L’effondrement du système capitaliste – Une conférence de Serge Mongeau

par Avr 10, 2013activités, Québec humaniste, Réflexions, Transcriptions de conférences0 commentaires

Gérald Blanchard

Gérald Blanchard

Membre de l’Association humaniste du Québec

Le 21 Février 2013, l’Association humaniste du Québec recevait le Dr Serge Mongeau pour une conférence sur la décroissance conviviale et sur la simplicité volontaire. Une quarantaine de spectateurs a assisté à la présentation et le débat et échange a été enthousiaste et chaleureux. Gérald Blanchard, membre de longue date de l’AHQ a assisté à la conférence. Il nous livre ici son compte rendu.

Un constat

Nous vivons dans une société dont le système économique est fondé sur une consommation débridée, une croissance sans limite, et une exploitation des ressources non renouvelables sans égard aux conséquences environnementales.

Ce système capitaliste est voué à l’effondrement. En attendant, nous sommes témoins, entre autres, de crises financières mondiales, de famines, de l’empoisonnement de notre environnement et du réchauffement de notre planète. Bref, nous mangeons notre capital, nos ressources naturelles. Les plus démunis sont les premiers à en subir les conséquences. Et pendant que les ressources s’épuisent, nous produisons des déchets toxiques en surabondance. Notre atmosphère ne métabolise plus le CO2 et le réchauffement de la terre qui s’en suit augmente la menace de l’inondation des terres les plus fertiles de la planète. Les villes côtières risquent de disparaître et la qualité de notre environnement se dégrade au point de créer une prolifération de nouveaux cancers.

La croissance sans limite est une imbécillité. Au taux de 3%, elle double à tous les quinze ans. Et, qui plus est, tous les pays du monde voudraient consommer autant que nous, nord-américains. On s’obstine et les conséquences sont désastreuses. Pendant que les inégalités sociales et les écarts de revenus entre riches et pauvres augmentent, il y a au-delà d’un milliard d’humains qui vivent avec un revenu de moins d’un dollar par jour. Et, comble de l’ironie, l’indice du bonheur stagne chez les mieux nantis.

Avec l’effondrement, nous sombrerons dans la barbarie et les peuples seront en état de guerre permanente. En plus, les populations seront sous le joug de gouvernements aussi autoritaires qu’arbitraire. Ce sera la fin des droits de la personne et nous assisterons à un recul radical de notre civilisation. Nous vivrons dans un monde militarisé. C’est le désastre certain qui nous attend à moins que nous réagissions à temps.

Comment réagir

À la fois, seul et avec d’autres : localement et globalement.

Individuellement, la simplicité volontaire nous permettra de sortir de l’emprise du système de consommation et de retrouver notre liberté afin de répondre à nos vrais besoins. Ainsi, nous pourrons donner un sens à notre vie en nous affranchissant des faux besoins engendrés par une pseudo-publicité. Ainsi, nous aurons plus de temps pour vaquer à l’essentiel. Aussi, nous développerons un sens communautaire et saurons mieux concilier travail et famille. Mais, ce ne sera pas facile parce que, selon le conférencier, la publicité est mensongère et « …le transport public sera toujours insuffisant ».

Cependant, il faudra plus qu’une baisse de consommation pour régler le problème de la surcroissance. Il ne faudra rien de moins que réorganiser la société et adopter un autre mode de penser et de fonctionner. Il nous faudra bâtir une société avec d’autres fondements.

Voici les quatre plus importants.

  1. La justice sociale. Nous devrons réduire les écarts de revenus entre riches et pauvres.
  2. Le collectif. Nous devrons développer l’esprit de solidarité et mettre nos ressources en commun : bibliothèques publiques, piscines, voiture, etc.
  3. La production locale. Les coûts du transport deviendront prohibitifs. Donc, nous devrons développer une production locale, par exemple, l’agriculture urbaine.
  4. La sobriété. Nous devrons consommer moins de pétrole qui sert tout de même à produire des plastiques, des médicaments, des engrais, des vêtements. Cependant, il faudra craindre l’effet rebond qui ne fera qu’exacerber la surconsommation. Par exemple, dès que le prix de l’essence décroit, la vente des grosses bagnoles augmente

Ce ne sera pas facile. Cependant, le pic de production du pétrole est à l’horizon et, si nous ne sommes pas préparés, les conséquences seront terribles. Aussi, pour contrer la société de consommation qui encourage l’individualisme, il faudra travailler ensemble pour créer des initiatives locales telles que les « villes en transition » en Angleterre qui organisent, entre autres, des cours de couture, des nouveaux modes de transport en commun, des lieux de rencontre, etc.

Mais, nous avons peu d’espoir de voir nos gouvernements prendre des initiatives pour redéfinir cette nouvelle société. Même si certains partis politiques, comme Québec solidaire, donnent l’exemple en épousant des valeurs de solidarité et de respect pour l’environnement. Par ailleurs, les gouvernements donnent l’impression d’être à la solde des plus riches.

Il faut souhaiter des réformes telles que 1) la possibilité de demander la démission d’un député en cours de mandat, ‘2) l’augmentation de l’impôt de ceux qui ont les moyens de payer, 2) le paiement d’un revenu minimal, 4) l’augmentation de l’aide sociale.

En guise de conclusion, le conférencier dit avoir lancé des idées afin d’inviter les participants à poser des questions et à faire des commentaires et des suggestions.

Questions et commentaires

À ceux qui remarquent qu’il sera très difficile de convaincre les gens d’épouser l’austérité, le conférencier suggère qu’il faudra plutôt envisager la démarche comme « …un pas de côté » pour atteindre un but essentiel : celui de survivre. En ce qui a trait au bonheur, il affirme qu’on peut être heureux tout en consommant moins.

À ceux qui évoquent la difficulté de convaincre les populations d’épouser la décroissance, le conférencier dit qu’il faudrait parler d’une décroissance conviviale. Par exemple en diminuant les heures de travail qui aura comme conséquences heureuses de donner plus de temps libre ainsi que plus d’emplois à ceux qui en ont besoin.

Question qui tue : comment éviter une récession si nous diminuons la consommation? Ici, le conférencier répond de manière indirecte. Il dit que tout se passera graduellement. Par exemple, l’agriculture deviendrait de plus en plus décentralisée et urbaine sans tout bouleverser d’emblée. Mais comment éviter l’économie souterraine? Difficilement. Mais tout se déroulera graduellement.

Pour terminer, Serge Mongeau décrit ce qui s’est passé lorsque la Russie a cessé d’approvisionner le Cuba de pétrole. Sous la direction d’un gouvernement autoritaire, la société cubaine a adopté une série de mesures pour assurer la survie de la population. Ainsi, les cubains sont retournés à des pratiques de production agricole sans utiliser le pétrole. Aussi, ils ont adopté la bicyclette comme mode de transport et en ont assuré une production nationale. Enfin, ils ont encouragé la production agricole locale au point où la Havane produisait 60% de ses denrées alimentaires.

Enfin, devant le pessimisme de plusieurs participants, le conférencier réitéra sa conviction qu’il faut dès maintenant développer des alternatives à la consommation. On ne parle pas d’ascétisme mais d’une forme de pauvreté qui est une façon de vivre enrichissante.

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