Richard Rousseau

Richard Rousseau

Chercheur scientifique spécialisé en physique des rayons X, à la retraite, ayant travaillé plus de 36 ans au laboratoire d’analyse par fluorescence des rayons X (FRX) de la Commission géologique du Canada, à Ottawa. Il y a développé une méthode d’analyse FRX et un logiciel d’application. Il est membre à vie de l’Association humaniste du Québec.

 

Dans un article précédent [1], il a été démontré que la croyance à un dieu quelconque, qui en fin de compte, ne nous répond jamais, ne nous réconforte jamais, ne se manifeste jamais, ne nous aide jamais, n’est jamais là lorsqu’on en a besoin, est un éternel absent, n’est que le fruit de notre imagination. On n’a jamais réussi à faire la preuve de son existence. Pour ce qui est des religions, qui sont la conséquence directe de la croyance au divin, elles ont été de tout temps très néfastes à l’humanité, sans jamais réussir à améliorer la nature humaine et à supprimer, ou tout au moins réduire, la violence et les guerres. Au contraire, les religions ont toujours généré plus de haine, de sang, de morts, de brutalité que de réconfort et de paix. À toutes les époques, elles ont été souvent la cause de nombreuses guerres plus cruelles les unes que les autres qui ont fait des millions de morts, sinon elles les ont souvent soutenues et encouragées, ou tout au moins tolérées. Ces deux croyances, divine et religieuse, sont le fruit d’un lointain passé, d’une époque où l’être humain primitif était très ignorant, ne comprenait absolument rien aux phénomènes de la nature, de ses origines et de sa psychologie. Aujourd’hui, la compréhension de l’être humain et de son environnement est bien différente. En lieu et place, je propose de remplacer ces deux croyances sans fondement par des valeurs essentiellement humaines capables d’apporter à l’être humain, comme on le verra à la fin de ce texte, davantage de réconfort, de satisfaction et de raisons d’être comparées à la croyance à un dieu fictif.

Malgré tout, certains ont besoin, pour se sentir bien dans leur peau, d’une spiritualité de l’Infini et de l’Absolu. Ils soutiennent que le corps n’est pas composé uniquement d’atomes, mais aussi d’un esprit capable d’entrer en communication avec des êtres surnaturels. Dans cet article, nous partirons à la recherche de ce dont l’esprit a besoin pour être comblé.

À propos de spiritualité

En tout premier lieu, il faut reconnaître que 4,55 milliards d’années d’évolution de la matière biologique ont permis l’émergence d’une structure biologique d’une grande complexité, d’une grande beauté, très évoluée, merveilleusement bien adaptée à son environnement, soit l’être humain. Ce chef-d’œuvre de l’évolution possède en plus un cerveau, le plus complexe de la planète, qui a des capacités phénoménales pour créer des chefs-d’œuvre d’abstraction entre autres en arts, écriture, musique, mathématiques; pour élaborer des théories scientifiques comme la relativité ou la mécanique quantique; pour guérir de nombreuses maladies, pour réparer de nombreuses parties de notre corps grâce aux progrès de la médecine, pour comprendre de nombreux phénomènes naturels, etc. Dans le domaine des émotions, il est capable de générer toute une panoplie de sentiments comme la joie et la peine, la peur et la surprise, la tristesse et le chagrin, la bonne humeur et la colère, la haine et finalement d’aimer d’un amour véritable. Souvent, je me plais à penser à la complexité du logiciel qui servirait à contrôler un robot aussi créatif… Une impossibilité pour le moment.

