Michel Virard

Michel Virard

Président de l'AHQ

Michel Virard est un des fondateurs de l’AHQ en 2005 avec Bernard Cloutier et Normand Baillargeon. Ingénieur et entrepreneur, il a également été administrateur des Sceptiques du Québec. il est depuis les tout débuts l’une des âmes dirigeantes de l’AHQ. 

Commencer à réfléchir sur votre propre façon de raisonner

Le raisonnement est un processus par lequel vous tirez des conclusions basées sur des considérations. En apparence, le raisonnement peut sembler simple, tout comme s’il n’avait pas d’éléments de structure. Toutefois, en observant de plus près, le raisonnement implique l’habileté à vous engager dans un ensemble de processus intellectuels interreliés.

Il est utile de vous entraîner à rendre consciente la pensée de votre inconscient. Vous pouvez ainsi mieux comprendre ce qui se passe sous la surface de vos pensées.

Les éléments de la pensée : un premier aperçu

Il est possible de reprendre chacun des éléments de la pensée dans une seule et même phrase complexe.

Chaque fois que vous raisonnez, vous le faites pour une raison, des questions sont soulevées sur la matière en discussion, des informations sont recherchées (données, faits, observations, expériences), des interprétations et inférences sont faites pour identifier des solutions et tirer des conclusions qui sont basées sur une série de concepts (théories, définitions, postulats, principes, modèles), à partir desquels des hypothèses sont formulées et des implications et conséquences sont considérées, et ce, en vue d’énoncer votre point de vue.

raisonnement, nous nous attendons à ce que vous donniez un sens à quelque chose en le rattachant à une signification représentative dans votre esprit. En pratique, toutes formes de pensée exigent que nous donnions un sens à toutes les activités de pensée que nous entreprenons. Lorsque nous entendons un coup de griffes à la porte, nous nous disons « C’est le chien ». Lorsque nous apercevons des nuages gris dans le ciel, nous pensons « Il va pleuvoir ». Certaines de ces activités se produisent au niveau de notre inconscient. Par exemple, toutes les images et tous les sons que j’ai de moi-même ont une signification explicite pour moi sans que j’aie à les considérer plus en profondeur. Presque tout notre raisonnement s’accomplit simplement. Cependant, notre raisonnement devient plus explicite lorsque nous sommes mis au défi de le défendre (« Pourquoi dis-tu que Jacques est déplaisant? Je le trouvais plutôt amusant »?) Tout au cours de notre vie, nous commençons avec un but ou une intention et nous cherchons des moyens pour les atteindre. Le raisonnement, à travers nos idées et nos représentations, nous permet d’arriver à prendre ces décisions

Ce raisonnement a une raison d’être, nous comprenons que lorsque nous, les humains, pensons au monde ici-bas, nous le faisons en lien avec nos buts, nos désirs, nos besoins et nos valeurs plutôt que par pur hasard. Notre pensée fait partie intégrale d’un modèle qui détermine notre façon de nous comporter sur terre et, même lors de situations peu complexes, nous agissons de manière à atteindre une finalité. Pour comprendre la pensée des autres – incluant notre propre pensée – nous devons comprendre les fonctions auxquelles elle répond, ce qu’elle représente, la direction qu’elle prend, les finalités auxquelles elle se rattache. Ce que nous recherchons le plus souvent dans notre pensée n’est pas évident pour nous. Amener à la conscience les buts et désirs humains est une tâche essentielle en pensée critique.

En raisonnement pour émettre un point de vue, nous entendons que notre pensée comprend différents angles et courants. Notre pensée détermine un point de vue en évaluant différents angles. Nous pouvons changer notre point de vue ou l’angle vers lequel converge notre pensée. Nous pouvons souvent nommer l’angle à partir duquel nous pensons. Par exemple, nous pourrions évaluer une question à partir d’une perspective politique, scientifique, poétique ou philosophique. Nous pouvons observer cette même question de façon libérale ou conservatrice, relieuse ou laïque. Nous pouvons aussi l’examiner d’une perspective culturelle ou financière ou les deux. Lorsque nous comprenons comment les gens abordent une question ou un sujet (la compréhension qu’ils ont selon les divers angles), nous sommes davantage en mesure de comprendre l’ensemble de leur pensée.En utilisant les concepts dans le raisonnement, nous pensons aux catégories générales aux idées dans lesquelles s’insèrent notre interprétation, notre classification ou notre regroupement d’information utilisés pour former notre pensée. Par exemple, dans ce cours, les concepts « pensée critique » et « pensée non critique » sont importants. Tout ce qui est écrit sur le sujet peut être classé dans un effort pour expliquer l’un ou l’autre de ces deux idées importantes. Chacune de ces idées est expliquée en recourant à d’autres idées. Alors, le concept de la « pensée critique » est expliqué par l’intermédiaire d’un autre concept comme celui des « normes intellectuelles de la pensée ». Tous les sujets que nous retrouvons dans les diverses disciplines (chimie, géologie, littérature, mathématiques) développent leur propre ensemble de concepts ou vocabulaire technique pour faciliter la pensée. Tous les sports exigent un vocabulaire de concepts qui donne un sens à tous ceux qui veulent comprendre ou de maîtriser le jeu. Essayez d’expliquer comment jouer au baseball à quelqu’un en évitant d’utiliser cette terminologie : retrait, coup sûr, balle, frappeur, coup de circuit, batte, marbre, gant, lanceur, manche, receveur, champ gauche ou droit. Pour jouer, nous devons pouvoir interpréter tout ce que nous faisons en recourant à des concepts tels que ceux-ci. Les règles du jeu n’auraient aucun sens sans ces concepts. La partie serait incompréhensible.

