L’origine de toute croyance au divin
Richard Rousseau
Chercheur scientifique spécialisé en physique des rayons X, à la retraite, ayant travaillé plus de 36 ans au laboratoire d’analyse par fluorescence des rayons X (FRX) de la Commission géologique du Canada, à Ottawa. Il y a développé une méthode d’analyse FRX et un logiciel d’application. Il est membre à vie de l’Association humaniste du Québec.
Ayant reçu une formation de physicien, cela m’a permis d’étudier l’infiniment grand, l’univers, et l’infiniment petit, l’atome. J’y ai vu une grande beauté, une évolution extraordinaire depuis le Big Bang jusqu’à l’homme d’aujourd’hui, mais rien de divin. Tout n’est qu’évolution, tout s’explique, sauf que ça prend du temps, beaucoup de temps. En fait, 13,7 milliards d’années. C’est long, très long. Avez-vous une idée de la durée de 13,7 milliards d’années? Si Dieu existe, on peut dire qu’il a pris son temps, qu’il n’est pas tellement efficace! On est bien loin de la création du monde en six jours… Alors pourquoi l’être humain, depuis toujours, à toutes les époques, et à tous les endroits sur notre planète, a-t-il toujours cru au divin, ce magnifique conte de fées? Pourquoi l’être humain a-t-il toujours cru à un Dieu toutpuissant créateur de tout? Pourquoi a-t-il ce besoin? Toute théorie pour expliquer l’origine du divin doit tenir compte de cette réalité. Voici mon explication.
À sa naissance, le bébé a trois besoins essentiels à combler : amour, chaleur, nourriture. Si l’un de ces besoins n’est pas satisfait, il risque d’être perturbé le reste de sa vie. Si les parents savent bien s’acquitter de leur devoir de parent, ils n’ont aucune difficulté à satisfaire les besoins essentiels de l’enfant, lesquels sont si importants à ses yeux. L’enfant n’a qu’à pleurer et son besoin immédiat sera vite comblé. Déjà avant sa naissance, le fœtus est comblé par sa mère, à condition qu’elle soit une adulte épanouie, mature, équilibrée, heureuse et satisfaite de sa grossesse. Il a déjà été logé, nourri, chauffé, bercé, cajolé sans qu’il ait à faire d’efforts. Mais à sa naissance, le bébé veut continuer cet état de bien-être parfait. Qui comble ce besoin? Ses parents, des GÉANTS aux yeux de l’enfant. Cette image de géants capables de satisfaire TOUS ses besoins essentiels s’imprègne dès son jeune âge dans son subconscient pour le reste de sa vie. Sigmund Freud a démontré l’importance des souvenirs inconscients, l’impact qu’ils peuvent avoir sur le comportement adulte.
Lorsque l’enfant devient adulte, il a toujours les mêmes besoins essentiels, en plus de quelques autres, mais cette fois-ci, il n’a plus à sa portée des géants capables de les combler facilement. Il ne faut pas oublier que cette image de géants capables de combler tous ses besoins est fortement imprégnée dans son subconscient. Alors que fait l’adulte dans cette situation pour combler son besoin? Il se crée de toutes pièces des géants fictifs capables de combler ses moindres besoins. Les statues de l’île de Pâques en sont un bel exemple. Et l’adulte y croit fortement… Voilà l’origine de toute croyance à un concept divin. Elle est universelle dans le temps et l’espace parce qu’elle provient de l’enfance de chaque être humain. Toute croyance divine est donc de la FICTION, créée de toutes pièces par l’imaginaire humain, suite à un besoin essentiel, et tout ce qui en découle n’est que pure SPÉCULATION : toute croyance divine, toute religion, les écrits de la Torah, de la Bible, du Coran, etc.
Dieu est donc une fiction, le fruit de notre imagination, tout comme le Père Noël ou Superman, une création des hommes, une fabrication correspondant à un besoin essentiel, mais en plus les hommes créent ce Dieu à leur image inversée. En effet, les humains étant mortels, finis, limités, ils souffrent de ces imperfections et ils ressentent le besoin d’inventer une puissance dotée très exactement des qualités opposées à leurs défauts. Ils fabriquent des qualités divines devant lesquelles ils s’agenouillent puis se prosternent. Je suis mortel? Dieu est immortel; je suis fini? Dieu est infini; je suis limité? Dieu est illimité; je ne sais pas tout? Dieu est omniscient; je ne peux pas tout? Dieu est omnipotent; je ne suis pas doué du talent d’ubiquité? Dieu est omniprésent; je nais et meurs? Dieu est éternel; je suis faible? Dieu incarne la Toute-Puissance; je suis sur terre? Dieu est au ciel; je suis imparfait? Dieu est parfait; je ne suis rien? Dieu est tout, etc. La religion devient donc une pratique d’aliénation par excellence : elle suppose la coupure de l’homme avec lui-même, avec la réalité et la création d’un monde imaginaire où la vérité devient fictive, un beau conte de fées.
Hélas, ce Dieu tout-puissant étant une création de l’humain, un rêve, une utopie, possède également les nombreux défauts de l’humain. Les premiers textes de l’Ancien Testament à aujourd’hui témoignent de trois millénaires d’histoires d’horreurs. Ces documents nous révèlent l’affirmation d’un Dieu unique, violent, jaloux, querelleur, intolérant, belliqueux, destructeur qui a généré plus de haine, de sang, de morts, de brutalité que de paix. Décidément, il n’y a rien de parfait dans ce bas monde!
De plus, les croyances de toute religion sont basées sur l’IGNORANCE, sur des connaissances d’il y a plusieurs milliers d’années, plutôt que sur des connaissances de notre monde actuel. Ces croyances plus que millénaires ne sont que des mythes, des superstitions, de petites « histoires » fictives, invraisemblables, de la fabulation qui est l’une des grandes capacités du cerveau humain.
Avec la montée des connaissances scientifiques, la raison d’être de Dieu diminue constamment. À l’origine des religions, Dieu expliquait tout, était l’auteur de tout. Aujourd’hui Dieu n’explique plus rien et n’intervient plus. Pour qu’Il puisse survivre, nous sommes obligés de L’imaginer comme un concept vaporeux, immatériel, de plus en plus difficile à définir, à saisir, à cerner. Nous sommes donc passés, en parlant de Dieu, d’une hypothèse essentielle à une hypothèse inutile… Toutes les croyances religieuses fictives sont en train de tomber à l’eau, les unes après les autres. Par exemple, j’ai beaucoup de difficultés à croire à l’eucharistie, l’Immaculée Conception, la résurrection, l’assomption, le ciel et l’enfer, le péché, les anges, la vie après la mort, l’infaillibilité du pape, etc.
Pour ma part, je n’ai pas besoin de cette “Hypothèse” pour expliquer le Big Bang. Je ne crois pas en un Dieu qui aurait créé le Ciel et la Terre. Aujourd’hui nous savons assez bien comment la Terre a été formée et comment les cieux étoilés au-dessus de nos têtes ont été allumés. Même l’origine de la vie peut maintenant se passer de Dieu. Et je préfère croire à l’évolution par sélection naturelle plutôt qu’au créationnisme.
De nos jours donc, toute croyance au divin devient superflue.
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