Malheureusement, ce cerveau est aussi capable d’imaginer un Dieu méchant, violent qui châtie, punit, détruit et voue au feu de l’enfer si on n’accomplit pas à la lettre ses quatre volontés. Il faut bien expliquer tout le mal et la violence dans le monde. Pour expliquer l’origine du monde, ce cerveau est également capable d’imaginer un Dieu tout puissant pouvant créer l’univers tout entier, y compris nous les humains, d’un seul coup de baguette magique. Comme toujours, l’humain aimant se contredire lui-même, son cerveau n’a aucune difficulté à imaginer un Dieu protecteur qui prend soin de nous à tout moment et qui nous aime d’un amour infini, tout comme un bon père de famille qui prend soin de ses jeunes enfants. Je rappelle ici que l’être humain aime recréer la protection de sa jeune enfance procurée par ses parents, des géants tout puissants à ses yeux lorsqu’il était un tout jeune enfant. L’être humain aime également imaginer tout ce qu’il y a de plus invraisemblable pour prolonger sa propre vie dans un au-delà imaginaire paradisiaque après la mort, peuplé d’êtres fantastiques et fabuleux. Ce ne sont que des illusions d’un cerveau très fertile désirant durer éternellement. Alors, lorsqu’on parle de la spiritualité d’un système religieux ou d’une philosophie culturelle traitant d’une autre forme de vie après la mort avec des divinités prodigieuses, ce ne sont que des fictions, complètement irréelles, dont on n’a jamais réussi à démontrer l’existence. Si je me trompe qu’on en fasse la preuve, sinon il est indéniable que toute démarche spirituelle n’est qu’une fonction naturelle de l’être humain, produit de son vivant par un cerveau constitué de neurones, de matière biologique bien réelle, cerveau qui sera irrémédiablement détruit après la mort, en même temps que toutes ses capacités de créativité abstraite, son intelligence, sa pensée ou son esprit. Si en plus, on attache des qualificatifs d’infini et d’absolu à des entités complètement imaginaires, créées de toutes pièces par le cerveau, ça relève de fabulations des plus farfelues.

Évidemment, tous les disciples ou adeptes d’une démarche spirituelle religieuse feront appel à des processus de rationalisation visant à démontrer que leurs croyances sont bien réelles, malgré les preuves accumulées du contraire. Pour eux, il est plus facile de croire aveuglément que de réfléchir. On parle à ce moment de dissonance cognitive. Les grands saints, les grands mystiques, les grands maîtres, les shamans et les médiums sont souvent des personnes qui se croient investies d’une mission au nom de Dieu et cette conviction affecte la plupart du temps leur propre perception d’eux-mêmes. Il s’en suit une sorte de déséquilibre mentale qui peut aller jusqu’à ce que Sigmund Freud appelle la névrose obsessionnelle. Ce genre de personnes est irrécupérable. Il vaut mieux les ignorer.

À titre d’exemple, pour illustrer jusqu’où le cerveau peut aller dans ses fabulations ou divagations, quatre personnages « illuminés » se détachent tout particulièrement. Au premier rang, il s’agit d’Abraham, que les trois monothéismes tiennent comme le fondateur commun, puis viennent ensuite Moïse, qui transmit la Loi aux Hébreux, Jésus, tenu pour le Messie de l’humanité et l’incarnation du Fils de Dieu sur Terre par les chrétiens, et Mahomet, considéré comme le dernier prophète par les musulmans. Tous entendent des voix divines qui dictent leur conduite. Évidemment, ils sont les seuls à les entendre, ce qui démontre qu’ils sont complètement déconnectés de la réalité. Ils vivent dans leur monde, hantés par des visions utopiques, et vu qu’ils ont souvent beaucoup de charisme, ils réussissent à entrainer dans leur délire de nombreuses personnes et créer de nouvelles religions. Par exemple, Abraham, à l’âge de 75 ans, entend l’appel du Dieu unique l’enjoignant de quitter sa patrie, la Mésopotamie, contre la promesse d’une descendance nombreuse et d’une terre nouvelle. Pour vérifier si sa foi était exemplaire, Dieu lui demanda de tuer son propre fils Isaac avec un couteau. Juste avant de s’exécuter, Dieu arrête son bras. Ça, c’est un ami… Moïse reçoit de Dieu la tâche de libérer les fils d’Israël. Il conduit le peuple hébreu hors d’Égypte et il erre dans le désert pendant 40 ans avant d’arriver à la Terre promise, aujourd’hui l’État d’Israël. Dieu aurait pu l’aider davantage… En passant près du mont Sinaï, il reçoit de la main même de Dieu les dix commandements. Encore une autre intervention divine… Pour ce qui est de Jésus, il serait né d’une vierge fécondée par un Saint-Esprit, tout en étant le fils d’un être invisible appelé Dieu. Cet homme-dieu ne cesse de dialoguer avec Dieu le Père et de promettre en son nom un royaume des cieux après la mort. Puis, il meurt crucifié sur une croix, ressuscite et monte au Ciel avec son corps. Pas facile d’être le fils d’un Dieu… À propos de Mahomet, il aurait eu la révélation du Dieu unique lorsqu’il entendit dans une grotte, seul, à l’abri des regards, une voix, plus tard assimilée à celle de l’ange Gabriel, qui lui aurait enjoint de «prêcher» la parole de Dieu. Notons qu’il est le seul à avoir entendu cette voix dans le fond d’une grotte, car Dieu aime être discret… Voilà de quoi furent victimes les fondateurs des trois monothéismes : d’hallucinations! Ils n’ont aucune crédibilité.