En raisonnant à travers une série de questions, sur des sujets ou des problèmes, nous comprenons que lorsque nous pensons au monde terrestre en lien avec nos buts, nos désirs, nos besoins et nos valeurs, nous faisons souvent face à des questions répondre, des problèmes à résoudre, des sujets à élucider. Par conséquent, lorsque nous nous retrouvons devant une difficulté, il est alors raisonnable de dire « Quelle est la question qui nécessite une réponse? » ou « Quel est le problème à résoudre? », ou « Quel est le sujet que nous devons élucider? ». Pour améliorer notre habileté à penser efficacement, il est important d’apprendre comment poser les questions, résoudre le problème ou élucider le sujet auxquels nous sommes confrontés, et ce, de façon claire et distincte. Si nous changeons la question, nous modifions le critère à appliquer pour la trancher. Si nous remplaçons le problème, nous devons modifier la façon pour le résoudre. Si nous changeons le sujet en cours, nous devrons tenir compte des nouvelles considérations pour l’élucider de façon pertinente.

En utilisant l’information dans notre raisonnement, nous entendons l’utilisation de faits, de données ou d’expérience pour appuyer nos conclusions. Chaque fois que quelqu’un effectue un raisonnement, il est raisonnable de demander « Sur quels faits ou informations bases-tu ton raisonnement? » La base factuelle pour raisonner peut être importante. Par exemple, dans une rubrique publiée dans un journal, les informations suivantes ont été utilisées pour appuyer l’argument contre la peine de mort.

  • « Puisque la peine de mort a été réintégrée par la Cour suprême des États-Unis en 1976, pour chaque sept prisonniers exécutés, un prisonnier en attente de son exécution a été acquitté après avoir été déclaré innocent; par conséquent, il a été libéré. »
  • « Au moins 381 convictions pour homicides ont été renversées depuis 1963 parce que les procureurs ont dissimulé des preuves pouvant innocenter les détenus ou encore, ils ont présenté des preuves falsifiées. »
  • « Une étude effectuée par le Bureau général de comptabilité des États-Unis (U.S. General Accounting Office) a retrouvé des préjugés raciaux dans les jugements condamnant à la peine de mort… : les meurtriers de blancs risquaient davantage la peine de mort que les meurtriers de noirs. »
  • « Depuis 1984, 34 individus souffrant de retards mentaux ont été exécutés (New York Times, 22 novembre 1999).

Vous pouvez constater à quel point des informations telles que présentées ci-dessus peuvent donner du poids au raisonnement. En contrepartie, on voudrait évidemment avancer sa propre information pour tenter de la défier ou aller à l’encontre de cette information. Vérifiez vos faits! Vérifiez vos données! Ce sont deux importants postulats de la pensée critique.

En dégageant des conclusions, nous voulons dire qu’il faut se baser sur un sujet ou une question que nous croyons bien connaître afin de l’admettre en vertu de sa liaison avec d’autres certitudes déjà admises. Agir ainsi nous permet d’effectuer des inférences. Par exemple, si vous marchez vers moi sans me saluer, je pourrais en conclure (inférer) que vous êtes fâché contre moi. Si la bouilloire sur la cuisinière commence à siffler, je conclurais (inférerais) que l’eau s’y trouvant a commencé à bouillir. Dans toutes les situations de la vie courante, nous faisons continuellement des inférences (tirons des conclusions) à propos des gens, des choses, des lieux et des événements de notre vie.

