Oui je le veux ! La montée spectaculaire du mariage humaniste en Écosse
Loyla Leroux
Membre du conseil d'administration de l'AHQ
Loyola Leroux a enseigné la philosophie pendant 36 années au Cégep de Saint-Jérôme; baccalauréat en philosophie (UQAM)
Peut-être le saviez-vous, ou peut-être pas, mais depuis presque un an déjà l’Association humaniste du Québec a entrepris des démarches pour obtenir le droit de célébrer des cérémonies humanistes qui ont force légale, de la même manière que les ministres du culte ou les juges de paix ou les notaires. Nous prévoyons au départ obtenir le droit de célébrer des mariages légaux pour ensuite offrir d’autres types de cérémonies telles les funérailles et des cérémonies d’accueil (au lieu de baptêmes). Par la même occasion nous désirons également être en mesure de former et de nommer d’autres célébrants humanistes aptes à offrir ce genre de cérémonies selon des critères stricts à déterminer (pour le moment les premiers officiants prévus seront Michel Virard et moi-même). Notre demande initiale a été refusée à cause de technicalités, mais le processus suit son cours. Nous vous tiendrons au courant des développements.
Les cérémonies humanistes ne sont pas une nouveauté, elles existent déjà chez nos amis humanistes ontariens et ailleurs en Europe. À titre d’exemple vous trouverez ci-dessous un article paru dans la revue « International Humanist News » de mai 2009, qui relate l’origine et la popularité sans cesse grandissante des cérémonies humanistes en Écosse.
Texte de Tim Maguire traduit par Michel Pion
Lorsque, en juillet 2008, le registraire général de l’Écosse a annoncé que les mariages humanistes étaient désormais la quatrième forme la plus populaire de mariage dans ce pays, les médias s’en sont donnés à cœur joie. Le meilleur commentaire de tous provenait du philosophe et chroniqueur Julian Baggini, qui écrivit dans le journal « The Herald » « Les mariages en hausse de 64% » est probablement la manchette la plus improbable de l’année, mais ajoutez le mot « humaniste » et cela devient encore plus vrai.
Quand, trois ans plus tôt, l’Écosse rejoignit le groupe des cinq autres pays dans le monde où les mariages humanistes sont légaux, il serait exagéré de dire qu’il y a eu matière à grandes réjouissances, mais il n’y a pas eu de pleurs et de grincements de dents non plus. En 2005 nous avons quand même célébré 83 mariages humanistes, mais seulement un statisticien bien téméraire aurait pu prédire la rapidité avec laquelle le public a adopté cette façon de dire: «Oui je le veux!»
En plus d’être le trésorier de la HSS (Humanist Society of Scotland) et le président national des cérémonies, Gordon Ross est un statisticien de formation, mais même lui a été pris par surprise. «Je savais intuitivement que cela prendrait de l’importance, mais pas à ce point! J’avais prédit que nous allions atteindre la marque de mille mariages d’ici 2009, mais nous avons dépassé ce chiffre en 2008; nous sommes donc déjà en avance sur nos propres prédictions! » Si ses prévisions se vérifient, les cérémonies humanistes vont dépasser en nombre celles pratiquées par les catholiques en 2010, plaçant la HSS en troisième place après le registraire et l’Église d’Écosse. Nous avons parcouru un long chemin dans ce qui semble être un très court laps de temps, mais en réalité, cette histoire a commencé il y a presque trente ans.
Un de nos tout premiers célébrants, Ivan Middleton, raconte : « La toute première cérémonie de mariage humaniste en Ecosse a eu lieu en 1976, mais bien sûr, ce couple et les centaines d’autres qui ont suivi, ont dû passer par une seconde cérémonie civile. Donc la campagne pour légaliser les mariages humanistes a vraiment commencé à cette époque. Initialement ces efforts ont demandé une correspondance entre le registraire général de l’Écosse et notre secrétaire de l’époque, le regretté Fergus Watt. Certains membres ont également fait des représentations individuelles auprès de politiciens. »
En 1994, le Comité exécutif national du HSS a officiellement lancé une campagne pour demander une reconnaissance légale. Malheureusement, cette initiative n’a pas eu les résultats escomptés. Néanmoins à ce moment plusieurs célébrants du HSS avaient déjà été effectué des célébrations de mariage: Robin Wood est même apparu pendant une émission de télévision avec un couple et a reproduit leur cérémonie pour le bénéfice des caméras.
