011.

Du même auteur :

In Search of Elegance / Towards an architecture of Satisfaction, Liverpool University Press/McGill Queen’s University Press, 1999

Le mesodesign/Théorie d’organisation du milieu physique et modèle conceptuel de ville, Les Presses de l’Université de Montréal, 1972

Métro-éducation (en collaboration avec Harry Parnass), Faculté de l’aménagement, Université de Montréal, 1970

Pour de plus amples renseignements :

Michel Lincourt » Biographie

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