La « complexité volontaire » est stressante

par Avr 10, 2013Québec humaniste, Réflexions0 commentaires

CLAUDE BRAUN

CLAUDE BRAUN

Administrateur et éditeur en chef du "Québec humaniste"

Claude Braun a été professeur de neurosciences cognitives à l'UQAM de nombreuses années. Retraité depuis peu, Il a publié nombres de documents de recherches sur le sujet. Il a été également éditeur du "Québec laïque"  et est depuis quelques années l'éditeur en chef  de notre revue "Québec humaniste" Il a également publié "Québec Athée" en 2010. Téléchargeable gratuitement en utilisant ce lien avec  les compliments de l'auteur.

Notre monde de consommation nous impose des « biens » qui nous font du mal, aucun doute là-dessus. Ces « biens » sont en train de menacer l’équilibre écologique de la planète. La solution sera collective ou ne sera pas. Toutefois, peut-on trouver un intérêt à adopter la « simplicité volontaire » chacun pour soi ?

Considérons un aspect de la société de consommation auquel on ne réfléchit pas souvent : le stress que nous engendrent les biens de consommation pourvus de sonnettes, alarmes, avertisseurs de toutes sortes. Ces sons agressants font tellement partie de notre quotidien qu’on n’y pense même pas. Dans beaucoup d’instances, on s’y adapte. Et même, … on compte dessus. Pourtant, toute alarme sert à activer notre réponse de stress. Et il est fort bien connu que même à intensité faible, le stress finit par avoir notre peau lorsqu’il est incessant.

Personne ne peut échapper aux sirènes, klaxons et beepers des ambulanciers, polices, pompiers, trains, camions, automobiles. Les chats féraux hurlent la nuit, les chiens jappent, les oiseaux nuisibles piaillent… L’école de quartier sonne la rentrée du matin, de la récré, du lunch, de la récré, le départ… Cela relève du domaine public en milieu urbain. Il est difficile de se débarrasser de ces stresseurs. Mais pourquoi nous entourons-nous volontairement d’alarmes dans nos propres domiciles ?

Faisons-en un rapide inventaire. Sont pourvus d’alarmes nos frigos, poêles, grille-pains, sonnettes d’entrée, alarmes à feu, téléphones et répondeurs, ordinateurs (avertisseurs de l’arrivée des courriels), climatiseurs, ventilateurs, exerciseurs, cocotte-minute électroniques, horloges grand-père, bouilloires, laveuses, sécheuses, fours à micro-onde, machines à pain, jeux vidéo, réveils matin, laveuses à vaisselle, appareils photo, imprimantes, fers à repasser, ceintures de sécurité, radios, télévisions. L’alarme que je déteste le plus est la clé électronique de voiture: pas moyen de barrer sans faire sonner le klaxon de la voiture ! Ex aequo: l’alarme antivol des voitures qui ruine la quiétude de tout le quartier chaque fois qu’un passant passe sur le trottoir à côté de l’auto.

Au fait, si on y pense un peu, on se rend compte que la compétition publicitaire entre colporteurs de « biens » les oblige à constamment nous signaler » leurs produits. Si ce n’est pas avec une fausse « alarme », c’est avec des sons, des couleurs, des formes, des textures ahurissantes, excitantes, déconcentrantes. D’une pierre deux coups : on fait sa propre publicité en se démarquant, en signalant sa présence, sa particularité, et en plus, on arrive à s’approprier l’attention (inconsciente) du citoyen consommateur, à l’aliéner, l’hébéter, … juste assez pour qu’il pense que la clé de son salut soit d’acheter votre dernier produit.

Vivement le silence simple et volontaire, afin de cesser d’être une machine et commencer à être humain.

 

 

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