Aujourd’hui, si l’on passe en revue les six grandes religions actuelles : le judaïsme, le christianisme, l’islam, l’hindouisme, le bouddhisme, et le taoïsme sans oublier les religions premières, celle des shamans et de la nature, elles totalisent plus de 4 milliards de pratiquants. Il est donc difficile de minimiser l’impact des religions sur les êtres humains partout sur la planète. La solution à ce fléau serait la laïcité, une laïcité comportant trois principes fondamentaux : d’abord la liberté de pratiquer ou pas une religion, ainsi que la liberté d’en changer. Ensuite, le principe d’égalité et de respect des droits et des devoirs des personnes, qu’elles soient croyantes ou non. Enfin, l’État doit être neutre face aux religions ce qui signifie que le pouvoir politique (local, régional ou national) doit être libre de toute influence religieuse d’où qu’elle vienne et, réciproquement, le pouvoir religieux doit respecter la liberté de religion de chacun et n’imposer aucune idéologie. Pour en arriver là, il ne faudrait pas oublier d’interdire l’enseignement de toute religion à tous les enfants de moins de 18 ans, tant dans les écoles publiques, que privées. Tout commence par l’éducation et un lavage de cerveau qu’on impose à de jeunes enfants. Il ne faut pas l’oublier.

Certains à court d’arguments pour réfuter toutes ces évidences m’accuseront de manquer de respect. Je regrette, je n’ai aucun respect pour les falsifications et les fabulations. Tout comme Bertrand Russell, si je vous invitais à croire à une théière en orbite elliptique autour du Soleil, entre la Terre et Mars [2], trop petite pour être détectés par nos plus puissants télescopes, vous ne me croiriez pas, et je pourrais vous répondre, faute d’arguments, que vous manquez de respect envers ma croyance. Il en va de même pour les croyants à court d’arguments : ils se contentent d’appeler au respect ou de brandir la menace de l’enfer comme châtiment faute de mieux. C’est peu convaincant.

À propos d’infini et d’absolu

Les mots « infini » et « absolu » lorsqu’utilisés par les mystiques sont souvent définis de façon très vague, ou pas du tout. On les utilise à toutes les sauces, dans différentes situations, pour représenter différents concepts. Souvent, les définitions sont personnelles à chacun. Alors il est très difficile de donner une définition valable pour tous. Ce qui est commun, c’est que nous nageons dans l’imprécision, le vague, le flou, l’indéfini. C’est la porte ouverte à n’importe quoi pouvant être imaginé par un esprit fertile, ce sont des divagations qui pourraient donner l’illusion de béatitude et de bonheur. Voyons voir ce qui en est réellement.