Quant au raisonnement basé sur les suppositions, nous voulons dire tout ce que nous prenons pour acquis en vue de trouver une solution à autre chose. Ainsi, si vous inférez que puisqu’un candidat est libéral, il saura soutenir un budget équilibré, vous supposez que tous les libéraux soutiennent un budget équilibré. Si vous inférez que les chefs d’état étrangers dont il est question dans l’actualité et présentés dans les médias sont soit les « alliés » soit les « ennemis » du Canada et qu’ils sont en fait « alliés » ou « ennemis », votre supposerez que les médias sont toujours exacts dans la transmission de l’information sur la renommée de ces chefs d’état internationaux. Si vous inférez que lorsque quelqu’un vous invite chez lui, en fin de soirée, après une fête, pour poursuivre la conversation en progression, mais qu’il est davantage intéressé par le romantisme ou la sexualité, vous supposez alors que son seul intérêt pour vous est l’aspect romantique ou sexuel. Tout raisonnement contient des bases de suppositions que nous faisons, mais que nous évitons d’exprimer ouvertement. En ce qui a trait aux implications du raisonnement, il s’agit de celles qui suivent notre pensée. En d’autres mots, il s’agit des implications vers lesquelles nous mène notre pensée. Si vous dites à quelqu’un que vous l’aimez, vous donnez à entendre que vous êtes concerné par son bien-être. Si vous faites une promesse, vous donnez à entendre que vous avez l’intention de tenir cette promesse. Si vous qualifiez un pays de « démocratique », vous donnez à entendre que le pouvoir politique est dans les mains du peuple en général (plutôt que dans les mains d’une minorité puissante). Si vous vous dites« féministe », vous donnez à entendre que vous êtes en faveur pour l’égalité des sexes dans les domaines politique, social et économique. Souvent, nous vérifions la crédibilité des gens en observant s’ils tiennent leur parole. « Dites ce que vous voulez dire et respectez votre parole » (say what you mean and mean what you say) est un principe solide en pensée critique (tout comme c’est un principe solide pour l’intégrité personnelle).

Exemple : Jacques et Ginette

Regardons d’abord l’exemple et ensuite analysons-le. Il s’agit d’une situation qui peut se produire entre deux amoureux qui arrivent à des conclusions différentes à propos d’une situation qu’ils ont les deux vécue. Supposons que Jacques et Ginette, qui vivent une relation intime, se rendent à une fête au cours de laquelle Jacques passe la plupart de son temps à parler à Joanne. En revenant chez eux, Jacques remarque que Ginette semble bouleversée. Il lui demande alors « Qu’est-ce qui ne va pas? »
Après un moment d’hésitation, Ginette répond « Je n’ai pas du tout apprécié que tu passes toute ta soirée à flirter avec Joanne! ».

Jacques : Flirter … flirter. Je ne flirtais pas! Ginette : Comment nommerais-tu ce comportement alors?
Jacques : J’étais amical. Je ne faisais qu’être amical.
Ginette : Quand un homme passe toute sa soirée en compagnie d’une femme, s’assoit près d’elle, la regarde de façon romantique, la touche en passant, j’appelle ça flirter.
Jacques : Et quand une femme passe toute sa soirée à regarder ce que son copain fait, qui recueille les faits comme si elle se préparait passer en cour, un copain qui lui a toujours été fidèle, elle s’engage dans ce que j’appelle paranoïaque.
Ginette : Paranoïaque? Comment oses-tu m’appeler comme ça!
Jacques : Comment veux-tu que je décrive autrement ton comportement? Tu es évidemment méfiante et peu sûre de toi. Tu m’accuses sans raison justifiée de le faire.
Ginette : N’agis pas comme si c’était la première fois que tu le faisais. J’ai entendu de tes amis que tu étais vraiment un homme à femmes avant que nous formions un couple.
Jacques : Et j’ai entendu de tes amis que tu étais possessive et jalouse. Je crois que tu dois travailler sur tes propres problèmes avant de me lancer des pierres. Tu as peut-être besoin de suivre une thérapie.
Ginette : Tu es vraiment le modèle typique des hommes! Tu crois devoir te mesurer au nombre de tes conquêtes féminines. Tu es tellement centré à compter les bons coups pour apaiser ton ego masculin que tu ne peux même plus voir ou admettre ce que tu fais. Si tu ne te crois pas capable de modifier ton comportement, je devrai interroger la raison d’être de notre couple.
Jacques : Je suis d’accord. Moi aussi je m’interroge sur notre couple, mais je le questionne sur la base de ta paranoïa. Je crois mériter des excuses.

Analyse de l’exemple – Jacques et Ginette

Analysons maintenant cet échange entre Jacques et Ginette en utilisant les éléments de la pensée.

Raison d’être de la pensée

Il est à croire que Jacques et Ginette cherchent tous deux une relation intime qui réussit. C’est leur intention ou objectif commun.