En 2000, la campagne a été relancée et une pétition a été présentée au comité des pétitions du parlement écossais. Elle a été entendue le 6 février 2001 et Ivan, qui était alors le secrétaire, a comparu au nom de la société pour répondre aux questions. « Bien qu’il semble que nous ayons eu la sympathie des politiciens, ceux-ci ont choisi de référer la question à des juristes, ce qui dans les faits a signifié qu’aucune décision n’a été prise».
Le comité national envisagea alors de demander à un couple de contester devant les tribunaux leur droit à une cérémonie humaniste légale, mais après avoir reçu un avis juridique ils en sont venus à la conclusion que même si la demande était acceptée, elle pourrait faire l’objet d’un appel. Une longue bataille juridique aurait mis en péril notre viabilité financière. Nous avons plutôt décidé de revenir à notre stratégie initiale et de solliciter une rencontre avec le bureau du registraire général de l’Écosse.
Nous voulions arriver à convaincre le registraire général que nous étions pleinement aptes à mener des cérémonies de mariage d’une manière professionnelle. À cette fin nous avons envoyé des copies, au registraire et son personnel, d’un document intitulé « Partageons le Futur » ainsi que des exemples de nos « scripts » de cérémonies. Également il a aussi fallu les rassurer et répondre à la question: «Si nous vous disons oui lequel sera le prochain groupe à faire cette demande? » Nous avons également eu à les convaincre que nos croyances sont tout à fait uniques et que cela nous distingue d’autres regroupements.
C’est alors que le parlement écossais a pris la décision de rendre les cérémonies de mariages civils plus largement disponibles et a permis aux registraires locaux dans tout le pays d’autoriser la tenue de ces événements dans des lieux alternatifs tels que des hôtels ou des châteaux. La nouvelle loi devait entrer en vigueur le 24 avril 2002. Prétextant la charge de travail que cela allait générer, le bureau du registraire nous demanda un délai de deux ans, le temps que les choses se calment, avant d’examiner notre demande. Bien que ce fût perçu comme un autre revers, cela se transforma en fait en occasion inespérée. Pour répondre à la demande suite à cette expansion de leurs services, le bureau du registraire d’Édimbourg se mit à la recherche de greffiers supplémentaires. Ivan a eu la chance d’être sélectionné comme l’un des dix nouveaux greffiers temporaires et a reçu une formation avant de procéder à de nombreuses cérémonies de mariage civil. Cela lui a donné l’occasion à environ six reprises de demander au registraire général l’autorisation de procéder à une cérémonie légale suivie d’une célébration humaniste. Ce fut un plaisir très spécial pour lui quand, en 1999 et 2001, il eut l’occasion de célébrer des mariages humanistes pour ses deux fils.
En avril 2005, le nouveau registraire général pour L’Écosse, Duncan McNiven, entra en contact avec Ivan et Charles Douglas, le vice-président de HSS et les invita à une réunion. C’est un euphémisme d’affirmer qu’ils furent pour le moins surpris. Comme Ivan le raconte: « Nous sommes allés à cette rencontre sans rien attendre », mais Duncan McNiven fut formidable. Il a dit: « J’ai lu tous vos arguments, je suis d’accord avec chacun d’eux et je vais autoriser les mariages humanistes légaux qui seront menés par les célébrants approuvés par le HSS à partir du 1er Juin 2005 ». J’ai failli tomber de mon siège!