En mathématiques, les mots « infini » et « absolu » sont intimement liés. En effet, si on divise le chiffre un (1) par un nombre infiniment grand, représenté par le symbole ∞, la valeur de ce rapport se rapproche de la valeur zéro, mais sans jamais l’atteindre. Symboliquement, on écrit :

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Dans cette inégalité, plus le nombre au dénominateur du membre gauche sera grand, plus la valeur du membre droit sera petite. On dit que le rapport tend vers zéro, représenté par la flèche pointant vers la droite, zéro étant la valeur ultime ou absolue, qui ne sera par contre jamais atteinte.

En physique, il existe plusieurs quantités qui peuvent être considérées comme infinies. Entre autres, la dimension de l’univers. Il est en expansion depuis environ 15 milliards d’années. Il a donc un rayon de 15 milliards d’années-lumière. C’est grand, très grand, quoique fini. Malgré tout, ça donne une idée d’une dimension infinie. L’univers étant en expansion, on peut reculer dans le temps jusqu’à ses débuts, au début du Big Bang. Présentement, nos connaissances en physique nous permettent de reculer jusqu’à 10 exposant -43 seconde. Un chiffre avec 43 zéros après le point décimal. C’est petit, très petit, on pourrait presque dire infiniment petit.

Une autre quantité que l’on peut calculer à l’infini est le chiffre π. C’est le rapport de la circonférence de n’importe lequel cercle à son diamètre. Sa valeur arrondie à 24 chiffres après le point est égale à 3,141 592 653 589 793 238 462 643. On pourrait ainsi calculer des milliards et des milliards de décimales sans jamais atteindre une valeur fixe. À nouveau on se rapproche de l’infini, sans jamais l’atteindre.

En physique, nous avons également une quantité qui peut être définie comme « absolu ». Il s’agit du zéro absolu. C’est la température la plus basse qui puisse exister dans l’univers. Elle vaut -273,15 °C (Celsius), ou -459,67 °F (Fahrenheit), ou 0 °K (Kelvin), cette dernière échelle utilisant le zéro absolu comme la valeur zéro de son échelle par définition. C’est une température minimale qui est atteinte qu’asymptotiquement. Elle est théorique et inaccessible. Le record atteint en 2003 par une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) est de 273,14999999955 °C.

On constate donc qu’en mathématiques et en sciences, les mots « infini » et « absolu » sont des qualificatifs qui représentent des valeurs limites, mais sans jamais les atteindre. Gardant à l’esprit ces définitions, il n’est pas facile de rattacher ces qualificatifs à des êtres imaginaires, si divin soit-il. D’ailleurs, lorsqu’on lit des textes religieux utilisant ces mots, on tombe vite dans l’incompréhension, l’irrationnel, l’irréel, le fantastique. Ça devient vite des textes hautement spéculatifs, incompréhensibles et sans fondement.

En plus de qualifier Dieu d’Infini et d’Absolu, les humains sentent le besoin d’attribuer à Dieu des qualificatifs qui sont le contraire de leurs propres faiblesses. « Étant mortels, finis, limités, ils souffrent de ces imperfections et ils ressentent le besoin d’inventer une puissance dotée très exactement des qualités opposées à leurs défauts. Ils fabriquent des qualités divines devant lesquelles ils s’agenouillent puis se prosternent. Par exemple, je suis mortel ? Dieu est immortel; je suis fini ? Dieu est infini; je suis limité ? Dieu est illimité; je ne sais pas tout ? Dieu est omniscient; je ne peux pas tout ? Dieu est omnipotent; je ne suis pas doué du talent d’ubiquité ? Dieu est omniprésent; je nais et meurs ? Dieu est éternel; je suis faible ? Dieu incarne la Toute-Puissance; je suis sur terre ? Dieu est au ciel; je suis imparfait ? Dieu est parfait; je ne suis rien ? Dieu est tout, etc. La religion devient donc une pratique d’aliénation par excellence : elle suppose la coupure de l’homme avec lui-même, avec la réalité et la création d’un monde imaginaire où la vérité devient fictive, un beau conte de fées. » [3]