Question soulevée

Ils voient un problème qui leur fait obstacle, un problème qu’ils conceptualisent différemment. Pour Jacques, le problème se définit comme étant « Quand est-ce que Ginette fera face à sa paranoïa? » Pour Ginette, le problème se définit comme étant « Quand est-ce que Jacques prendra ses responsabilités face à son comportement de flirteur? »

Interprétations et inférences

Les inférences (conclusions) de Jacques et Ginette en ce qui a trait à la situation dérivent des mêmes comportements dans les mêmes circonstances, mais ils voient clairement les comportements différemment. Pour Jacques, son comportement doit être vu et compris comment étant simplement « amical ». Pour Ginette, le comportement de Jacques est vu et compris comme étant un « flirt »

Informations

Les faits bruts de la situation incluent tout ce que Jacques a dit et fait lors de la fête. D’autres faits pertinents incluent le comportement de Jacques face aux autres femmes dans le passé. D’autres faits supplémentaires impliquent le comportement de Ginette face à ses copains précédents et tous les autres faits qui consistent à savoir si elle agit par manque de confiance ou à cause d’une paranoïa.

Suppositions

Jacques suppose qu’il ne se fait pas d’illusion quant aux raisons qui le poussent à agir comme il le fait avec Joanne et les autres femmes. Jacques suppose aussi qu’il a la compétence pour identifier un comportement paranoïaque chez d’autres personnes. De plus, il prétend qu’une femme ne réagirait pas comme l’a fait Ginette sans être parano. Ginette suppose que le comportement de Jacques n’est pas compatible avec celui de la simple amitié. Tous deux supposent que ce qu’ils ont entendu des amis de l’autre est juste. Ils voient unilatéralement chacun leur comportement justifié dans cette situation.

Concepts

On retrouve quatre concepts clés dans ce raisonnement : le flirt, l’amitié, la paranoïa et l’ego masculin.

Implications

Jacques et Ginette croient vraiment qu’ils ont chacun raison de par leur raisonnement et que l’autre est entièrement à blâmer pour les différences qui existent entre eux quant au comportement de Jacques à la fête. Tous deux prétendent que leur couple est sans espoir.

Point de vue

Il est possible que Jacques et Ginette voient l’autre à travers son propre regard biaisé selon qu’il est un homme et qu’elle est une femme. Ils se voient tous deux comme la victime de l’autre. Ils se considèrent, chacun de leur côté, irréprochables et sans tâche. Sachant ce que l’on sait du conflit qui les concerne, il n’est pas possible d’évaluer qui a raison et qui a tort et jusque dans quelle mesure ils ont raison ou tort. Pour décider de l’interprétation de la situation qui est la plus plausible, nous aurions besoin de plus de faits. Il y aurait un certain nombre de comportements subtils, mais observables (si nous avions pu les vérifier en regardant Jacques en présence de Joanne), qui pourraient nous aider à conclure que Ginette a raison puisque le comportement de Jacques en était un de flirt. Si nous avions entendu la conversation personnellement, nous pourrions avancer que la réaction de Ginette était injustifiée.Si vous comprenez les éléments de la pensée, vous pouvez poser les questions mportantes impliquées dans chacun de ces éléments.

Les éléments de la pensée dans une relation de couple

La façon de procéder pour apprendre les éléments de la pensée est d’exprimer ces idées dans un grand nombre de contextes différents jusqu’à ce que la relation non linéaire commence à devenir intuitive pour vous. Par exemple, vous pourriez faire l’analogie de visualiser les parties qui forment les éléments de la pensée comme si elles étaient des parties essentielles du corps humain. Elles sont toutes présentes, qu’elles soient en santé ou non. Comme les parties du corps, les parties des éléments de la pensée fonctionnent de manière interdépendante. Une façon d’exprimer ces interrelations est de reconnaître que· notre raison d’être détermine la façon que l’on pose des questions; la manière dont nous posons les questions détermine l’information que nous recueillons;

  • l’information que nous recueillons détermine la façon dont nous l’interprétons;
  • notre façon d’interpréter l’information détermine notre façon de la conceptualiser;
  • notre façon de conceptualiser l’information détermine les suppositions que nous faisons;
  • les suppositions que nous faisons déterminent les implications qui découlent de notre
    raisonnement;
  • les implications qui découlent de notre raisonnement déterminent notre façon de voir les choses, notre point de vue.

Penser par vous-même

Choisissez une conclusion importante que vous avez raisonné – par exemple, votre décision à vous inscrire au Collège. Identifiez les circonstances qui vous ont amené prendre la décision et des inférences que vous avez faites qui ont contribué au processus de décision (coûts impliqués et les avantages). Énoncez les implications probables de votre décision, les conséquences qu’elles ont eu dans votre vie, l’information que vous avez prise en considération en décidant de vous inscrire au Collège, la façon dont vous avez représenté la question pour vous-même, la façon dont vous avez visualisé votre vie et votre avenir (en raisonnant pour répondre à la question). Tentez de saisir l’interrelation de chaque élément de votre pensée. Ne soyez pas surpris si vous constatez que cette tâche est difficile.

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