Comme il n’était pas un célébrant, Charles Douglas n’était pas aussi impliqué émotionnellement que moi et il a posé une question très importante. « Est-ce important que les couples soient membres de l’organisation ? » et la réponse fut, « Oui, ça l’est » et c’est ainsi que nous en sommes venus à être autorisés à mener des cérémonies humanistes, pour les humanistes. Nous demandons donc à tous les couples de se joindre à la HSS. Mais si au moins l’un des deux est membre, alors c’est suffisant.
Dans les faits, le greffier nous a accordé les mêmes pouvoirs que les célébrants religieux. Nous pouvons célébrer des mariages partout efficacement et dignement. Nous devons cependant nous assurer que le couple accepte clairement l’autre légalement comme étant son mari/son épouse. Ceci étant dit, les couples ont toute liberté d’inclure à la cérémonie de la prose, de la poésie et de la musique s’ils le désirent. Plus important encore, ils sont encouragés à écrire leurs propres vœux et peuvent faire participer leurs familles et leurs amis pour en faire la lecture. »
Deux mois plus tard, le 18 Juin 2005, Ivan a eu l’honneur de célébrer le premier mariage humaniste sous le nouveau régime lorsque Martin Reijns (27ans) et Karen Watts (29 ans) unirent leurs destinées lors d’une cérémonie de mariage au zoo d’Édimbourg. Ironiquement, bien qu’ils vivaient à Édimbourg, ni l’un ni l’autre n’étaient écossais. Martin était originaire des Pays-Bas et Karen de l’Irlande. Une fois la cérémonie de mariage terminée, Ivan et l’heureux couple eurent la surprise de se retrouver face à face avec trois équipes de tournage et vingt photographes de la presse qui étaient là pour immortaliser l’évènement.
Le registraire général Duncan McNiven, interrogé par la BBC déclara: « La législation britannique nous oblige à interpréter la loi, y compris la législation du mariage en Écosse, d’une manière qui soit compatible avec la Convention européenne des droits de l’Homme ». Le prince de Galles a utilisé cet argument pour dissiper les doutes et justifier le fait qu’il était légal pour lui d’avoir un mariage civil et nous l’invoquons également pour affirmer hors de tout doute que les humanistes peuvent légalement célébrer des mariages ».
Quant aux mariés ils déclarèrent « C’est un développement important pour les personnes non religieuses qui, comme nous, croient que le mariage est plus qu’un simple lien juridique et veulent une cérémonie plus personnelle qu’une cérémonie civile ordinaire. Nous avons donc conçu notre propre cérémonie qui nous a permis d’exprimer nos pensées et nos sentiments librement. Nous sommes ravis d’être les premiers à être en mesure d’avoir une cérémonie de mariage humaniste qui soit juridiquement légale. »
Jusque-là, le HSS n’avait jamais célébré plus de 80 cérémonies par année, pour seulement environ 1000 membres. Lorsque la nouvelle s’est répandue que nos cérémonies avaient maintenant un statut légal, la demande s’est accrue de façon exponentielle et nous avons très vite réalisé que nous aurions besoin de davantage de célébrants pour répondre à la demande. En 2006, la première année complète des mariages humanistes, nous avons mené 474 mariages. En 2007, ce nombre est passé à 710 et 2008 a connu une nouvelle hausse d’un peu plus de 1000.
En 2006, 8 autres célébrants furent accrédités par le registraire général et depuis, à chaque année, nous avons dû faire de nouvelles demandes pour une augmentation de nos effectifs. En 2009, il y avait 51 célébrants en mesure de célébrer des mariages partout en Écosse de manière « digne et efficace ». La formation la plus récente a été spécialement conçue pour les futurs célébrants des régions les plus reculées des Highlands qui ont été formés lors de sessions d’une semaine pour mener à la fois les funérailles et les mariages et lorsque leur période de mentorat sera terminée, il y aura 58 célébrants autorisés à effectuer des mariages et 78 célébrants en tout.