Je regrette donc, mais appliquer ce genre de vocabulaire à des divinités imaginaires est tout simplement inapproprié. On peut attribuer aux divinités les qualificatifs que l’on voudra, il n’en demeure pas moins que ce n’est que de la fiction. Des mystiques perdues dans leurs élucubrations pourraient prétendre le contraire. Pourquoi alors leur langage devient si vite incompréhensible, vague, flou, indéfini en nous parlant de métaphysique, de transcendance, de l’essence des choses, de la nature profonde de l’être, de l’âme immortelle, toutes des réflexions très abstraites ne donnant aucun résultat concret et dont les définitions varient avec chaque auteur ? Un exemple de propos nébuleux concerne le dogme de la Trinité qui affirme que le Fils est consubstantiel au Père et que l’Esprit-Saint procède du Père et du Fils. C’est confus à souhait, à ne rien y comprendre. Si je me trompe, c’est à eux de faire la preuve que mes affirmations sont fausses. J’attends leurs arguments de pieds fermes. Des arguments dans le style « Puisque l’être humain est capable d’imaginer par son intelligence et son esprit des forces surnaturelles imperceptibles par nos cinq sens, donc elles existent. » seront jugés irrecevables et non fondés.

À la recherche de son moi intérieur

Curieusement, lorsque les mystiques parlent d’une démarche spirituelle religieuse, ils en viennent vite à parler de la recherche du moi intérieur, pour le libérer de ses chaînes terrestres (souffrances et plaisirs pervers, désirs et répulsions, violence et peur, cupidité et insécurité, etc.) et atteindre cette sorte de nirvana, d’extase ou de béatitude céleste, ici même sur Terre. Très gratifiant. Ça m’étonne qu’il faille tant torturer le corps pour réussir à entrer en communication avec le divin, pour arriver à y croire véritablement. Je pense plutôt qu’en « purifiant » le corps par la méditation, le jeûne, la prière, en lui imposant beaucoup de privations de ses besoins naturels, comme la nourriture, l’activité physique, le sommeil, le travail, le sexe, on devient plus ou moins déséquilibré mentalement, on entre dans une sorte de névrose obsessionnelle, pour en arriver à croire véritablement à toutes nos hallucinations, à réellement vivre toutes nos illusions. Nous perdons à ce moment tout contact avec la réalité que les mystiques interprètent comme étant des moments de grâce sublime et de béatitude incommensurable. C’est bien pour tous ceux qui croient encore à toutes ces élucubrations. Qu’en est-il par contre pour tous ceux qui ne croient plus aux divinités et au religieux, mais qui cherche malgré tout un sens à leur existence ?

Après avoir fait le ménage dans les religions et les croyances très ésotériques du divin qu’elles nous proposent, est-ce qu’il existe une autre forme de spiritualité qui pourrait combler tout autant l’humain ? Par spiritualité, j’entends une démarche personnelle qui mène au dicton socratique « connais-toi toi-même »; une spiritualité qui m’aiderait à aimer la vie jusqu’au bout, telle qu’elle est – unique, irremplaçable, éphémère –, et à accepter sereinement la mort, comme étant la continuité de la vie sous une autre forme, sans faire appel au surnaturel, c.-à-d. à aucune croyance divine ou mystique. Il ne faudrait pas que notre vie se termine par l’insatisfaction ultime, l’amertume, les regrets, les remords, la nostalgie, le sentiment déchirant d’avoir vécu si peu et si mal, en se disant que j’ai oublié de vivre.

