Andréa Richard

Andréa Richard

Après dix-huit ans de vie religieuse, active et contemplative, Andréa Richard redevient laïque. Fondatrice, dans les années 1970 de mouvements d’avant-garde pour le renouvellement de l’Église. Elle exerce toujours la profession de conférencière et d’animatrice dans différents milieux, principalement au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et occasionnellement en France et aux États-Unis. Elle est l’auteure de Au-delà de la Religion, best-seller (3 éditions) et l’Essence de la vie, Ed. Septentrion.

Prenant connaissance des sondages, je suis surprise de tant d’attachement à un crucifix placé au Salon bleu. Je comprends qu’il fait partie de l’Histoire du catholicisme, et le peuple n’oubliera pas; mais pourquoi autant tenir à l’exposer à l’Assemblée nationale ?

Je comprends que c’est toute la signification d’un passé qui nous a façonnés. Cependant, il me semble qu’il y a, de la part des aînés, un attachement exagéré aux symboles du passé; de telle sorte qu’on ne peut les remplacer par un symbole plus significatif du présent. Le passé est dans notre présent et, déjà, demain sera le futur. Pourquoi, nous, aujourd’hui, ne pourrions-nous pas avoir un symbole qui nous représente aujourd’hui, comme peuple en évolution? Un peuple qui se tient debout et qui est fier de son drapeau Québécois, symbole du peuple d’aujourd’hui!

Le crucifix d’hier, ne l’oublions pas, est aussi un symbole de soumission de tout un peuple, et de milliers de religieux et religieuses, à une religion fort heureusement révolue! De plus, ce crucifix est bien loin d’être « québécois ». Il vient d’une religion européenne, d’une contrée bien étrangère au Québec, et a été imposé aux amérindiens par des immigrants qui n’ont pas respecté les « valeurs kébékoises » de ceux qui habitaient leurs terres. Ces amérindiens avaient une spiritualité et elle a été détruite par des gens qui ont voulu imposer leurs crucifix en faisant couler le sang des premiers habitants.

Si le passé nous hante autant, pourquoi ne pas mettre dans toutes les maisons du Québec et à l’Assemblée nationale, une photo du « poêle à bois » de nos ancêtres? Avouez que le poêle est un symbole qui représente beaucoup plus les Québécois. C’est tout le labeur [-de nos ancêtres et le nôtre-] qui y serait représenté. Le poêle à deux ponts a servi à préparer la nourriture de nos ancêtres et au chauffage des générations. Le poêle à bois, qui va traverser des siècles, représenterait donc le passé, le présent et le futur; puisque le chauffage sera toujours indispensable pour réchauffer les corps et… échauffer les esprits!

Je suis convaincue que personne ne voudra mettre un tel symbole en fonte au salon bleu. Tout simplement parce que ce n’est pas le mandat de l’Assemblée nationale de conserver de tels souvenirs. En effet, c’est le travail du musée de mettre en valeurs ces artéfacts du passé. Il faut mettre le « crucifix-de-Duplessis » au Musée des religions de Nicolet.

Le fait de garder le crucifix au dessus du siège du Président de l’Assemblée nationale est un tape-à-l’œil et il jette un faux sentiment de sécurité. Des gens croient faussement que la présence de cet objet est garante de l’honnêteté des élus et des décisions prises par ces derniers. Quelle poudre aux yeux! Cela me rappelle toutes les simagrées du maire de Laval qui est allé en cour pour conserver le droit de faire des prières à la mairie. Le maire Vaillancourt voulait, aux yeux de ses électeurs, passer pour un bon catho. Qui peut me dire ce qu’il faisait avec l’argent des payeurs de taxes de Laval?

 

1 Commentaire

  1. mvirard

    Excellent symbole du Québec, ce poêle à bois. Il combine très bien deux choses qui nous ont façonnés au moins autant que l’Église : l’immense ressource de la forêt boréale et la dureté d’un hiver sans pitié. Merci Andréa.

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