Les célébrations de mariages légaux se sont avérées très importantes pour la HSS de plusieurs façons; à chaque semaine de l’année, ils démontrent à plusieurs centaines de personnes que l’humanisme est une belle philosophie de vie et leur popularité croissante signifie que de plus en plus de gens prennent conscience de l’humanisme comme philosophie. Une des conséquences heureuses est que cela a entrainé une augmentation du nombre de personnes non religieuses qui choisissent de se décrire comme humanistes plutôt que simplement athées ou agnostiques. Le nombre de membres au moment de la rédaction de cet article se situe à environ 4 500.
Les cérémonies de mariage sont également importantes financièrement pour notre association. Lors de l’assemblée générale annuelle de la HSS en 2001, notre trésorière Marilyn Jackson (qui est elle-même célébrant), a suggéré que les célébrants donnent 10 pour cent de leurs frais pour soutenir nos efforts de formation de nouveaux célébrants et mener campagne pour une éducation laïque dans un état laïque. Cette suggestion a été adoptée et en même temps que le nombre de cérémonies a augmenté, nos revenus ont fait de même.
Les célébrants de la HSS ont toujours fait en sorte que nos cérémonies soient abordables pour tous. Nos frais pour un enterrement, par exemple, sont seulement de 100 euros, moins que le prix moyen d’un arrangement floral sur le dessus d’un cercueil et pour un mariage, 250 euros, une infime proportion du coût d’un mariage typique.
Les mariages représentaient seulement 27 pour cent de nos cérémonies en 2008, mais ils ont contribué à 49 pour cent de nos revenus provenant de cérémonies. Nous menons deux fois plus de funérailles, mais en 2008, elles ont contribué pour seulement 36 pour cent de notre revenu annuel.
La hausse de nos revenus nous a permis non seulement de former adéquatement de nombreux autres célébrants, mais aussi d’offrir de nouvelles formations et surtout, de créer un ensemble de normes professionnelles soutenues par un système de révision par les pairs. C’est un processus d’évaluation qui a été accepté par la grande majorité des célébrants de façon positive, une manière utile d’apprendre et de partager les meilleures pratiques. Cette approche est appliquée actuellement seulement aux célébrants officiant des funérailles. Mais lorsque le rodage sera complété, il englobera les mariages également.
L’impact que la légalisation des mariages humanistes a eu en Écosse ne doit pas être sous-estimé. Les mariages ont permis d’expliquer la philosophie de l’humanisme à des milliers d’hommes et de femmes ordinaires et l’augmentation du nombre de nos membres qui en a résulté signifie que notre voix se fait de plus en plus entendre et cela n’est qu’un début. Ivan Middleton s’exprime pour nous tous lorsqu’il affirme: « C’est un privilège de faire ce que nous faisons, nous le faisons bien et je suis très fier d’avoir joué un rôle dans ce succès. »
Tim Maguire est officier célébrant et représentant pour les médias de la HSS
Le culte d’Ismael
Le Guardian Weekly 07-10-11 nous apprend que les pauvres du Venezuela adoptent en grand nombre le culte de nouvelles divinités. Avec ses 14,000 meurtres par années, son extrême inégalité du revenu et la faiblesse de son filet de sécurité, le Venezuela est une terre fertile pour les croyances désespérées. Ismael est une figure légendaire du pays, criminel endurci, tué par un policier corrompu. Les gens l’ont érigé en divinité. On lui fait ses prières autant pour être préservé de la criminalité que pour la commettre.
Le culte d’Ismael révèle la vraie nature de la croyance aux divinités. Il s’agit de pulsions émotionnelles irrationnelles. Qu’une divinité nous apparaisse comme encadrée par une institution socialement établie comme l’Église Catholique n’y change absolument rien.
Les rouages émotionnels de la croyance aux divinités sont nombreux et divers : désir d’être sécurisé, recherche d’une morale simpliste, soif de dignité, élan créatif peu imaginatif.
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