Au préalable, réalisons qu’avant notre naissance, tous les futurs atomes qui composeront éventuellement notre corps étaient éparpillés un peu partout dans la nature, sous différentes formes. Puis, nos parents ont métamorphosé des milliards et des milliards de ces atomes pour donner l’être humain que nous sommes aujourd’hui. Il faut reconnaître que nous ne sommes qu’un assemblage biologique définit par une formule génétique bien spécifique, le génome humain, que ces combinaisons atomiques sont en transition pendant un court laps de temps, à peine une centaine d’années, et qu’elles prendront une autre forme chimique à notre mort : d’abord la décomposition, où chaque molécule se défait de ses liens atomiques pour devenir par la suite matière inerte, c.-à-d. cendre et poussière, rien de plus. Puis, éventuellement, nos atomes se recombineront à nouveau sous une autre forme chimique pour reprendre vie, peut-être sous la forme d’un simple brin d’herbe. Qui sait ! Les voix de la nature sont impénétrables…, excusez, je voulais dire imprévisibles… Il faut avoir l’humilité de reconnaître que nous ne sommes qu’un petit grain de sable dans tout l’univers et que notre destin aurait pu être bien différent, si par exemple, il y a 65 millions d’années tous les dinosaures n’étaient pas disparus. Surement que la survie de tous les mammifères auraient été bien différente, y compris nous les humains. Nous aurions pu devenir des reptiles intelligents avec de gros cerveaux suite au jeu du hasard, aux lois de l’évolution des espèces et de la sélection naturelle… Notre petitesse ne nous permet donc pas de nous sentir les rois de la création à l’égal des dieux. À ne pas oublier.

Évidemment, nous ne pouvons pas nous définir uniquement par notre côté animal. Il existe une marque qui nous différencie des animaux, à savoir la capacité phénoménale de la créativité de notre cerveau. Pendant ce court laps de temps de notre vie sur Terre, quelles sont donc les conditions gagnantes qui pourraient combler l’esprit, cet esprit composé de deux composantes très importantes : le rationnel et l’émotionnel ? Pour combler notre rationnel, nous allons parler de travail et pour combler notre émotionnel, nous allons parler d’amour et de loisirs. Nous allons réaliser que c’est à partir de cet équilibre entre le rationnel et l’émotionnel que chaque personne arrive à savourer le maximum de bonheur lors de son court passage sur cette Terre, et ce, sans l’aide, sans le support, sans l’appui d’aucune divinité.

Pour que notre démarche ait les meilleures chances de succès, nous allons supposer que l’enfant (garçon ou fille) naît de parents qui ont su lui donner chaleur, amour et nourriture dès la naissance. C’est primordial. Nous allons supposer également que l’enfant ne grandit pas dans un climat de survie, où la guerre, la pauvreté et la misère sévissent, que l’accès à l’instruction est possible, que l’enfant peut s’adonner à des loisirs sains pour le corps et l’esprit, que l’enfant ne souffre d’aucune maladie chronique, que l’enfant grandit jusqu’à l’âge adulte libre de toute éducation religieuse, et que finalement l’enfant vit et grandit, en toute liberté, dans une société démocratique. Est-ce qu’un enfant ne grandissant pas dans ces conditions n’a pas ou a peu de chance d’être heureux à l’âge adulte ? Pas nécessairement, mais ses chances sont moins bonnes.

Ayant reçu beaucoup d’amour de ses parents, ayant eu la chance de s’instruire, ayant eu la chance de découvrir tous ses talents grâce aux loisirs et les nombreuses activités auxquelles il aura participé, cet enfant devenu adulte pourra exploiter à fond son côté rationnel en apprenant et exerçant un métier ou une profession bien ciblée. Ce faisant, l’adulte devient utile à la société, ce qui procure beaucoup de satisfaction à son égo, et est capable de bien gagner sa vie tout en pratiquant un travail qu’il aime et lui procure beaucoup de satisfaction, lui permettant d’exploiter à fond son potentiel de créativité. Lors de son passage de l’enfance à l’âge adulte, cette personne aura appris de ses parents les valeurs morales de respect, de fraternité, d’égalité, de liberté, à faire la différence entre le bien et le mal, à éliminer de sa vie toute violence. C’est une personne équilibrée, bien dans sa peau, qui a su bien s’intégrer à la société, car elle a su bien découvrir et exploiter son moi intérieur. Elle est en harmonie avec elle-même, la société et son environnement.

