Compte rendu de lecture du livre de Louise Mailloux “La laïcité, ça s’impose !”
Andrée Deveault
Membre de l'Association humaniste du Québec
Louise Mailloux nous propose un recueil de 19 de ses textes, articles ou allocutions, s’échelonnant de Janvier 2007 à Août 2011, regroupés par thème, tous aussi pertinents les uns que les autres. Elle nous propose un retour historique sur les premières revendications laïcistes des Patriotes(1837) et retrace le long et difficile chemin qui a mené à la déconfessionnalisation des écoles publiques en 2005. Elle nous met en garde contre « un retour colossal du religieux dans la sphère politique » (p.41) et nous en souligne les dangers, entre autres, « renvoyer les femmes à la maison et les homosexuels dans le placard » p.31. Elle nous enjoint de défendre la laïcité sur toutes les tribunes. Il s’agit, bien sûr, de la laïcité tout court et non d’une laïcité dite ‘ouverte’ dont elle nous démontre avec brio les liens avec le multiculturalisme qui réduit les québécois « au rang d’une quelconque minorité » (p.45).
Elle dénonce « les écoles privées confessionnelles financées dans une proportion de 60% à même les fonds publics. » (p.53). Elle pourfend le cours d’Éthique et culture religieuse qui « fait … l’apologie du religieux » (p.59) au lieu de former de solides esprits critiques. Elle nous parle des créationnistes qui voudraient rehausser le dessein intelligent au statut de discipline scientifique au détriment du darwinisme et fragiliser ainsi le bastion le plus solide de l’éducation laïque : la science. (p.153).
Elle critique Lévi-Strauss qui, en refusant toute hiérarchie entre les peuples et les cultures instaure un relativisme qui nous prive du droit de nous révolter puisque « nous ne disposons plus d’aucun critère qui nous permettrait de trancher», p.143 ; « … l’égalité des sexes n’est-elle pas supérieure à l’oppression des femmes? » (p.144). Le voile islamiste, « ce symbole de l’avilissement du corps et de l’esprit des femmes.» (p.109) aura droit à sa plume aiguisée. Symbole du patriarcat, il détruit « toute velléité d’avoir une vie à soi. » (p.75). Une société laïque doit interdire le port de tout signe religieux ostentatoire dans les institutions publiques car « Seule la séparation de l’Église et de l’État peut empêcher qu’une religion impose ses règles de vie à l’ensemble des citoyens. » (p.136) et elle inclut en annexe la Charte de la laïcité rédigée par le collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité (CCIEL). Avec une grande rigueur intellectuelle Louise Mailloux décortique de manière percutante les tenants et aboutissants du fait religieux dans la société. La lecture de ce recueil vous permettra d’affûter vos arguments et vous incitera à être vigilant face à la montée de l’intégrisme religieux.
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