Daniel Baril

Daniel Baril

Daniel Baril a été journaliste à l’hebdomadaire Forum de l’Université de Montréal pendant près de 23 ans. Il est actuellement président du Mouvement laïque québécois (par intermittence pendant deux décennies) et a été également membre du conseil d’administration de l’Association humaniste du Québec. Il est le cofondateur du groupe Les Intellectuels pour la laïcité et co-rédacteur de la Déclaration pour un Québec
laïque et pluraliste. 

 

Le blog de Daniel Baril sur le site de “Voir Montréal”. Lire l’original ici.

Le fondamentalisme religieux nous conduit à une confrontation assurée.

Lors de la présentation de son mémoire en commission parlementaire sur la laïcité, le groupe Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ libre) nous apprenait l’existence d’un « serment du voile » que l’on fait faire aux fillettes de sept à dix ans dans des mosquées de Montréal. On peut prendre connaissance de ce serment dans cette vidéo tournée au Centre communautaire musulman de Montréal, une mosquée dirigée par l’imam khomeyniste Ali Sbeiti (ou Sobeiti).

Voici ce que l’on fait jurer à ces enfants :

Je jure sur mon honneur que je ferai tous les efforts pour préserver mon hidjab comme l’a ordonné Allah et son messager. Je suis fille de Fatima Al-Zahra [fille de Mahomet], que la paix soit sur elle. Je prépare l’apparition du Mahdi [Messie islamique], qu’Allah précipite sa délivrance. Je le jure, je le jure, je le jure.(1)

Dans une autre vidéo produite par cette même mosquée, on fait défiler ces jeunes filles qui nous répètent l’une après l’autre: « je me voile parce que je veux plaire à Allah; je me voile parce que c’est un ordre d’Allah; je ne laisserai personne m’enlever mon hijab; on n’a pas le droit de me dire de l’enlever; je ne vais pas l’enlever de toute ma vie; j’ai aimé ça quand je suis sortie avec le hijab… ». Le tout accompagné d’une petite musique de harpe et de flute, de fleurs qui voltigent et de papillons qui batifolent. De quoi réjouir le coeur des « inclusifs ».

Faut-il pleurer, faut-il en rire? Prise isolément, cette cérémonie pourrait ne pas être pire que celles que nous faisions à l’école primaire catholique de mon enfance où on nous préparait à être de «apôtres et des soldats du Christ» par la répétition des sottises du «petit catéchisme gris» appris par coeur. Nous confirmions cet engagement «volontaire» par le sacrement de confirmation.

Mais nous ne sommes plus à cette époque du catholicisme déclinant et les religions sont toutes traversées actuellement par des courants intégristes.

Jesus camp et les autres

Des fondamentalistes chrétiens font encore pires que le bourrage de crâne de Sbeiti dont les vidéos m’ont rappelé le documentaire Jesus camp tourné en 2005 chez des charismatiques évangéliques et pentecôtistes au Dakota du Nord (page Wiki de Jesus camp).

Dans un camp de «vacances», des garçons et filles de six à dix ans, aux cerveaux lessivés par la pasteure Becky Fischer, deviennent possédés par l’Esprit saint, «prient en langues», imposent les mains sur une effigie de George W. Bush, pleurent à chaudes larmes à cause des politiques d’avortement, prophétisent, entrent en transe, sont pris de convulsions, promettent de combattre «le mal» et s’engagent à faire la guerre pour préparer le retour de Jésus. Le tout culmine dans une crise d’hystérie collective.

«Il y a deux sortes de personnes, dit une mère; celles aiment Jésus et celles qui ne l’aiment pas.» En entrevue, BeckyFisher affirme vouloir établir une théocratie et souhaite que ces enfants défendent leur foi avec autant d’ardeur que ne le font les musulmans de Palestine et du Pakistan. La controverse créée par la diffusion de ce documentaire a entrainé la fermeture du camp. Mais pour une école du genre qui ferme, combien d’autres demeurent en opération?

Le camp de Becky Fisher n’est pas un cas unique. Voici un reportage sur les enfants preachers aux États-Unis. Encore plus de cas de cette vidéo présentant des exemples de tous les coins des États-Unis. L’un des cas les plus pathétiques: Kanon Tripton, qui a commencé à prêcher à… 21 mois!

Des religions pas très inclusives

Évidemment, l’islam n’est pas en reste. En explorant Youtube à partir des adresses précédentes, on trouve quantité de vidéos sur des enfants fanatisés, comme la petite Fatima Saleem Kodia qui, à 4 ans, récite sa leçon coranique apprise à l’Islamic International School de Mumbai devant un auditoire adulte.

Il y a pire. Voici deux fillettes à qui on a déjà enseigné la haine du juif. Fatima, 2 ans, qui en est à ses premiers balbutiements et qui répète des réponses apprises par coeur sans en comprendre la portée, sait déjà pourquoi les juifs provoquent la colère d’Allah. Basmallah, trois ans et demi, présentée par une télévision d’Arabie saoudite, comme un modèle de la future génération de « vraies musulmanes »: à la question « Aimes-tu les juifs? », elle répond « non ». Pourquoi? « Parce que ce sont des singes et des porcs. » Comment le sais-tu? « C’est notre Dieu qui l’a dit dans le Coran. »

Allons un cran plus loin. En septembre 2012, l’Australie était consternée par le témoignage d’une fillette de huit ans adressant un appel au djihad, à l’établissement d’un califat mondial et à la mise en place d’une charia stricte (on peut avoir une aperçu en français dans ce journal) . « Personne n’est trop jeune pour le djihad », a-t-elle affirmé.

En janvier dernier, les médias nous apprenaient l’arrestation, en Afghanistan, d’une enfant de 10 ans qui allait commettre un attentat suicide. Selon CNN, la police afghane a repéré et neutralisé en 2013 pas moins de 41 enfants âgés de 6 à 11 ans destinés à mourir en kamikazes.

Selon un document de la Croix rouge (Les enfants soldats, p. 13), des milliers d’enfants âgés de 8 à 12 ans, conditionnés pour devenir des martyrs, ont été utilisés pour ouvrir la voie sur des champs de mines antipersonnelles durant la guerre Iran-Iraq entre 1980 et 1988.

Décidément, nous n’en sommes plus à l’époque du petit catéchisme gris que nous répétions comme des ânes et que nous avions déjà oublié au sortir du primaire. Qu’ils soient chrétiens, musulmans ou juifs, tous ces enfants fanatisés ne vont pas nécessairement devenir des soldats de Dieu au point de devenir terroristes ou kamikazes. Mais le conditionnement est là.

Une chose est sure: lorsqu’on écoute l’une à la suite de l’autre la vidéo du serment du voile puis celle de Jesus camp, on ne peut pas ne pas avoir le sentiment d’une collision frontale entre les fondamentalismes religieux à brève échéance.

1. La traduction des deux vidéos du CCMM est une réalisation de Poste de veille.

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