Mais la vie ne s’arrête pas là. Tout en grandissant, l’enfant aura remarqué l’autre sexe, et un jour, à l’âge adulte, il découvrira l’amour, le véritable amour, non pas le pseudo-amour chimérique et utopique provenant d’un être imaginaire, je parle ici de Dieu évidemment, mais celui qui enrichi, celui qui donne le goût de mordre dans la vie. Puis un jour, cette personne vivra en couple, mariée ou pas, peu importe, et aura à son tour des enfants dont elle deviendra à tout jamais responsable, une des plus belles expériences de la vie. Son côté émotionnel sera ainsi pleinement satisfait. Puis en vieillissant, c’est la retraite avec plein de petits-enfants autour pour venir l’agrémenter. Finalement, un jour, viendra la mort, tout naturellement, sans aucun regret, car la vie lui aura apporté tout le bonheur possible. Le cycle de la vie est ainsi bouclé.

Conclusion

Voilà une façon de découvrir et d’exploiter son moi intérieur, en d’autres mots d’atteindre ce si indispensable équilibre entre son rationnel et son émotionnel sans l’aide d’aucune divinité fictive. Ce n’est pas la seule façon de donner un sens à sa vie, mais c’en ait une. Il y en a bien d’autres. À vous de les découvrir et de les adapter à votre personnalité. La formule proposée pour arriver au bonheur peut se résumer à quatre petits mots : aimer et être aimé. C’est peu dire, mais c’est tout dire. Si vous doutez que ce genre de personnes ayant vécu ce genre d’aventures puisse exister, venez me rencontrer. Je vais vous en présenter quelques-unes…

Certains diront que ma vision de la vie est simpliste, ne tient pas compte de toute la complexité de la vie, laquelle est sujette à de nombreux imprévus, hors de notre contrôle, pouvant tout faire basculer. Peut-être, mais ce n’est pas toujours le cas. Souvent, c’est l’humain lui-même qui réussit à se compliquer la vie avec beaucoup de talent. Dans ce cas, c’est à chacun de trouver sa voie pour qu’elle devienne plus simple. À partir de là, tout devient possible. Il s’agit simplement de le vouloir. Et c’est ça le véritable défi. Je reconnais cependant que certains n’y arriveront pas, n’ayant pas reçu dans leur prime enfance tous les outils nécessaires pour s’en sortir.

Également, certains affirmeront qu’il n’y a pas dans mon approche de démarche pour comprendre le sens de la vie, pour comprendre pourquoi je suis là, pour comprendre l’origine et le pourquoi de l’univers et ma place dans cet univers. Lorsqu’une personne vit heureuse toute sa vie, en harmonie avec elle-même, en pleine connaissance de la très petite place qu’elle occupe dans cet univers, en pleine connaissance de son moi intérieur, faisant tout le nécessaire pour bien l’exploiter, les réponses à ce genre de questions deviennent vite évidentes, entre autres que l’existence d’un Dieu infini et absolu est une hypothèse superflue…

Références

[1]Richard Rousseau, Les religions, qu’ossa donne ?, publié sur le site web de l’AHQ, à l’adresse web suivante : http://assohum.org/2013/01/les-religions-quossa-donne/

[2] Voir l’article « Théière de Russell » sur le site Wikipedia à l’adresse web suivante : http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9i%C3%A8re_de_Russell

[3] Michel Onfray, Traité d’athéologie, Grasset, 2005.

 

 

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